Le rapport définit les armes explosives comme les « munitions telles que les bombes larguées depuis les airs, les obus de mortiers, les dispositifs explosifs improvisés (IED) et les projectiles d’artillerie » qui entraînent des « décès, blessures et dommages en projetant un souffle, de la chaleur et souvent des fragments d’explosifs autour d’un point de détonation. »
Tandis que les groupes étatiques et non-étatiques contribuaient aux souffrances des civils en 2014, les Etats eux-mêmes étaient responsables de 28% des blessures et des décès de civils, un hausse de 17% par rapport à l’année précédente. Ces derniers chiffres sont essentiellement dus à l’assaut militaire israélien sur Gaza, qui a représenté 44% de toute cette violence explosive en 2014.
Reprenant les évaluations précédentes des organisations de défense des droits de l’homme, qui ont accusé Israël de crimes de guerre, le rapport d’AOAV jette davantage de lumière sur la puissance de feu à laquelle les habitants de Gaza ont été soumis l’été dernier.
La campagne israélienne de bombardement de 51 jours a tué 2251 Palestiniens et en a blessé près de 11 000, selon les données publiées par les Nations Unies. La grande majorité des tués (1462) étaient des civils, dont 551 enfants, faisant de Gaza en 2014 le troisième lieu le plus dangereux dans le monde pour un civil, selon AOAV.
En conséquence, les Palestiniens à Gaza ont représenté au niveau mondial 43% des civils blessés à cause des tirs d’artillerie, 35 % des civils blessés par des bombardements aériens et 40% des enfants blessés par cette violence explosive en 2014.
Après que la poussière soit retombée, les experts en matière de déminage ont estimé qu’Israël a déversé l’équivalent de six bombes atomiques sur Gaza.
En 2014, Gaza a représenté le troisième chiffre le plus élevé de civils blessés par la violence explosive au niveau mondial, dépassant le nombre de morts et de blessés civils au Nigéria, au Pakistan, en Afghanistan et en Ukraine.
Sur les 4022 blessés et tués par la violence explosive enregistrés par AOAV à Gaza, 3813 étaient des civils.
Ceci signifie que les civils ont représenté le chiffre effrayant de 95% des tués ou mutilés par des explosifs à Gaza, plaçant Israël sur la même ligue que le groupe armé Boko Haram, dont les attaques-suicides et les attaques par ’IED (dispositif explosif improvisé) ont eu comme conséquence un taux de civils blessés de 97% au Nigéria.
Par comparaison, le taux de civils blessés en Syrie - pays auquel Israël se rapporte souvent pour tenter de faire relativiser ses propres atrocités - était de 81%.
De tels résultats contredisent les prétentions d’Israël que son armée fait plus que n’importe quelle autre force dans le monde pour éviter de tuer ou blesser des civils.
Israël était responsable de plus du tiers, ou 35%, des civils frappés par les explosifs lancés depuis les airs, la Syrie pour 43% et l’Irak pour 8%, le tout conduisant à une hausse globale, presque du triple, des civils blessés à partir des explosifs aériens en 2014.
Israël a lancé plus de 6000 raids aériens aériens sur Gaza, lesquels sont responsables de 53% des civils blessés de Gaza, selon AOAV. Les 47 autres % ont été tués ou blessés par les tirs d’artillerie, depuis la terre ou la mer.
De plus, le rapport a constaté que 43% des attaques aériennes israéliennes ont été lancées par des drones, responsables de 29% des civils blessés dans Gaza.
Une enquête par l’Associated Press a produit des résultats similaires, constatant que plus de la moitié des civils tués à Gaza sont morts dans des raids aériens israéliens sur leurs maisons, « avec parmi eux 19 bébés et 108 élèves d’âge pré-scolaire d’entre un et cinq ans. »
Tout autour du monde, ce sont particulièrement les explosifs aériens qui portent préjudice aux enfants, « 44% de l’ensemble des décès et blessures étant provoquées par les armes explosives tirées depuis les airs, » selon le rapport d’AOAV, citant comme exemple l’attaque aérienne du 29 juillet sur un immeuble dans Khan Younis qui a tué 18 enfants et en a blessé de façon critique encore quatre autres, alors qu’ils étaient avec leurs familles.
Une étude de Defense for Children International-Palestine a constaté que 225 enfants palestiniens ont été tués dans des raids aériens israéliens « tandis qu’ils étaient dans leurs propres maisons ou à la recherche d’un abri, souvent assis en train de manger avec leurs familles, ou en train de jouer ou dormir. » Encore 164 enfants « ont été directement visés et tués » par des frappes de drones israéliens sur leurs maisons et dans la rue pendant qu’ils essayaient de se sauver et de se mettre à l’abri.
En effet, l’Israël s’est avéré être un leader mondial pour tuer ou mutiler les enfants, avec des explosifs. De tous les enfants victimes de violence explosive en 2014, 40% étaient dans Gaza et 25% étaient en Syrie, a indiqué AOAV.
Tirs d’artillerie
Bien qu’Israël possède un arsenal de pointe d’armes à guidage de précision, il a bombardé la Bande de Gaza si densément peuplée avec 34 000 obus non-guidés, dont 19 000 projectiles d’artillerie puissamment explosifs. En conséquence, les Palestiniens à Gaza ont représenté 43% des civils blessés par des tirs d’artillerie.
Israël a procédé à ces tirs de façon tout à fait aléatoire sur des quartiers très peuplés dans Gaza.
Les 19 et 20 juillet, Israël a martelé le quartier de Shujaiya avec 7000 obus puissamment explosifs, tirant jusqu’à 4800 obus en l’espace de sept heures. L’ampleur de ce bombardement aveugle - qui a tué au moins 55 personnes, dont 19 enfants et 14 femmes - a laissé semble-t-il « abasourdis » des officiers militaires qui avaient participé à la destruction de l’Irak par les Etats-Unis.
Tandis que le rapport d’AOAV attribue la cause des blessures infligées à des civils par des Etats, à la volonté d’atteindre des groupes et des personnes dans des secteurs très peuplés, il convient de noter que les déclarations des responsables militaires israéliens démontrent une stratégie militaire calculée visant délibérément et systématiquement les civils et les infrastructures civiles.
Comme une enquête récente du Conseil des Droits de L’homme des Nations Unies l’a observé, les innombrables attaques israéliennes sur des civils à Gaza « ont pu représenter une tactique militaire délibérée dans le cadre d’une politique plus large, approuvée au moins tacitement par les responsables aux niveaux les plus élevés du gouvernement d’Israël. »
Comme toujours, les officiels israéliens et leurs bienfaiteurs américains sont résolus a présenter Israël comme une démocratie éclairée entourée par une mer hostile d’impitoyables dictateurs arabes et de groupes de terroristes en maraude. Cependant, la réalité à Gaza laisse voir que les dirigeants israéliens ont bien plus en commun avec ces personnages qu’ils disent détester qu’ils ne sont près à l’admettre.
En attendant, l’administration d’Obama a approuvé une livraison d’armes pour une valeur de 1,9 milliards de dollars au profit du gouvernement de Benjamin Netanyahou, garantissant avant tout la capacité d’Israël de renouveler son attaque de 2014 contre les habitants de Gaza.
Aujourd’hui, la seule question qui subsiste est simplement de savoir quand cela aura lieu...
Rania Khalek
journaliste indépendante et reporter.
VO https://electronicintifada.net/blogs/rania-khalek/israel-tops-explosive-killers-list
Traduction : Info-palestine.eu
4 juillet 2015