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Utilisons les paroles réactionnaires pour libérer les consciences du carcan et des mensonges.

Pour masquer les effets de la réforme annoncée du Code du Travail, le journal gratuit 20 Minutes fait sa une du 04 septembre 2015 avec un titre dévastateur : « Temps de travail : 71% des Français prêts à laisser tomber les 35h » Puis ils ajoutent « Les Français sont donc prêts à abandonner l’idée de partir en week-end dès le vendredi midi. C’est en tout cas ce qui ressort d’un sondage réalisé par l’institut CSA pour Les Echos, Radio Classique et l’institut Montaigne. D’après l’enquête, 71 % des Français se disent favorables à l’idée de laisser les entreprises « fixer librement le temps de travail par accord avec leurs salariés ».

Deux jours plus tôt, le 1er septembre, Laurent Berger le patron de la CFDT déclare dans Le Monde : « Ma vision m’amène à dire clairement non au statu quo car le Code du travail est illisible pour les salariés et, du coup, il n’est plus respecté. La voie de passage est de voir comment on articule les différents niveaux de régulation. Il n’est pas interdit de dire que l’entreprise est un de ces niveaux, à condition qu’on préserve une norme sociale minimale si l’entreprise ne joue pas le jeu de la négociation ».

Hier, 3 septembre, Philippe Martinez, devenu patron de la CGT déclare dans le journal Sud-Ouest : « c’est possible d’alléger le code du travail, mais sans supprimer de droits »

Quant à Jean-Claude Mailly, le patron de FO, il avoue dans une interview à Europe1 le 28 août que la Loi Aubry n’a jamais été une Loi progressiste mais une Loi au service du capital quand il dit : « les 35 heures, c’est quoi ? C’est une durée légale. Il faut savoir que la durée effective du travail en France, elle est autour de 39 heures aujourd’hui. Ça sert à quoi une durée légale ? Ça sert à calculer le taux de rémunération des heures supplémentaires. La flexibilité dans la durée du travail, elle existe dans notre pays : il y a la modulation, l’annualisation, il y a des semaines qui peuvent être à 42 heures en fonction de l’activité. Tout cela existe, je ne vois pas l’intérêt de relancer ce type de débat aujourd’hui ».

Réforme du Code du Travail, remise en cause des 35 heures, réforme des conseils des prud’hommes, réformes des Inspections du travail et de la Médecine du travail, aggravation de la détérioration des conditions de travail par la flexisécurité, remise en cause des congés payés, allongement des cotisations retraites, privatisations, externalisations... quand les patrons du CAC 40 annoncent « 40 Milliards de profits pour le premier semestre 2015 »

Rappelons-nous le 18 septembre 2014, quand François Bayrou agitait le Code du Travail suisse qui comporte 40 pages...

Souvenons-nous des propos d’Alain Juppé en octobre 2014 : « je suis pour la liberté contractuelle de négocier le temps de travail pour en finir avec le carcan des 35 heures ».

Celui à la même date de François Fillon « Il faut supprimer les 35 heures ».

Le propos de Nicolas Sarkozy sur le statut des fonctionnaires : « je suis pour la création d’un CDD de cinq ans dans la fonction publique pour éviter les recrutements systématiques sous statut »...

Et enfin le fond de l’assureur Xavier Bertrand, tête de liste LR de la nouvelle région nord : « Je propose que pour tous les nouveaux entrants, le statut de fonctionnaire ne soit conservé que pour les fonctions régaliennes. Pour les autres, je propose un contrat de droit privé, et non un contrat de cinq ans »

Rappelons aussi la nature réactionnaire du rapport De Virville de 2004 « pour alléger le Code du Travail » : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/044000015.pdf.

Relisons les écrits du sémillant troublion Gérard Filoche (opposant interne dans le PS) : http://www.filoche.net/2015/08/16/en-avant-vers-lindividualisation-du-contrat-de-travail-et-le-livret-ouvrier/

Quant à Jacques Attali, le pseudo économiste qui murmure depuis 40 ans à l’oreille des puissants, de gauche, du centre et de droite, il a dit dans le journal Les Echos : « Le Code du travail pense principalement le travail en termes de comptage des heures, des congés... et de lutte sociale ou de rapports de forces. Ce code ignore l’implication et l’engagement intellectuel des salariés, seuls les cadres sont censés être libres de leur organisation... ».

Rappelons aussi ce que l’ancienne présidente du Médef, Laurence Parisot, déclarait en 2011 : « La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? »

Quant au FN, il déclarait en octobre 2010 : « la liberté d’opinion est bafouée, il faut déverrouiller l’étau syndical et cela s’inscrit dans la stratégie de Marine Le Pen et du Front National pour reconquérir le champ social et le monde du travail » : « Ensemble, gouvernement et syndicats jettent la France dans le chaos. Voilà deux semaines que la France s’installe dans le chaos, entre grèves, manifestations et blocus. La tolérance zéro doit s’appliquer à tous les émeutiers » : « Le sabotage de l’économie française caractérise l’action des dirigeants de la CGT. Ces blocages frappent avant tout les salariés qui se rendent à leur travail, les entreprises, et menacent l’emploi. La CGT doit être rendue pénalement responsable, ses dirigeants doivent en répondre »

L’adage dit « les écrits restent et les paroles s’envolent » mais rien ne s’est envolé. Force est de constater que les ultralibéraux se sentent pousser des ailes grâce à la perte de souveraineté de la France engluée dans le bourbier européen.

La lutte des classes est aujourd’hui empêtrée dans le réformisme, le corporatisme et l’individualisme, des maux de notre société de consommation et de concurrence qui créent un profond sentiment d’impuissance et amènent à une forme de résignation, soit-elle passagère.

Outre la guerre économique entre impérialistes, le capital est bien aussi dans une guerre idéologique, nous n’allons pas répéter une énième fois les propos du rapport JP Morgan. Il la mène grâce à la corruption des élites pseudos intellectuels et des politiciens corrompus à sa cause.

Mais il y a une carence idéologique de ceux qui, médiatiquement s’expriment au nom de la « vraie gauche », aussi ce que nous avions appelé « coup d’épée dans l’eau » à propos du référendum grec, s’est bien transformé en « coup de couteau dans le dos ».

En effet, aujourd’hui la forfaiture d’Alexis Tsipras, expliquée en amont par les communistes du KKE et par le PAME, est devenue une épine qui fait très mal à la gauche, car l’espoir s’est transformé en cauchemar, et le retour de la droite est aujourd’hui annoncé en Grèce, malgré les conséquences pour les masses laborieuses de ce pays livré aux requins et mafias.

La seule solution est révolutionnaire, mais il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton ou d’écrire au travers d’un clavier pour la déclencher. Car comme disait Lénine : « Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire » qui disait aussi : « On dit souvent : la classe ouvrière va spontanément au socialisme ; cela est parfaitement juste en ce sens que, plus profondément et plus exactement que toutes les autres, la théorie socialiste détermine les causes des maux de la classe ouvrière ; c’est pourquoi les ouvriers se l’assimilent si aisément, si toutefois cette théorie ne capitule pas elle-même devant la spontanéité, si toutefois elle se soumet cette spontanéité. Cela est généralement sous-entendu, mais le Rabotchéïé Diélo (organe de presse organe de l’« Union des sociale-démocrates russes à l’étranger avant la révolution de 17) oublie justement ou dénature ce sous-entendu. La classe ouvrière va spontanément au socialisme mais l’idéologie bourgeoise la plus répandue (et constamment ressuscitée sous les formes les plus variées) n’en est pas moins celle qui, spontanément, s’impose surtout à l’ouvrier. »

Ainsi le sondage, soit-il dirigé, mis en avant par 20 mn, mais aussi tous les propos inscrits en amont, démontrent ce qu’affirmaient les marxistes-léninistes sous la plume du grand Lénine.

Nous qui sommes communistes, nous ne pouvons être comme des alchimistes qui transforment le plomb en or en mélangeant l’eau et le feu. Pourtant beaucoup trop montent des barricades idéologiques, alors qu’une barricade n’a toujours que deux côtés, c’est la lutte des classes et l’antagonisme entre capital et travail qui définissent les camps qui s’affrontent.

Rappelons Gramsci : « La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne, on observe les phénomènes morbides les plus variés », c’est exactement ce que nous vivons avec l’épée de Damoclès brandit par l’extrême-droite, arme ultime du capital.

Aussi nous devons mener la bataille idéologique par l’évaluation pratique des théories afin de soustraire les masses laborieuses à l’idéologie dominante qui les contraint à penser contre elles-mêmes et contre leurs intérêts.

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Nicolás Gómez Dávila
philosophe colombien

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