RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Fin de l’écotaxe, l’allégeance royale

Hier (jeudi 9 octobre) la ministre de l’Écologie et du Développement durable a reporté sine die l’écotaxe poids lourds sous la pression des transporteurs.

« Ségolène Royal et Alain Vidalis, après avoir échangé avec les responsables des fédérations professionnelles de transport routier (...), décident de suspendre sine die le dispositif de l’écotaxe.  »

En quelques phrases sur un communiqué de presse, les ministres de l’Écologie et des Transport ont signé, hier, un des plus emblématiques renoncements de ce quinquennat.

Les transporteurs avaient posé un ultimatum au gouvernement promettant une journée de mobilisation lundi. Ils ont remporté la partie et suspendu leur mouvement.

«  La moindre demande du patronat est toujours acceptée, sans aucune contrepartie. Nous sommes de plus en plus remontés.  » Pour Jean Delaunay, responsable de la branche transport routier à la fédération CGT des transports, la coupe est pleine. «  Depuis juillet 2013, les transporteurs ont tout fait pour reculer l’échéance alors que, même dans le dispositif initial de l’écotaxe, ils n’avaient qu’un rôle de collecteurs, chargés de répercuter le prix de la taxe sur la facture au client afin de faire payer le juste prix du transport routier  », poursuit le syndicaliste.

Face à la mobilisation, notamment en Bretagne, le dispositif avait déjà été largement édulcoré par Ségolène Royal, à peine avait-elle pris ses quartiers au ministère de l’Écologie. Dès lors l’écotaxe, rebaptisée péage de transit poids lourds et ne concernant plus que 4 000 kilomètres de routes nationales, épargnait soigneusement le réseau breton. Mais le cadeau n’était pas assez gros. Les transporteurs voulaient le statu quo, ils l’ont eu.

«  On peut dire qu’on a gagné, puisqu’on a enfin en face de nous deux ministres qui ont pris la mesure du sujet  », s’est félicitée Aline Mesples, présidente de l’Otre, fédération à l’origine des manifestations qui avaient mené à la suspension de l’écotaxe à l’automne 2013.

En attendant, le principe de pollueur = payeur, permettant la contribution du transport routier aux travaux d’infrastructure et au développement du transport propre (fluvial et ferroviaire), reste donc inappliqué.

Les annonces par Ségolène Royal de la création d’un «  groupe de travail  », de «  la recherche de solutions sur la situation économique et sociale globale du secteur  » ou encore de la taxation des profits des sociétés d’autoroutes ne sont pas de nature à ôter le sourire aux vainqueurs.

«  Je suis scandalisée que dans ce pays, le jour où on discute de la loi sur la transition énergétique, on ne soit pas capable d’avoir des mesures fortes pour lutter contre la pollution de l’air et d’avoir d’autres pratiques en matière de trafic routier  », a
vivement réagi hier Emmanuelle Cosse. «  Qui va payer pour la pollution de l’air ? Pour l’entretien des routes ? Ça va être encore les consommateurs, les citoyens et les
automobilistes  », poursuit la secrétaire 
nationale d’Europe Écologie-les Verts (EELV). Et pour cause.

Les transporteurs routiers exonérés

Le contrat passé avec la société Écomouv chargée de la mise en place et de la collecte des fameux portiques écotaxe reste à honorer.

«  Le gouvernement a annoncé une hausse de quatre centimes par litre de gasoil à compter de janvier 2015, dont la moitié servira à compenser les pertes de l’écotaxe  », explique Jean-Louis Delaunay. Excédé, il poursuit : «  Le pire, c’est que les transporteurs routiers ont réussi à s’en faire exonérer ! En clair, ce sont les propriétaires de véhicules diesel qui vont payer la facture de l’écotaxe.  »

Pour les seigneurs des routes, cette année, Noël est tombé en octobre...

Marion d’Allard

URL de cet article 27179
   
Laurent Mauduit. Les Imposteurs de l’économie.
Bernard GENSANE
Serge Halimi expliquait autrefois pourquoi il ne voulait jamais débattre avec un antagoniste ne partageant pas ses opinions en matière d’économie : dans la mesure où la doxa du capitalisme financier était aussi « évidente » que 2 et 2 font quatre ou que l’eau est mouillée, un débatteur voulant affirmer un point de vue contraire devait consacrer la moitié de ses explications à ramer contre le courant. Laurent Mauduit a vu le « quotidien de référence » Le Monde se colombaniser et (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Des millions de gens ont vu tomber une pomme, Newton est le seul qui se soit demandé pourquoi.

Bernard Baruch

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.