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Du deuil au seuil (... ou inversement ?) de la société de l’avenir

L’opportunisme ne peut plus triompher aujourd’hui complètement au sein du mouvement ouvrier d’un seul pays pour des dizaines et des dizaines d’années, comme il l’a fait en Angleterre dans la seconde moitié du XIXe siècle. Mais, dans toute une série de pays, il a atteint sa pleine maturité, il l’a dépassée et s’est décomposé en fusionnant complètement, sous la forme du social-chauvinisme, avec la politique bourgeoise. (Lénine, M&E)

L’idéologie indo-européenne archaïque qui divisait la société en prêtres, guerriers et producteurs* voyait plus juste que le Tiers-état de l’Ancien régime qui se représentait portant sur ses épaules les classes privilégiées ; car ce Tiers état qui dirigea la Révolution vivait sur le dos des producteurs, et ceci malgré la conception universaliste qu’il avait de lui-même.

Et les deux époques voyaient toutes les deux plus juste qu’aujourd’hui où l’on ne voit carrément plus grand-chose.

Les producteurs véritables de la société capitaliste sont ceux entre les mains desquels s’élabore concrètement le produit qui devient marchandise.

La mise en œuvre et le surproduit* reviennent au capitaliste industriel (lui ou sa société par actions) dans la grande production, celle qui compte et domine, et à son organe intellectuel qui conçoit, organise, informatise, surveille, perfectionne, et écoule la production sur le marché : les ingénieurs, cadres, managers, commerciaux. Le capital bancaire et financier demanderait un traitement à part. Ce qui est certain c’est qu’ils ne produisent pas, ni les uns ni les autres : qu’ils ne mettent pas la main à la pâte, ni dans le cambouis, ni sur les composants électroniques qu’il faut assembler.

Il faudrait cependant ne pas oublier qu’il y a aussi "l’énorme superstructure" des « services » (le secteur tertiaire), des commerçants, des médecins, et des fonctionnaires, des policiers et des militaires, des intellectuels, des enseignants, des prêtres, des rabbins, des imams, des juges, des avocats, des artistes, bref des idéologues de tout poil, des footballeurs, etc.

Tout ce monde vit sur les épaules des producteurs directs dont il consomme le travail et les produits sous les formes les plus diverses. Sinon comment ferait-il pour ne pas aller tout nu et affamé, ou pour simplement avoir le ballon de football dans lequel taper ?

La question qui devrait immédiatement se poser est la suivante : Comment la circulation des produits entre leurs producteurs (producteur entendu ici au sens vulgaire : capitaliste plus ouvrier) et tous les autres, ceux qui n’ont pour fonction que de consommer est-elle seulement possible ?

Grâce à l’argent répondra-ton, ce qui revient à seulement déplacer la question : d’où tiennent-ils cet argent ?

C’est pourquoi la question, exactement la même, pourrait se poser ainsi sous l’angle théorique : comment la valeur qui est issue de la seule sphère productive et qui est matérialisée sous la forme de la monnaie fait-elle pour, échappant à cette seule sphère de sa consommation immédiate par le capital et ceux qu’il exploite directement, comment fait-elle pour irriguer si généreusement les veines de toute la société ?

Pour conclure, il est intéressant de rappeler que les maîtres du marxisme voyaient en ces ouvriers producteurs les seuls révolutionnaires "jusqu’au bout", – puisque ce sont eux qui subissent l’exploitation directe sous la forme de l’extorsion de la plus-value, ... et qu’ils voyaient par conséquent en eux (et quelle que fût leur nationalité) les accoucheurs de la société de demain, ... parce que ses prétendants faiseuses d’anges, à terme, ne gagneront pas.

Mauris Dwaabala

* Voir : Georges Dumézil, par exemple Jupiter Mars Quirinus.
* Par surproduit, entendons ce qui lui revient une fois prélevé le nécessaire en matériel et entretien de l’ouvrier pour le renouvellement du procès de la production. Ce qui est du point de vue de la valeur : la plus-value acquise par son capital.

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Eric Hazan. Changement de propriétaire. La guerre civile continue. Le Seuil, 2007
Bernard GENSANE
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Quand je suis arrivé au pouvoir, les multinationales recevaient 82% des revenus de nos matières premières et nous 18%. Aujourd’hui c’est l’inverse ! J’ai fait ce qu’il y avait à faire pour mon peuple. J’attends maintenant qu’on m’assassine comme ils ont fait avec Chavez.

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