L’Europe craint, sans doute à juste titre, l’extension de la grippe aviaire et la France, en particulier, l’extension de la fracture sociale. Sans être insensible, ni à l’une ni et à l’autre, mais en bon Franco-chilien, je crains que le Chili ne souffre prochainement de la « maladie hollandaise ».
Cette appellation est née dans les années 60 quand fûrent découvert aux Pays-Bas d’importants gisements de gaz, ce qui a fait croître du même coup les exportations et a eu pour conséquence de renchérir la monnaie, alors le florin, face au dollar. Il s’en est suivi une baisse de la rentabilité des autres exportations, notamment celle des produits manufacturés.
Au Chili, l’exportation du cuivre est la principale richesse nationale et représente plus de la moitié du Produit Intérieur Brut. En un an, le prix du cuivre a presque doublé et atteint aujourd’hui quasiment 2 dollars la livre. Il s’ensuit pour le pays un revenu annuel supérieur de 4 milliards de dollars à ce qui était prévu dans le budget 2005. Les principaux facteurs de cette hausse sont la forte demande chinoise, la reconstruction aux États-Unis après les ouragans, mais aussi la spéculation puisque Cochilco, l’entreprise d’État, a annoncé une baisse de la production en 2006. Dans le même temps, le peso s’est renchéri et se trouve aujourd’hui aux alentours de 530 pesos pour un dollar alors qu’il était d’environ 600 il y a 6 mois. Les autres exportations, essentiellement agricoles, notamment fruits, légumes et vins, s’en trouvent moins compétitives sur le marché extérieur. Ce n’est pas la seule menace puisque l’aluminium est considéré de plus en plus comme un substitut au cuivre dans l’industrie électrique, avec un prix de marché stable depuis 3 ans.
Le problème est donc préoccupant puisque si des pans entiers de l’économie nationale étaient ravagés, à terme, par la hausse de la monnaie, et qu’ensuite, les exportations de cuivre ne suivaient pas, le pays entrerait dans une récession sans précédent.
Les cas de « maladie hollandaise » les plus connus sont ceux des pays exportateurs de pétrole en 1973, lors du premier choc pétrolier, ce qui a détruit le reste de l’industrie d’exportation. Un autre cas est la Colombie à la fin des années 70, quand le prix du café, qui représentait 50% des exportations, a quintuplé, ce qui a provoqué une augmentation de 300% de ses exportations, une baisse du dollar et donc mis à mal la compétitivité des autres secteurs.
Le Chili est signataire d’un Traité de Libre échange (TLC) avec les États-Unis dans le cadre de l’ALCA, Area de Libre Comercio de las Américas (ou ZLEA : Zone de Libre-Échange des Amériques).
Il ne s’agit que d’une projection dans la plus pure tradition libérale mais n’est-ce pas notre monde ?
