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Les Zindigné(e)s n°19

Le thème (la thématique, mieux encore : la problématique, comme on dit désormais à tire-larigot) de ce numéro est l’écologisme des pauvres.

Dans son éditorial, Paul Ariès se demande à quoi rêvent les milieux populaires. Il faut s’en prendre, dit-il, à une des expressions majeures du racisme social qui voudrait qu’il n’y ait rien à attendre des gens ordinaires. Les milieux populaires sont regardés de haut par la « bonne société », mais aussi par des écolos bobos, éternels donneurs de leçons.

Les Zindigné(e)s ont longuement rencontré Joan Martinez-Alier, professeur d’économie et d’histoire sociale à l’université de Barcelone, auteur de [L’écologisme des pauvres, une étude des conflits environnementaux dans le monde (livre paru en 2002). Martinez-Alier souligne que « dans beaucoup de conflits environnementaux, écologiques, contre l’extraction minière en plein air, contre la construction de barrages hydroliques, contre la déforestation ou contre la plantation de monocultures d’arbres comme les eucalyptus pour l’exportation de cellulose, les paysans pauvres et les indigènes se placent du côté de la défense de la nature. »

On peut lire également de Martinez-Alier “ La croissance verte est une utopie ”.

Les Zindigné(e)s s’est intéressée au mouvement social et à la nouvelle constitution en Bolivie. Un des objectifs de ces luttes est de « faire connaître d’autres défaites à l’imaginaire néolibéral. »

Mondialité du bien commun contre mondialisation du capital. Débat lancé en France par Bernard Cassen en 1996, rappelle la revue. Selon Roger Martelli, « La mondialisation est un phénomène à double face : une interconnexion croissante des activités à l’échelle planétaire, qui dessine une communauté mondiale de destin ; une manière particulière de bâtir et de “ réguler ” cette interconnexion, sous les auspices conjugués de la “ concurrence libre et non faussée ”. »

Dans “ Fonds vautours, version extrême du capitalisme financier ”, Éric Toussaint explique que « Les fonds vautours sont l’avant-garde, suivie des bataillons, qui ont pour nom Goldman Sachs, JP Morgan, Citibank, Santander, etc. Je considère qu’il y a aussi, derrière tout cela, l’intention sournoise des États-Unis d’intervenir dans la région. La dette externe est un puissant instrument de subordination de l’Amérique latine, un instrument qui vise à obliger la région à se réengager dans des politiques néolibérales. C’est ce qui se passe actuellement en Europe, laboratoire de la nouvelle offensive des politiques néolibérales. » Pour Toussaint, la lutte contre ces fonds sera longue : « Renoncer à sa souveraineté en tant que pays débiteur est un problème fondamental. Dès lors, selon moi, les Doctrines Drago et Calvo, qui posent que la justice locale est compétente en cas de conflit avec des investisseurs étrangers, doivent être réintroduites. En outre, le décret de 2007 du président Rafael Correa est un exemple à suivre. Enfin, je considère que les actes souverains unilatéraux basés sur le droit international sont seuls à même de permettre aux pays d’obtenir le respect des intérêts de leur population. »

La mort est-elle réactionnaire, demande Jean-Paul Damaggio : « Est-ce seulement par anti-franquisme viscéral que Manuel Vazquez Montalban a répété cette phrase : la mort est réactionnaire ? Mais pourquoi certains se sont-ils mis à crier en 1936 : Viva la muerte ? Pour ces derniers, extirper le communisme (qui en 1936 était très faible en Espagne) méritait tous les sacrifices. Or les adeptes du sacrifice dépassent le cadre circonstanciel de la guerre d’Espagne prouvant par la même que la réaction de Manuel est beaucoup plus globale. […]C’est parce que la mort est réactionnaire qu’il faut dénoncer le productivisme qui n’est qu’une vie frelatée avec par avance une date périmée de consommation ! Les associations de consommateurs, à qui se je rends hommage, sont une bonne chose pour diminuer les dégâts du système mais il reste à le changer ! »

Le même Damaggio (“ La mort est un marché ”) nous rappelle que tous les cimetières, et incinérateurs, du monde n’ont pas le même aspect.

Dans “ Chiens du monde et chiens immondes ”, Christophe Blanchard explique que Médor devient le révélateur du bon goût social car il est devenu un produit de consommation à part entière.

À l’occasion de la parution du livre de Julian Mischi Le communisme désarmé, Les Zindigné(e)s pose le problème de la perte des milieux populaires par ce parti. La réflexion sur les rapports de classe est de plus en plus délaissée. Les nouveaux visages des classes populaires sont de moins en moins pris en compte.

Dans “ La normalisation touristique du temps libre ”, Rodolphe Christin se demande pourquoi le tourisme est-il un objet consensuel si peu attaqué alors qu’il est loe prur produit du capitalisme triomphant.

Michel Lepesant réfléchit à la “ démocratie des minoritaires ” : « Faut-il vraiment se féliciter de l’échec électoral du Front de gauche ? Faut-il vraiment se réjouir du récent ralliement « théorique » d’Attac à l’objection de croissance ? Faut-il vraiment croire que Dominique Méda ait abandonné toute mystique de la croissance ? Faut-il voir dans toutes ces déclarations la promesse de lendemains politiques qui chanteront dans une convergence où l’on retrouverait pêle-mêle des écosocialistes, des antiproductivistes, des objecteurs de croissance ? »

Florent Bussy (“ La consommation est-elle totalitaire ? ”) s’interroge sur le sens que la consommation prétend donner à la vie humaine et sur la manière dont elle s’impose et s’institue comme fin ultime des individus.

Pour Laurent Paillard, les professions dites libérales sont bien mal nommées. Pourquoi les notaires (revenu mensuel moyen 17 000 euros) battent-ils aujourd’hui le pavé ?

Frédéric Héran, sur les traces d’Ivan Illich, fait la différence entre la vitesse généralisée et la vitesse globale. Va-t-on plus vite en ville à vélo qu’en voiture ?

Pour Yann Fiévet, Les gourous veillent au gain : Le néolibéralisme économique démontre partout où les hommes lui donne libre cours son incapacité à résoudre les crises les plus graves. A cela rien de vraiment étonnant : en libérant de leurs carcans supposés « les forces de l’économie » l’on ne fait le plus souvent que nourrir la tendance naturelle du capitalisme à produire les inégalité auxquelles s’alimente l’accumulation du capital indispensable à la survie du système. Pourtant, vaille que vaille, le « prix Nobel d’économie » récompense presque tous les ans un théoricien de l’orthodoxie néoclassique, adepte forcenée de la croyance en le Marché libérateur. La cuvée 2014 ne fait pas exception à la règle d’or : c’est le français Jean Tirole qui reçoit l’onction suprême cette année. Comment ne pas y voir un gourou de plus ?

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Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État - et c’est pareil dans les autres pays européens - s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à -dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année. Ce sujet devrait être au coeur de tout. Au lieu de cela, personne n’en parle.

Etienne Chouard

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