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Le pape François et le collectivisme

La Praxis marxiste, la solidarité catholique et la dignité humaine. (Counterpunch)

Le pape François Ier a démenti être communiste, affirmant qu’il ne faisait qu’exhorter à agir contre ’’les causes structurelles’’ de la pauvreté. Cet appel à l’activisme est fidèle à la doctrine chrétienne. La pape François a d’ailleurs dit que toute déclaration ayant trait à la politique économique et à l’aide sociale venait de la doctrine de l’Église et non de quelque ’’idéologie gauchiste’’. Il apparaît toutefois que des principes marxistes sont apparus dans l’enseignement social catholique, et plus spécifiquement en ce qui concerne les notions de praxis (qui est endogène à la fois à la pensée marxiste et catholique) et d’analyses sociales. Il n’est pas surprenant, qu’un philosophe comme Peter Singer fasse remarquer que ’’l’impact de Marx ne peut être comparé qu’aux figures religieuses que sont Jésus et Mahomet’’. La praxis marxiste et la justice sociale catholique présentent toutes deux un front uni dans leur défense des droits humains en combattant la pauvreté, aussi bien que d’autres fléaux sociaux. Là où la praxis marxiste et l’enseignement social catholique se rejoignent, il existe une belle opportunité de faire naître et d’explorer des idées nouvelles pour aborder les maux économiques et sociaux qui frappent l’humanité du XXIème siècle. Car en définitive, un dénominateur commun tout à fait fondamental se trouve au cœur de ce syncrétisme particulier : la dignité humaine.

Fut un temps où l’enseignement social catholique rejetait catégoriquement les idées marxistes. Dans l’encyclique rerum novarum (1891), Léon XIII dénonce le socialisme, arguant que ’’le socialisme ferait de toutes les possessions une propriété publique’’, et que ce faisant, il nuirait ’’à ceux qu’il cherche à aider, contreviendrait aux droits individuels et plongerait les fonctions de l’État et la paix publique dans le désordre.’’ Léon blâme toute attaque contre la propriété privée : ’’qu’il soit donc considéré comme établi, que dans la volonté d’assistance des masses, un principe, avant tout autre, doit être vu comme élémentaire, à savoir que la propriété privée doit être préservée inviolée.’’

Toutefois, cette notion de propriété privée ne peut être assimilée dans la pensée sociale catholique avec le capitalisme international et la mondialisation financière. Et, dans l’encyclique Mater et Magistra (1961), le pape Jean XXIII rappelle au monde que ’’le souverain pontif (Léon XIII) a souligné que les vues des communistes, c’est ainsi qu’ils se font appeler, et les vues des catholiques sont radicalement opposées.’’ De plus, Jean XXIII interdit aux catholiques de ’’donner leur approbation aux leçons des socialistes qui professent apparemment des avis plus modérés.’’ Néanmoins, au sein de l’enseignement social catholique, ceci n’élimine ni empêche la notion d’hypothèque sociale sur les ressource de la terre, ni une distribution équitable des richesses, sujets sur lesquels à la fois la pensée sociale catholique et la praxis marxiste ont une tradition radicale commune.

Avec les papes Paul VI et Jean-Paul II, la pensée catholique sociale est contrainte, plus que jamais, d’aborder l’analyse marxiste.

Avec l’encyclique de Paul VI Octogesima Adveniens (1971), le rejet passé de la tradition marxiste s’ adoucit. N’étant plus envisagée comme un large système métaphysique, son application à des fins d’analyse sociale, fut prudemment acceptée dans l’enseignement social catholique. Paul VI fit bon accueil à une utilisation sélective de cette analyse sociale séculière comprenant une théorie radicale. Il déclare : ’’alors même que ce type d’analyse donne une part privilégiée à certains aspects de la réalité, au détriment du reste, et les interprète à la lumière de sa propre idéologie, cette analyse radicale fournit tout de même à certaines personnes non seulement un outil pratique, mais aussi une certitude préliminaire à l’action.’’ Puis, en novembre 1980, les évêques catholiques Américains firent écho à l’interprétation du marxisme de Paul VI dans leur lettre pastorale sur le communisme et le marxiste. Les évêques soutinrent l’avis que le marxisme ne devait pas être interprété comme une philosophie intégrale dans laquelle une erreur ou un élément manquant invaliderait nécessairement l’intégralité du système. Ainsi, selon les évêques Américains, le marxisme, en tant qu’analyse sociale, peut être utilisé, de manière sélective et raisonnable pour la promotion de la justice.

Dans l’encyclique Sollicitudo Rei Socialis (1987), Jean-Paul II fait la même observation mais dans des termes moins spécifiques. Il écrit : ’’l’Église cherche à pousser les hommes à répondre, avec l’aide de la réflexion rationnelle et des sciences, à leur vocation d’édificateurs responsables d’une société terrestre.’’ Il appela plus tard à ’’une analyse objective de la réalité’’ nécessaire, afin de rectifier le ’’sérieux problème de l’inégale répartition des moyens de subsistance, originellement offerts à tous, et ainsi, à imaginer une égale distribution des bénéfices en découlant. [...] Ce qui se traduit succinctement dans une obligation morale, comme le devoir de solidarité’’ et par une analyse qui mettrait invariablement en avant ’’la considération due aux dimensions sociales, culturelles et spirituelles de l’être humain ’’. Ainsi Jean-Paul II aborde les problèmes du capitalisme occidental et déclare ’’dans le combat contre un tel système, ce qui est proposé comme un système alternatif n’est pas le système socialiste, mais plutôt une société de libre travail, d’entreprise et de participation.’’ D’après Jean-Paul II, cela demande une responsabilité collective afin que ’’le marché soit contrôlé de manière appropriée par les forces de la société et l’État, de manière à garantir que les besoins de la société dans son ensemble soient satisfaits.’’

Jean-Paul II parle aussi des problèmes du capitalisme international dans l’encyclique Centesiums Annus (1991). Il réaffirme la responsabilité collective de promouvoir le développement, ’’de la même manière que, dans un société donnée, il est possible et juste d’organiser une économie solide qui dirigera le marché vers le bien commun, il faut, de la même manière, une intervention adéquate au niveau international.’’ Bien que Jean-Paul II ne prêche pas un remède socialiste, c’est à dire un remède qui contrôlerait les économies, il présente toutefois un modèle collectiviste similaire aux thèmes de solidarité démocratique de la pensée marxiste. Cette nouvelle orientation socio-économique, promue par le pape, dépend d’une restructuration systémique de la richesse vers ceux qui en ont le plus besoin. Ceci est important, car l’enseignement social catholique et l’analyse marxiste avancent tous deux que les travailleurs exploités ont un droit sur la valeur ajoutée qu’il créent. En outre, dans l’encyclique Sollicitudo Rei Socialis, Jean-Paul II élabore le percutant ’’choix ou amour de la préférence pour les pauvres.’’ Ce choix préférentiel pour les pauvres est ’’une forme spéciale de primauté dans l’exercice de la charité chrétienne, dont toute la tradition de l’Église apporte le témoignage’’. Jean-Paul II approfondit la connexion entre la doctrine sociale catholique et l’analyse marxiste, en enseignant que cet amour de la préférence pour le pauvre ’’ affecte la vie de tout chrétien, si, il ou elle, cherche à imiter la vie du Christ.’’ Quelle que soit la préoccupation de l’individu quant à cette solidarité avec le pauvre, elle ’’ s’applique également à nos responsabilités sociales et, de là, à notre mode de vie, et aux décisions logiques qui doivent être prises concernant la propriété et l’utilisation des biens.’’

Un autre thème que Jean-Paul II souligne dans l’encyclique Sollicitudo Rei Socialis, est la caractéristique principale de la doctrine sociale chrétienne, dans laquelle ’’les biens de ce monde sont originellement conçus pour tous.’’ Même si ’’le droit à la propriété privée est en effet raisonnable et nécessaire’’, Jean-Paul II classe toutefois la propriété privée ’’dans la catégorie des hypothèques sociales, ce qui signifie qu’elle a intrinsèquement une fonction sociale basée et justifiée précisément par le principe du partage universel des biens.’’ La pensée sociale catholique soutient que le capital (propriétés, ressources, matières premières, etc.) a intrinsèquement une fonction sociale, laissant peu de place pour douter que la tradition et la solidarité chrétienne partagent avec le marxisme une commune mission de faire respecter une justice économique, et que tous deux se soucient ’’du plus pauvre des pauvres’’. Et, dans leur lettre pastorale, justice économique pour tous, les évêques catholiques Américains affirment ’’ le principe de solidarité sociale suggère qu’atténuer la pauvreté nécessitera des changements fondamentaux dans les structures sociales et économiques qui font se perpétuer des inégalités flagrantes et soustraient des millions de citoyens de la participation pleine et entière à la vie économique et sociale de la nation.’’ Ils pensent que ce processus de changement ’’devrait être un processus qui rassemble tous les citoyens en une seule communauté, quel que soit leur statut économique.’’ Les évêques poursuivent en disant que ’’l’enseignement de l’Église s’oppose au collectivisme et à une économie étatisée’’, mais qu’il rejette tout autant l’idée ’’qu’un marché libre produise automatiquement la justice’’. Et, d’après le discours d’ouverture de Jean-Paul II à la conférence de Puebla en 1979, ’’personne ne peut exclure la socialisation, dans des conditions raisonnables, de certains moyens de production’’. De plus, comme John Coleman l’écrit dans Cent ans de pensée sociale catholique, l’originalité de l’enseignement social catholique, les évêques Américains se limitent à un rôle de critique sociale, et, ce faisant, ils envoient un message qui pourrait être interprété comme contradictoire. Et précisément parce qu’ils se refusent à tout programme ou à toute stratégie idéologique. Le principe de solidarité dans la pensée sociale catholique semble prévaloir, et quels que soient les efforts des évêques pour éviter de prendre des positions socio-économiques, et ainsi définir précisément un programme politique, parce qu’il appelle à la socialisation ’’des moyens de production.’’

Dans l’encyclique Laborem Exercens, Jean-Paul II attire l’attention sur des idées semblables concernant la solidarité, qui à ses yeux et après Vatican II, a pour objectif clair de restaurer la dignité humaine et ’’de rendre la vie plus humaine’’. Le problème qui se pose pour Jean-Paul II, aussi bien que pour la pensée marxiste, est le problème du travail et du capital, que ce soit dans des structures économiques capitalistes ou planifiées. Pour Jean-Paul II, comme il en serait pour Marx, la solution est de changer l’ordre des priorités en plaçant le travail avant le capital, les humains avant le profit, et les travailleurs en tant que possesseurs de leurs outils de productions. Jean-Paul II déclare, ’’nous devons insister et donner la primauté à l’homme sur les choses’’, et aussi considérer les êtres humains, ’’comme sujets et indépendamment du travail’’ qu’il font. Jean-Paul II affirme que ’’l’homme seul n’est personne.’’ Et c’est heureux, principalement parce que le droit d’usage prend le dessus sur la propriété, que ce soit dans une économie libérale ou dans une économie marxiste planifiée. Jean-Paul II continue, ’’nous pouvons parler de socialisation seulement quand le caractère individuel de la société est assuré’’, c’est à dire ’’ quand, sur la base de son travail, chaque personne est totalement autorisée à se considérer comme le possesseur d’une partie du grand ’’atelier’’ dans lequel il travaille avec tous les autres.’’ En associant le travail avec la possession du capital, il ouvre une brèche, et ainsi Jean-Paul II reconnaît que ’’le principe de la primauté du travail sur le capital est un postulat de la morale sociale.’’ Il reconnaît aussi que chaque personne ’’collabore au travail des autres et pour leur plus grand bénéfice, […] que chaque personne collabore au travail des autres employés aussi bien qu’au travail des fournisseurs, mais aussi à l’utilisation des biens par les clients, le tout dans une chaîne de solidarité se déployant progressivement.’’ La privatisation de l’outil de production, qu’il soit industriel ou agricole, comme le dit Jean-Paul II dans l’encyclique Centesimus Annus, ’’n’est juste et légitime que s’il sert un travail utile.’’

Conformément au principe de solidarité et à l’analyse marxiste, les travailleurs ont le droit inhérent de participer à la construction de leur propre destinée, et ainsi de devenir, ’’davantage un être humain’’, en suivant l’expression de Jean-Paul II. Ceci signifie, particulièrement dans la pensée sociale catholique et dans la praxis marxiste, que l’économie doit être reconstruite autour des besoins du travail, et non autour des dessins calculés du capital, qui n’a comme seule priorité que ses propres intérêts économiques et la maximisation des profits. La solidarité, en ce sens, fait une priorité d’une politique économique contrôlée démocratiquement, qui allouerait les ressources et autres besoins, comme la nourriture, le logement, la santé, l’éducation, le travail, etc. Dans le même temps, cette tendance à mutualiser doit faire une priorité de la déconcentration du capital (dissociation du capital monopolistique), de l’éclatement des immenses entreprises, mais aussi de la promotion de modèles alternatifs de développement économique, qui feraient des droits économiques leur objectif le plus important. Une telle société, basée sur la solidarité et la dignité humaine, transcende ce qui pour Marx est ’’l’horizon étroit du droit bourgeois’’, ou, dans des termes catholiques, une société qui encourage ’’le choix préférentiel de l’Église pour les pauvres’’. En outre, dans ce projet, la solidarité et les droits humains impliquent que la justice soit distributive puisque les droits économiques prévaudront sur la maximisation des profits. Les analystes politiques, cependant, seront toujours confrontés au problème de la gestion de la rareté et de la défaillance du marché, et, de là, à la permanence d’un État (chose public) – quoique de structures démocratiques – dont la fonction sera d’administrer, de diriger, et de trancher durant les conflits entre personnes et groupes, dans le but de maximiser ’’le bien être général’’.

En juin 2005 (durant une audience de sept nouveaux ambassadeurs au Saint Siège), le pape Benoît XVI (cardinal Ratzinger) a encore accru le besoin pressant de ’’se saisir [...] du problème de la solidarité entre générations, de la solidarité entre les pays et les continents, de manière à ce que tous les êtres humains puissent partager plus équitablement les richesses de notre planète.’’ Benoît XVI nomma ’’cette réponse concrète’’ comme ’’un des services essentiels que les gens de bien devaient rendre à l’humanité.’’ Puis, dans une accusation de l’avarice économique, il déclara : ’’la terre, en fait, peut produire suffisamment pour nourrir tous ses habitants, à la condition que les pays riches ne gardent pas pour eux-mêmes ce qui appartient à tous.’’ Puis, dans son message au directeur de la FAO en 2005, Benoît XVI a aussi abordé la question du développement. Il définit le véritable développement mondial comme ’’organisé et intégral’’, et ’’voulu par tous.’’ En l’occurrence, Benoît XVI déclare que le véritable développement ’’appelle au contraire à connaître de manière objective la situation de l’humanité, à définir les véritables causes de la pauvreté et à y apporter en priorité des réponses concrètes, avec l’aide de toutes les personnes et communautés nécessaires.’’ La conséquence, d’après Benoît XVI, serait ainsi que ’’la liberté authentique et la responsabilité, qui sont le propre de l’action humaine, seraient enfin mises en marche.’’ Il fait mention du fait que le progrès technique doit voir l’humanité en être le centre, afin d’être réellement efficace dans une perspective plus large. Benoît XVI déclare : ’’cela permettra aussi à tous les peuples de tirer bénéfice de leur patrimoine, de partager leurs propres richesses, à la fois spirituelles et matérielles, pour le bénéfice de tous.’’

À quoi pourrait bien ressembler cette réponse concrète et solidaire ? Dans son message aux évêques Mexicains de 2005, Benoît XVI déclare : ’’il est nécessaire non seulement de remédier aux manques les plus graves mais aussi d’aller à leurs racines, en proposant des mesures qui donneront aux structures sociales, politiques et économiques un configuration plus solidaire et plus équitable.’’ Dans son discours aux ambassadeurs venus d’Australie, d’Inde, du Tchad, du Cap Vert et de Moldavie, Benoît XVI réaffirme à quel point il est important que les politiques, à l’air de la mondialisation, ’’ne soient pas guidées essentiellement et seulement par des considérations économiques ou par la recherche du profit maximum, ou encore par un usage négligeant des ressources de la planète au détriment des peuples, et spécialement de ceux qui sont les moins favorisés, au risque de compromettre le futur du monde à longs termes.’’ Il encourage alors les dirigeants nationaux et ’’tous les gens de bonne volonté à s’engager avec une détermination encore plus grande à construire un monde libre, fraternel et d’entraide, où l’attention qu’on porte aux hommes prend le pas sur les simples aspects économiques.’’ Puis Benoît XVI rappelle à son auditoire ’’qu’il est de notre devoir d’accepter les responsabilités que l’on a envers les autres pour que le monde fonctionne comme un tout, pour qu’il ne puisse pas être dit, ainsi que Caïn répondit à Dieu dans le livre de la genèse : « Suis-je le gardien de mon frère ? »’’. Benoît XVI dit aussi, dans le même discours en 2006 : ’’Bien sûr, il n’est pas suffisant de choisir la paix et la collaboration entre les nations pour y parvenir.’’ La mission est aussi individuelle : ’’je le dis encore, chaque personne doit être activement engagée et impliquée non seulement dans les intérêts de ceux qui sont proches de lui, ou d’elle ; chaque personne doit s’engager non pas auprès d’une classe sociale bien spécifique au détriment de l’intérêt général, mais doit chercher avant tout le bien commun de son peuple, et à un degré plus large, de toute l’humanité.

La pape François parle aussi de mondialisation, du besoin de solidarité et de justice économique. François reconnaît que ’’la mondialisation a aidé de nombreuses personnes à s’extirper de la pauvreté, mais en a aussi condamné beaucoup d’autres à mourir de faim. C’est vrai que le bien être global grandit, dans l’absolu, mais les inégalités ont aussi grandi et une nouvelle pauvreté est apparue.’’ Comme Benoît XVI, le pape François remet aussi en question la structure fondamentalement rationnelle du capitalisme : ’’Quand l’argent, plutôt que l’homme, est au centre du système, quand l’argent devient une idole, les hommes et les femmes sont réduits à de simples instruments d’un système social et économique, qui est caractérisé, et encore plus, dominé, par des inégalités profondes.’’ L’un des effets majeur du système existant est que ’’nous avons écarté tout ce qui n’est pas utile à sa logique.’’ déclare François. Il met en garde : ’’nous ne pouvons attendre plus longtemps pour s’occuper des causes structurelles de la pauvreté, dans le but de soigner notre société d’une maladie qui ne peut mener qu’à de nouvelles crises.’’ Il affirme que ’’sans une solution aux problèmes des pauvres, nous ne résoudrons pas les problèmes du monde’’, et que nous avons besoin ’’de projets, de mécanismes et de méthodes pour obtenir une meilleure distribution des ressources, de la création de nouveaux emplois intégralement dédiés à ceux qui sont exclus.’’ Le pape François décrit la solidarité dans les même termes que Jésus dans l’évangile de Matthieu, 25:35-36 : ’’car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire , j’étais étranger et vous m’avez recueilli, nu, et vous m’avez vêtu. J’ai été malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus à moi.’ Ainsi le pape François déclare : ’’prendre soin de notre voisin, de ceux qui sont pauvres, de ceux qui souffrent corps et âme, de ceux qui sont dans le besoin. C’est là la pierre de touche.’’ Cependant, François ne s’arrête pas là. Il met en avant le lien étroit que la solidarité catholique possède avec la praxis marxiste : ’’Si je répétais certains passages des homélies des pères de l’Église du deuxième ou troisième siècle, au sujet de comment l’on se doit de traiter les pauvres, certains m’accuseraient de donner une homélie marxiste.’’ François déclare : ’’ce soucis des pauvres dans l’évangile, c’est le for intérieur de la tradition de l’Église, ce n’est pas une invention du communisme et il ne doit pas être transformé en une idéologie, comme cela est arrivé quelquefois au cours de l’Histoire.’’

Et plus encore, l’Église catholique préconise la participation et l’apport des travailleurs aux questions économiques comme solution à la pauvreté, à l’aliénation des travailleurs et à l’exploitation. C’est aussi le cas du Marxisme et de la praxis socialiste. Dans cette évolution, la théorie et les analyses marxistes sont devenues une part significative des critiques de l’Église au sujet des relations entre le social et l’économique, dans son soutien aux droits humains, comme dans l’identification des causes de la pauvreté et des injustices. En outre, si l’Église et sa tradition de plaidoyers sociaux a développé une analyse radicale et une stratégie, à travers son principe de solidarité, alors il va de soi que le monétarisme (laissez-faire capitaliste), les accords commerciaux néolibéraux et la dépendance économique internationale vécue par les peuples du tiers monde doivent être rejetés, précisément parce qu’ils sont parties intégrantes du capitalisme moderne. En conséquence, si le capitalisme, compris comme monopole du capital, ou mondialisation du capital, devrait être rejeté, un système collectiviste devrait être mis en œuvre, un système qui privilégierait le travail au capital et les peuples aux profits, en faveur de la plus fondamentale dignité humaine.

Edward Martin et Mateo Pimentel

CounterPunch, édition du week-end, 27-29 Mars 2015

Edward Martin est professeur de politique et administration publique à l’université d’état de Californie et coauteur de Savage State : Welfare Capitalism and Inequality. .

Mateo Pimentel vit à la frontière du Mexique et des États-Unis. Vous pouvez le suivre sur Twitter @mateo_pimentel , ou en lire plus à l’adresse www.guerrillaprose.info .

Traduction Kevin Queral pour le Grand Soir

»» http://www.counterpunch.org/2015/03...
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Quand je donne à manger aux pauvres, ils disent que je suis un Saint. Quand je demande pourquoi les pauvres sont pauvres, ils disent que je suis un communiste.

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