RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Elections en Amérique latine : droits sociaux Vs monopoles médiatiques (La Jornada)

Les scénarios électoraux se répètent et se ressemblent beaucoup dans les pays d’Amérique latine qui ont franchi l’étape postcoloniale : aux candidatures des gouvernements en place s’opposent toujours des adversaires de droite. Les premières s’appuient sur des politiques sociales redistributives et prétendent améliorer les conditions de vie des masses, les seconde s’appuient sur les monopoles médiatiques privés et tentent de manipuler ces mêmes masses.

Il n’y a pas de doute : les gouvernements vénézuélien, brésilien, argentin, uruguayen, bolivien et équatorien ont amélioré substantiellement les conditions de vie de leurs populations. La redistribution de la rente, la diminution des inégalités, l’augmentation des possibilités pour les personnes de trouver des moyens dignes de subvenir à leurs besoins : même l’opposition ne pas plus nier ces avancées.

Mais personne ne peut non plus nier le rôle des médias de communication privés, qui sont devenus, depuis longtemps, un parti politique de droite. Ainsi, les campagnes électorales mesurent souvent à la fois les résultats des politiques sociales et la résistance de la population aux discours des médias.

L’efficacité des politiques sociales crée un consensus mais directement au cœur des milieux populaires, qui ont pour habitude de voter massivement pour les candidats des partis au pouvoir en qui ils voient les responsables de ces politiques et sont la cible et la possibilité de les perpétuer. Les classes moyennes des grandes villes sont la cible privilégiée des campagnes médiatiques menées par les médias privés ; ceux-ci se bornent à diffuser l’idée selon laquelle ces pays vont mal et à signaler que les gouvernements font fausse route, que les Etats lèvent trop d’impôts, qu’ils sont corrompus, qu’ils devraient restreindre leur champ d’action en fonction du secteur privé, qu’ils ne respectent pas la liberté d’expression, etc.

S’il est vrai que les politiques sociales des gouvernements néolibéraux se ressemblent toutes, il en va de même pour ces campagnes médiatiques qui s’en prennent aux gouvernements progressistes et donnent l’impression d’être toutes générées par une même firme de relations publique.

Les seules alternatives à ces gouvernements se situent à droite de l’échiquier politique ; les candidats de l’opposition –que ce soit en Equateur, au Venezuela, en Bolivie, au Brésil, en Argentine ou en Uruguay– sont les mêmes que d’habitude ou leurs descendants. La seule différence c’est qu’aujourd’hui ils promettent de maintenir les politiques [sociales] des gouvernements actuels lorsqu’ils se rendent compte que les électeurs pourraient accepter des adaptations, mais dans le cadre d’une continuité des politiques [sociales] actuelles. Ils promettent de maintenir les acquis sociaux, mais au moment de dévoiler leur politique économique et/ou les noms de leurs futurs ministres d’Economie en cas de victoire, il est clair que les politiques sociales actuelles seraient complètement incompatibles avec leurs discours.

Le pouvoir des médias privés donne à la droite un pouvoir de déstabilisation non négligeable : campagnes de terrorisme économique et dénonciations de supposés scandales contre le gouvernement sont des exemples d’attaques qui usent les gouvernements et son pouvoir d’action. Mais cette même droite est incapable de générer des candidats ou des plateformes politiques capables de remporter une élection. Elle doit donc recourir à des stratagèmes putschiste afin de tenter de briser les mandats en cour des gouvernements progressistes. Le même schéma est mis en place dans différents pays comme le Venezuela, l’Equateur, le Brésil, la Bolivie ou l’Argentine.

Il est donc très important de démolir le monopole privé des médias, qui parviennent à maintenir une capacité d’influence même dans les pays où des lois de régulation médiatique sont déjà en place. Mais l’objectif principal, avec ou sans cette régulation, reste que les populations qui bénéficient des politiques sociales qui caractérisent ces gouvernements aient une conscience sociale de leurs droits et ne se laissent pas tromper : si certaines forces politiques représentent effectivement la continuité de ces droits, d’autres plateformes sont synonymes de coup de grâce.

Au final, il est nécessaire de construire dans l’ensemble de la société l’hégémonie des politiques post-néolibérales en priorisant les politiques sociales redistributives, ce qui représenterait une barrière de protection contre le retour de ces gouvernements.

Emir Sader

La Jornada (Mexique) - 07/08/2015

Traduction : Luis Alberto Reygada pour Le Grand Soir

»» http://www.jornada.unam.mx/2015/08/07/opinion/020a1pol
URL de cet article 29197
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Les enfants cachés du général Pinochet - Précis de coups d’Etat modernes et autres tentatives de déstabilisation
Maurice LEMOINE
Le 15 septembre 1970, onze jours après l’élection de Salvador Allende, le président Richard Nixon, en 15 minutes lors d’une réunion avec Henry Kissinger, ordonne à la CIA de « faire crier » l’économie chilienne. Le 11 septembre 1973, Allende est renversé… En 1985, Ronald Reagan déclare que le Nicaragua sandiniste « est une menace pour les Etats-Unis » et, le 1er mai, annonce un embargo total, similaire à celui imposé à Cuba. Depuis le Honduras et le Costa Rica, la « contra », organisée et financée par la (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières sur le pied de guerre. Si le peuple américain permet un jour aux banques privées de contrôler le devenir de leur monnaie, d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, les banques et les compagnies qui fleuriront autour des banques priveront le peuple de tous ses biens jusqu’au jour où ses enfants se retrouveront sans toit sur la terre que leurs parents ont conquise.

Thomas Jefferson 1802

La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.