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Alexandre Zinoviev et l’époque de la démocratie coloniale

La démocratie coloniale, c’est ce terme que le philosophe et écrivain russe Alexandre Zinoviev aurait utilisé pour caractériser le régime politique du monde actuel. C’est un système destiné à affaiblir les concurrents et visant à s’approprier leurs entreprises, instrastructure et ressources naturelles. Alexandre Zinoviev a pour la première fois utilisé ce terme pour désigner le régime apparu dans les pays de l’ex-URSS et de l’ex-Yougoslavie après la chute du mur de Berlin .

« L’occidentalisation est une forme particulière de colonisation qui aboutit à l’instauration dans le pays colonisé d’un régime socio-politique de démocratie coloniale (d’après ma terminologie). Les Etats-Unis peuvent être considérés de plein droit comme son inventeur. La démocratie coloniale est quelque chose d’artificiel imposé au pays en question de l’extérieur et contrairement à ses tendances d’évolution historiques ».

Selon Zinoviev, l’occidentalisation est la volonté de l’Occident de rendre les autres pays semblables à lui-même en termes de régime social, d’économie, de système politique, d’idéologie, de psychologie et de culture. L’illusion est créée d’après laquelle l’abondance occidentale leur sera accessible dans les plus brefs délais si ces pays optent pour les transformations d’après le modèle occidental (par exemple, l’adhésion à l’UE). L’aide économique au pays occidentalisé n’est accordée que dans la mesure suffisant à détruire son économie et à le rendre dépendant de l’Occident. Parallèlement une guerre médiatique est menée dans laquelle l’Occident se présente comme sauveur qui affranchit un pays concret de tous les maux de son ancien mode de vie. Alexandre Zinoviev écrit :

« Nous sommes libres, riches et heureux, explique l’Occident aux peuples occidentalisés, et nous voulons vous aider à devenir aussi libres, riches et heureux ».

Ce système est soutenu par des méthodes du colonialisme. Une apparence de souveraineté est maintenue. Mais les relations que l’Occident établit avec lui ne sont pas les relations de partenaires égaux, mais celles avec un Etat secondaire. Une réforme libérale du marché est appliquée en vue d’évincer de l’économie la principale force d’intégration, l’Etat, et de passer à une auto-régulation spontané du marché.

« Le pays colonisé est réduit à l’état dans lequel une existence indépendante devient impossible. Des foyers économiques à une l’image prétendument occidentale sont créés sous le contrôle des banques et groupes occidentaux, tout comme des entreprises occidentales et mixtes... Les forces armées ne sont conservées que pour retenir les protestations de la population et les tentatives de l’opposition pour changer la situation ».

Parallèlement les principaux attributs du régime social sont discrédités, une crise de l’économie, de l’appareil d’Etat et de l’idéologie est provoquée. La population se scinde en groupes hostiles, toute opposition est soutenue, l’élite intellectuelle et les couches privilégiées sont corrompues et un régime compradorien est mis en place.

Cela ressemble à la situation actuelle à l’égard de la Russie. Le ministre des Affaires étrangères de Russie Sergueï Lavrov a déclaré un de ces jours que l’objectif des sanctions occidentales étaient de contraindre la Russie à changer sa position sur des questions clés et non pas de régler la crise en Ukraine.

« Au fond, leurs déclarations et leurs actes traduisent constamment le but authentique des restrictions, à savoir remodeler la Russie, modifier sa position sur les questions clés, les plus principielles pour nous, et contraindre à adopter la position de l’Occident. C’est le siècle dernier, une époque révolue et un mode de pensée inertiel et colonial ».

Dans le passé, l’activité civilisatrice de l’Occident ne poursuivait qu’un seul objectif : conquérir le globe dans ses intérêts. Tous les moyens lui étaient bon quand il se heurtait à des obstacles. Sa voie historique était celle de la violence, de la duperie et des tueries. A quoi le changement du pouvoir violent a-t-il abouti en Libye, en Irak, en Afghanistan ou en Ukraine ? Jusqu’à quand cela va durer ? Aucun système n’a été changé dans le passé sans provoquer des bouleversements immenses. Car ceux qui tiennent les rênes du pouvoir ne les abandonnent pas de leur gré.

Sonya Boskovic

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