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11/9 : Cuba a fourni des informations au FBI qui auraient pû éviter la tragédie.


[ Le gouvernement cubain a remis au FBI des informations que les Cinq et d’autres compatriotes ont recueillies afin d’avertir les autorités nord-américaines de la possibilité d’attentats terroristes au moyen d’avions commerciaux. S’ils nous avaient écoutés, la tragédie du 11 septembre aurait pu être évitée. ]


Granma, La Havane , 26 Septembre 2005.


Cuba a fourni au FBI des informations sur des plans d’attentats terroristes contre des avions commerciaux.


L’activité de collecte d’information des Cinq à Miami, faussement taxée d’espionnage, aurait pu éviter la tragédie du 11 septembre.


Les larmes aux yeux et la voix pleine de sanglots contenus, Rosa Aurora Freijanes nous parle de la lutte infatigable qu’elle livre depuis sept ans pour la libération de son mari, Fernando Gonzalez, et de quatre autres agents du renseignement cubain arrêtés en septembre 1998 et deux ans plus tard jugés et condamnés pour complot d’espionnage.

En août dernier le verdict du procès controversé de Miami était annulé et les sentences imposées à ceux que l’on appelle maintenant les Cinq étaient révoquées.

Dans une interview exclusive pour JA, Rosa Aurora soulève le voile d’une affaire qui a marqué profondément l’existence de ces révolutionnaires que Cuba considère comme des héros. Le drame -dit-elle- dépasse le contexte concret des sacrifices personnels pour assumer des contours politiques qui déplacent le débat sur la lutte contre le terrorisme et les droits humains.


JA : Que signifie la décision de la Cour d’Atlanta ?

RA : Il s’agit d’un événement très positif pour nous, les familles, les amis et tous ceux qui -le gouvernement cubain compris-n’ont pas baissé les bras dans cette lutte contre l’injustice. Maintenant nous espérons un nouveau procès, mais nous devons encore attendre la décision de l’accusation.

JA : Le gouvernement de Cuba a exigé la liberté immédiate des Cinq, pensez-vous que cette liberté soit proche ?

RA : En effet, nous avons demandé leur libération immédiate et nous l’exigeons encore chaque jour, mais nous ignorons quand elle se produira. Nous faisons tous les efforts possibles et mobilisons tous les moyens légitimes pour que les Cinq puissent attendre en liberté la tenue d’un nouveau procès. Mais malgré l’annulation du jugement antérieur ils sont toujours accusés de quelque chose sans être coupables de rien.

JA : Lorsqu’on analyse les sentences révoquées on a l’impression que ces personnes ont dû faire quelque chose de monstrueux pour mériter dans trois des cas des peines de prison à vie et des peines de 15 et 19 années de prison dans les deux autres. Quelle est la raison de l’emprisonnement des Cinq ?

RA : Aux Etats-Unis, plus précisément dans le sud de la Floride, vivent des groupes de Cubains émigrés qui ces dernières années ont encouragé des actions terroristes contre mon pays. Dans les années 90, les Cinq ont quitté Cuba avec la mission de recueillir de l’information permettant de prévenir d’autres attentats qui, comme les précédents, ont coûté des vies de compatriotes cubains. Jamais l’objectif des Cinq ne fut de violer le caractère confidentiel de données qui auraient mis en danger la défense et la sécurité de ce pays voisin. Cependant ils ont été accusés d’espionnage, mais jamais on n’a pu fournir des preuves de ce délit car tout simplement il n’en existe pas.

JA : Il ne s’agissait donc pas d’espionnage ?

RA : Non, les informations recueillies par les Cinq étaient publiques et à la disposition de toute personne souhaitant les obtenir. Par exemple Antonio, un des Cinq condamnés à la prison à vie, se limitait à compter les avions qui entraient et sortaient de l’aéroport. Ce n’est pas de l’espionnage.

La mission des Cinq a toujours eu pour objectif exclusif la protection de vies humaines et, sur ce point, il est bon de souligner une donnée que l’opinion publique portugaise ignore peut-être. Le gouvernement cubain a remis au FBI des informations que les Cinq et d’autres compatriotes ont recueillies afin d’avertir les autorités nord-américaines de la possibilité d’attentats terroristes au moyen d’avions commerciaux. S’ils nous avaient écoutés, la tragédie du 11 septembre aurait pu être évitée.

JA : Quelle est donc la raison de cet acharnement des Etats-Unis contre les Cinq ?

RA : Les actions liées à ce cas ne visent pas les Cinq en particulier mais ce qu’ils représentent : la Révolution cubaine. Gerardo, Ramon, Antonio, Fernando et René sont des révolutionnaires communistes et la détermination des Etats-Unis à en finir avec notre révolution est bien connue. Cette intention illégitime se reflète aussi dans le traitement qui a été réservé aux Cinq.

JA : Quel type de traitement ?

RA : Dès le moment de la détention une campagne médiatique a été déclenchée pour les diaboliser. Ils les ont enfermés dans des cellules isolées et depuis lors ils ont subi un traitement discriminatoire, cruel et injustifié ; ils ont été condamnés pendant 17 mois à l’isolement total. D’autre part, on n’a fourni que 20% de l’information à leurs avocats défenseurs. Il y a eu des changements de dernière heure, faute de preuves, dans les termes de l’accusation. Les délibérations du jury ont duré quatre jours, sous les pressions et la menace. Le procès a duré sept mois, dans un lieu qui a été le plus hostile et partial que l’on ait pu imaginer.

JA : Pourquoi Miami était-il un lieu hostile ?

RA : Il ne s’agissait pas d’un territoire neutre pour juger une affaire ayant le thème Cuba pour toile de fond. La juge s’est néanmoins opposée au transfert de siège et s’est rangée aux côtés de l’accusation, appuyée par une communauté d’émigrés cubains qui ont exercé toutes les pressions possibles pour que le procès ait lieu à Miami, avec un jury qui est allé jusqu’à craindre pour sa propre sécurité.

JA : Mais les Cinq n’ont commis aucun délit ?

RA : Uniquement celui de ne pas être enregistrés comme agents d’un gouvernement étranger travaillant sur le territoire nord-américain. Mais pour cette transgression, qu’ils ont reconnue, ils ont tous payé puisque dans ce cas la peine maximum est de cinq ans et qu’ils sont en prison depuis sept ans. Ils ne se sont pas enregistrés parce que s’ils l’avaient fait les autorités des USA les auraient rapatriés et ils n’auraient pas pu accomplir leur mission. En fait, on est face à l’application d’un précepte constitutionnel : l’état de nécessité de garder leur activité secrète, mais ceci n’a pas été pris en compte et on a aussi ignoré la norme légale qui déclare nulle une transgression mineure qui évite un mal plus important. Dans le cas des Cinq, ce mal aurait pu coûter un grand nombre de vies.

JA : Les familles des Cinq ont maintes fois dénoncé ce qu’elles considèrent comme des violations des droits légitimes de ces hommes.

RA  : Les difficultés qui ont entravé les visites des familles et le retard injustifié dans la délivrance des visas se traduisent en délais d’attente qui ont représenté jusqu’à sept mois. Nous avons vécu des moments très difà­ciles. En sept ans je n’ai pu rendre visite Fernando, mon mari, que quatre fois, dont la dernière en février dernier, et j’ignore quand aura lieu la prochaine. Mais mon cas n’est pas le pire. René et Gerardo vivent des situations beaucoup plus dramatiques car il y a plus de cinq ans qu’on les empêche de voir leurs épouses et leurs enfants. Il s’agit de claires violations des droits humains et pour nous il s’agit de manières alternatives et parallèles de harceler cinq hommes, mais également ceux qui les aiment.

JA  : Les Cinq n’ont bénéficié d’aucune circonstance atténuante. Qui sont ces hommes qui ont été jugés et condamnés en tant que terroristes ?

RA  : Ce sont des hommes au service d’une cause juste. Et puisqu’il est question de terrorisme, j’aimerais insister sur le système de deux poids, deux mesures, qui a dominé la politique antiterroriste de l’Administration nord-américaine en disant que les Etats-Unis protègent Luis Posada Carriles, un homme qui en Amérique Latine est l’équivalent de Ben Laden. Cet homme a exécuté des actions infâmes qui ont semé la douleur et le deuil dans plusieurs pays, et s’est consacré aux pires causes de l’Opération Condor. Et pourtant le gouvernement nord-américain n’a pas encore répondu à l’exigence d’extradition des autorités vénézuéliennes ; il est toujours détenu, en attente d’un procès pour entrée illégale dans le pays. Où est la cohérence de ce système ? On protège un terroriste notoire comme Posada Carriles et on inflige des peines injustes à cinq personnes qui n’ont fait que protéger des vies innocentes...

JA  : J’aimerais connaître la raison de votre visite au Portugal...

RA : Nous voulons que les Portugais connaissent ce cas flagrant d’injustice, et essayer de faire tomber le mur de silence qu’on a construit autour de ce cas à l’échelle internationale et même à l’intérieur des Etats-Unis, afin de créer les conditions pour que ceux qui souhaitent le faire puissent manifester leur solidarité et participer à cette lutte. Il ne s’agit pas seulement d’obtenir la liberté des Cinq, il s’agit de combattre le terrorisme et l’hypocrisie face à ce terrorisme.

JA  : Les familles des Cinq gardent l’espoir de les voir revenir ?

RA : Oui, cela finira par arriver. Je suis révolutionnaire et pour cela optimiste. Mais je dois dire que nous, les révolutionnaires, sommes optimistes parce que depuis le début nous avons été conduits par un nomme qui est lui-même très optimiste. Un jour cet homme a estimé qu’on pouvait faire une révolution avec douze compatriotes, et il l’a fait.

Mary Rodrigues


 Source :
www.granma.cu/frances/2005/septiembre/lun26/40FBI.html


 Pour en savoir plus sur les Cinq :


Près de 5 000 intellectuels du monde entier ont déjà signé l’ appel pour la libération des Cinq.<BR>

Le prix Nobel Günter Grass se joint à l’appel pour la libération des Cinq cubains emprisonnés aux USA.

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« A toute époque, les idées de la classe dominante sont les idées dominantes : autrement dit, la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est en même temps la puissance spirituelle dominante. La classe qui dispose des moyens de la production matérielle dispose en même temps, de ce fait, des moyens de la production intellectuelle, si bien qu’en général, elle exerce son pouvoir sur les idées de ceux à qui ces moyens font défaut. Les pensées dominantes ne sont rien d’autre que l’expression en idées des conditions matérielles dominantes, ce sont ces conditions conçues comme idées, donc l’expression des rapports sociaux qui font justement d’une seule classe la classe dominante, donc les idées de sa suprématie. »

Karl Marx

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