RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Ecrit sous les bombes israéliennes

Témoignage d’une habitante de Gaza

Chers amis,

Ecrire n’est pas du tout facile ! Je ne suis pas une journaliste qui doit prendre son stylo et courir après l’actualité.
Je suis une habitante de la bande de Gaza qui n’a pas dormi de la nuit à cause du massacre de Chujaeya, grand quartier à l’est de Gaza ville, qui doit son nom à Chujaa Alkordi, « Chujaa » veut dire « courageux ».

Le crime des habitants de ce quartier est d’habiter tout près de la frontière avec Israël.
L’armée israélienne a tiré toute la nuit. C’était une nuit très dure et triste : on n’a pas pu dormir et on a passé la nuit à côté de la radio, heureusement chargée
. Des familles dont les maisons ont été bombardées demandaient aux ambulances et à la Croix Rouge d’aller sauver la vie de leurs blessés. Ni la Croix Rouge, ni les ambulances, ni la presse ne pouvaient entrer dans ce quartier à cause des obus des chars et des missiles de F16. Je n’ai fait que prier et pleurer. Quel dur réveil ... Les photos et les vidéos de ces massacres m’ont choquée. J’ai crié comme une folle, non, comme une maman qui avait perdu ses enfants : « il faut arrêter, il faut en finir avec ces attaques brutales et barbares.” Mon mari, qui était à l’hôpital Al Shefa, m’a appelée pour avoir de nos nouvelles, il m’a dit qu’on n’y sentait que l’odeur du sang : tellement il y avait des morts et des blessés. Beaucoup de familles de Chujaeya sont arrivées à l’hôpital pour chercher les leurs ou pour les attendre. Je ne peux jamais oublier cette femme qui suppliait de lui ramener les siens, morts ou vifs. Après plusieurs appels de la Croix Rouge à l’armée israélienne, elle a obtenu une trêve de deux heures, le temps d’extraire des décombres les corps des vivants. Durant leurs recherches de survivants, les bombardements continuent. J’ai mis deux jours à écrire ces mots, parce qu’à chaque fois où je me mets devant l’ordinateur pour écrire ce que j’ai vu et ce que je sens, je craque, je chiale. Je pleure à chaque mot qui me rappelle la douleur, la souffrance des gens.
En plus, je ne peux pas m’empêcher de prendre des nouvelles de tous mes connaissances partout à Gaza. J’appelle tous les gens que je connais, quand les communications passent, car le réseau est aux mains des israéliens. Depuis hier, on a peur d’un nouveau choc, d’un nouveau massacre à l’est de Khan-Younes, au sud de la bande de Gaza. Jusqu’à cet après-midi, on n’avait aucune nouvelle de ce quartier. La Croix rouge a réussi à obtenir l’accord d’entrer à Khan Younès mais dès que ses hommes y pénètrent ils essuient des tirs, ils rebroussent chemin sans pouvoir sauver personne. Cet après-midi, l’armée israélienne a arrêté une centaine de blessés et même de paramédicaux.

Les gens dont je vous parle sont des civils, ils avaient des rêves simples et faciles à réaliser : ils rêvaient d’une vie digne sans blocus et sans peur.
Certains d’entre vous n’acceptent peut-être pas le mot génocide. Je vous assure que je préfère l’utiliser sciemment parce que l’armée criminelle d’Israël rase des quartiers entiers, partout à Gaza, sans jamais épargner les civils. Plusieurs familles ont été complètement anéanties.

Des milliers de familles de Gaza vont revivre une autre Nakba, sachant que cette fois ci nous n’avons plus où aller, ni où trouver refuge. Aucun endroit n’est sûr. Les écoles de l’UNRWA ont ouvert leurs portes devant la plupart de ces familles, mais elles sont pleines ainsi que les églises. Aujourd’hui, vers 14h00, il y a eu 17 morts et une centaine de blessés suite à un bombardement d’une école de l’UNRWA qui abrite des familles réfugiées.
D’autres ont trouvé refuge chez leurs parents pensant que c’est plus sûr. En dépit de la situation très grave, je dois vous parler de ces jeunes, qui ont créé dans tous les quartiers de Gaza, des centres d’aide et de solidarité avec les familles qui ont évacué leurs maisons pour aller aux écoles de l’UNRWA. Bombardement acharné et incessant qu’ils subissent. Le propriétaire de l’immeuble résidentiel le plus beau et cher de Gaza, a proposé de mettre gratuitement des appartements à la disposition des réfugiés. Aussitôt l’armée israélienne a fait exploser l’édifice, peut-être pour empêcher les gens d’être à l’abri. Je terminerai en parlant pour la première fois du rôle que l’Egypte joue avec le poste frontière de Rafah. Certains s’imaginent les Egyptiens accueillir à bras ouverts leurs frères victimes des exactions de l’armée israélienne. Pas du tout, ils refoulent les ambulances et les blessés.
La Palestine est en train de perdre tant de ses enfants, de ses femmes, de ses hommes, de ses monuments et donc son histoire...

Salma AHMED ELAMASSIE

Gaza. Le 24 juillet 2014
P.S Je ne savais même pas quel jour on était aujourd’hui, une amie française me l’a dit !

URL de cet article 26378
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Israël, Les 100 pires citations
Jean-Pierre Bouché, Michel Collon
Ce livre contient 100 citations de dirigeants, stratèges et penseurs sionistes, des origines du mouvement jusqu’à aujourd’hui. À partir de ces citations, il s’agit pour les auteurs de faire une analyse à la fois documentée et ludique de la pensée sioniste à travers les années. Les auteurs montrent ainsi qu’il y a bien une pensée sioniste cohérente qui se perpétue à travers le temps. Le conflit israélo-palestinien ne vient pas de nulle part : il prend sa source au moment même où le projet sioniste s’est (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Dire que l’on ne se soucie pas de la protection de la vie privée parce qu’on n’a rien à cacher équivaut à dire que l’on ne se soucie pas de la liberté d’expression parce qu’on n’a rien à dire. » - Edward Snowden

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.