RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Quand Jean-Claude Juncker sauve François Hollande

François Hollande et Mariano Rajoy ont appelé lundi 1er décembre à "accélérer" la mise en œuvre du plan d'investissement européen de 315 milliards d'euros du nouveau président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, lors d'une conférence de presse conjointe à l'Élysée. (Les Échos 1er décembre 2014)

Les peuples européens sont confrontés à de lourds problèmes. Ils ne peuvent plus ignorer où mènent les politiques d’austérité de leurs dirigeants.

Ils ne peuvent ignorer les choix qui ont fait reculer l’investissement utile de plus de 15% depuis 2007, alors que les économies des pays du sud européen sont en récession.

Ils pâtissent et sont inquiets.

C’est donc le moment pour M. Jean-Claude Juncker, le Président de la Commission européenne, de sortir les lapins d’un chapeau.

Et pour MM. Hollande et Rajoy de faire la claque.

M. Juncker, a présenté la semaine dernière un plan dit « d’investissement » qui s’élèverait à 315 milliards d’euros sur trois ans. En apparence c’est beaucoup. En vérité cela ne représente que 0,7% des richesses annuelles produites dans l’Union européenne. Aux États-Unis les plans de relance successifs ont mobilisé, chaque année, l’équivalent de la valeur de 7% des richesses produites.

Mais d’où viennent ces 315 milliards ?

La Commission propose d’utiliser 16 milliards (déjà inscrits dans le budget européen) comme « garantie » de ce nouveau fonds. Ce n’est donc pas de l’argent, c’est une garantie.

M. Juncker ajoute 5 milliards à 16 milliards, qui font 21.

Puis il utilise ce que les économistes appellent « l’effet de levier », c’est-à-dire qu’un euro de crédit pourrait générer 5, 6 à 8 fois la valeur de l’investissement.

Et il invente le chiffre 15 comme effet de levier. Il multiplie donc 21 milliards par quinze pour obtenir l’hypothétique somme de 315 milliards.

Tout projet de plan d’investissement n’aura que peu d’effet dans le cadre du maintien des actuelles politiques d’austérité. Solliciter l’investissement privé serait une bonne chose s’il ne s’agissait pas, comme c’est le cas ici, de tout faire dépendre des investisseurs privés et donc de se mettre à la merci des quatre volontés des propriétaires-actionnaires de grandes entreprises, dont le souci premier est non pas l’intérêt public mais la rentabilisation de leur capital . N’est-ce pas, M. Macron ?

Un tel projet, flou sur les actions à mener, non contraignant en matière d’investissements productifs et de respect de l’environnement, ne peut que contribuer à un accroissement de la sur-accumulation mondiale de capital, sans lien avec l’économie réelle et les besoins humains, et ajouter encore à la menace d’explosion de la bulle spéculative en cours de formation.

Ce projet fumeux est lancé alors que la Banque centrale européenne (BCE) s’apprête à verser de nouveau aux banques privées mille milliards d’euros pour les irriguer à des taux de... 0,15%, que celles-ci prêtent à des taux bien plus élevés ou replacent sur les marchés financiers

Au lieu de mobiliser la BCE et son pouvoir de création monétaire pour octroyer un crédit qui impulserait les investissements et la relance de l’activité, le Président de la Commission européenne a donc choisi de mobiliser 5 milliards de la Banque européenne d’investissement (BEI) vers ce fonds européen d’investissement à créer.

Un tel fonds pourrait être alimenté à partir de la BCE et racheter des dettes d’États pour soulager ceux-ci et leur permettre de se relancer, mais M. Juncker ne va pas jusque-là.

Pire, dans le même exposé, il demande une contribution volontaire des États, à qui par ailleurs il enjoint de réduire les crédits publics utiles. Et au nom de la « réduction de la paperasserie » et du « fardeau réglementaire », M. Juncker veut donner carte blanche à la déréglementation financière.

C’est pourquoi MM. Hollande a pu crânement déclarer au sujet du plan Juncker :

"Nous voulons (...) non seulement l’approuver, le compléter" mais aussi "l’amplifier dans son volume et l’accélérer dans son calendrier", estimant que ce plan était une "étape importante" pour restaurer la croissance et l’emploi en Europe.

Et avec son sens bien connu de l’humour fin il a ajouté :

"Si nous sommes aussi efficaces pour la croissance que nous l’avons été pour la stabilité financière, pour l’union bancaire et les réformes structurelles, je ne doute pas que la croissance sera au rendez-vous", appelant à "y mettre la même volonté".

Et son comparse Mariano Rajoy, le chef du gouvernement espagnol, :

"Le plan Juncker est un pas en avant important", ajoutant que "l’Espagne va le soutenir" mais qu’il faut agir "rapidement".

"C’est ce que nous allons dire lors du prochain Conseil européen" de la mi-décembre.

Ce que demande leurs peuples c’est que d’importants crédits soit alloués au fonds d’investissement pour des projets d’avenir, favorables aux travailleurs, élaborés avec les élus, les syndicats et les populations, pour développer massivement les services publics.

Sources :
Les Échos
Blog de Patrick Le Hyaric (député européen)

URL de cet article 27522
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme
Salim LAMRANI
En juin 2003, sous l’impulsion de l’ancien Premier ministre espagnol, José Marà­a Aznar, l’Union européenne décide d’imposer des sanctions politiques et diplomatiques à Cuba. Cette décision se justifie, officiellement, en raison de la « situation des droits de l’homme » et suite à l’arrestation de 75 personnes considérées comme des « agents au service d’une puissance étrangère » par la justice cubaine et comme des « dissidents » par Bruxelles. Le seul pays du continent américain condamné par l’Union européenne (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Je n’accepte plus ce que je ne peux pas changer. Je change ce que je ne peux pas accepter.

Angela Davis

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.