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La Traversée du Rubicon

M. Ruppert, le redacteur en chef et fondateur de From The Wilderness (FTW) réalise une analyse fulgurante des implications de la guerre contre l’Irak, de ses causes et de ses conséquences et implications. A lire attentivement.

Je n’éprouve pas beaucoup de joie ce mois ci à constater que les événements de l’année dernière se sont déroulés exactement comme je l’avais dit.. Alors que je reviens à peine de mes 25ème et 26ème conférences depuis novembre dernier dans le New Haven (Connecticut) et de l’Université Wesleyan voisine, je regarde derrière moi et je vois que pendant sept mois j’ai publiquement déclaré que nous envahirions l’Irak à la fin de l’automne 2002.

Je constate que depuis décembre dernier et dans chaque conférence depuis la première à l’Université d’État de Portland, j’ai dit clairement et explicitement que nous sommes témoins d’une guerre séquentielle engagée pour contrôler les plus grandes réserves sur une planète qui est à court de pétrole.

Je regarde nos analyses économiques et les deux avertissements que nous avons publié le 9 septembre 2001 et le 8 juillet 2002 et je vois que l’économie américaine se comporte exactement de la manière que nous avons prévue. Et de la lecture de nos articles du mois dernier sur l’Irak et l’Arabie Saoudite je constate que la politique se joue comme une sorte de théâtre de l’absurde, au moment où toutes les pièces tombent au bénéfice d’un invasion rapide de l’Irak et d’une occupation simultanée probable des gisements de pétrole de l’Arabie Saoudite.

Et il n’y a aucune forme de jubilation du tout dans le fait que, comme nous l’avions clairement exposé dès la mi-septembre de l’année dernière, l’Afghanistan, qui n’avait pratiquement aucune culture d’opium le 11 septembre, est de nouveau le premier producteur mondial. La grande épidémie d’héroïne que nous avons prévue maintenant se déverse à travers la Russie et l’Europe occidentale.

Je note avec peu de satisfaction que les projets pour des vaccinations massives sont avancés alors même que le gouvernement fédéral annonce d’une part un plan pour une immunisation "volontaire" de la population dans les jours d’alerte, en introduisant le MEHPA (Loi sanitaire pour les situations d’urgence) dans les législatures des Etat. Le MEHPA fera un crime - voire une trahison - du refus de ces mêmes vaccinations "volontaires". Et la punition serait appliquée par les états.

Un article récent de AP Les preuves Contredisent le Démenti de Bush au sujet du 11 septembre ( "Evidence Contradicts Bush 9-11 Denial," ) suite à un témoignage dramatique de la charismatique et éloquente veuve Kristen Breitweiser, accompagné de révélations encore plus incroyables faites devant le House Senate 9-11 intelligence committee a prouvé que les allégations du FTW’S depuis plus d’une année sur une connaissance anticipée par l’administration des évènements du 11 septembre étaient plus que justifiées. N’est-il pas étrange, n’est ce pas, que l’on ait maintenant classé secret-défense ce que l’on a dit au président avant les attaques ? S’il savait ce que nous savons maintenant que les agences de renseignement savaient, il est au minimum un menteur prouvé et douteux. Les actions connues de Bush avant, pendant et depuis les attaques sont des violations pouvant justifier une procédure de destitution. Peut-être qu’un membre courageux du Congrès montera enfin sur les planches pour le dire. Tout est possible maintenant que l’économie approche d’une presque certaine fusion cet octobre, qui verra peut être le Dow Jowns passer en dessous de la barre des 6000 points quand les comptes de résultats, dévastateurs, du troisième trimestre deviendront officiels et que l’explosion d’une bulle spéculative de 5000 milliards de $ de produits dérivés aura lieu.

Je ne peux pas voir de meilleure combinaison de facteurs qu’une guerre sanglante, les menaces d’attaques terroristes, réelles ou pas et une législation de santé publique draconienne pour faire que la confiscation immédiate de propriété et la mise en quarantaine incontestée deviennent des outils commodes pour contrôler une population en colère qui pourrait bientôt souffrir de la faim et du froid. Le président Bush a précisé qu’il veut que le Homeland Security Act - avec tous ses pouvoirs opppressifs - soit signé avant l’invasion irakienne, à partir du 1er octobre, la Commande Nord sera en place et les troupes mexicaines et canadiennes seront sous commande américaine.

On a pu espérer que les efforts de derniers recours réalisés à l’ONU et ailleurs, conjointement avec un nombre croissant de protestations significatives aux Etats-Unis et en Europe pourraient faire dérailler les plans pour la guerre. Ils peuvent en réalité retarder l’invasion pour un temps très court, mais c’est tout. Un analyste sage suivra les troupes plutôt que la rhétorique. Le déploiement massif pour l’invasion a continué de manière inchangée. Ces troupes ne peuvent pas être déployées pendant longtemps sans que l’on fasse appel à elles. Des déploiements récents au Yémen et à Djibouti confirment seulement mes soupçons précédemment exposés sur le fait que l’Arabie Saoudite est autant une cible que l’Irak.

Asia Time, dans un article publié le 30 septembre [1], confirme aussi la position prise par FTW il y a environ huit semaines selon laquelle le mouvement contre l’Irak et l’Arabie Saoudite est un mouvement pour briser les reins de l’OPEP et réduire résolument les prix en augmentant les niveaux de production des deux seuls pays dans le monde qui peut ouvrir largement leurs robinets. Cette position a été aussi exprimée sur un programme de Fox News, le 28 septembre, où l’ancien Directeur de C.I.A. James Woolsey, qui a pris l’habitude de traiter des thèmes de FTW dans ses interviews, a noté que l’Irak exporte actuellement seulement 1 million de barils de pétrole par jour et que cela pourrait être augmenté à 3-à 4 millions de barils par jour. Cela équivaudrait à une mesure "de contrôle" des prix. Quand on lui a demandé si Saddam pourrait brûler la terre et essayer de détruire ses gisements de pétrole, Woolsey a répondu, "Saddam est capable de tout." Il a alors laissé entendre que les Etats-Unis étaient préparés à cette éventualité en rappelant que Saddam avait essayé cette tactique en 1991 et que les Etats-Unis avaient rapidement rétabli la production. " Mais nous pourrions faire la même chose à nouveau" a dit Woolsey et "remettre les champs de pétrole en activité plus vite qu’on ne le pense. "

Alors que les plans d’invasion apparaissent de plus en plus irrésistibles, les lourdes navettes diplomatiques qui ont lieu dans le monde arabe entre l’Egypte, la Syrie, l’Arabie Saoudite et d’autres états Musulmans montrent que l’OPEP et le monde musulman voient le plan eux aussi. Ils veulent retarder les Etats-Unis et empêcher l’invasion. En tentant de conjurer un écroulement inévitable de l’économie américaine ,en réduisant résolument les prix de pétrole (ce qui comprend la carburant pour les chauffage et celui pour les générateurs) juste avant l’hiver, l’Administration de Bush étriperait aussi les revenus nationaux de la plupart des pays de la région. Notre instabilité économique serait immédiatement transférée au Moyen-Orient. La monarchie Saoudienne, attendant la mort imminente du Roi Fahd, doit voir cela clairement. La guerre civile imminente entre les Princes Abdullah et Sultan pourrait basculer dans l’anarchie si le gouvernement Saoudien se révèle soudainement incapable de satisfaire les obligations financières domestiques qui lui permettent de tenir en place.

Ce qui me semble clair maintenant c’est que l’administration a pensé à toutes ces éventualités et s’y est préparée. L’arrogance de l’administration est aussi effrayante que son pouvoir. J’ai récemment appris de sources sure au Capitole que les comités des Forces armées (the Armed Services committees) ont tranquillement commencé à projeter une réinstitution de la conscription. Cela me fait revenir à mon essai de juin 2000, "Quand les Enfants du Marché haussier Commencent à Mourir" (When the Children of the Bull Market Begin to Die). L’incorporation éventuelle de notre jeunesse est pour moi aussi certaine que toute autre chose que j’ai écrit jusqu’à présent. Les unités de réserve, qui ont été appelées maintenant depuis plus d’un an, approchent du point de rupture. Une guerre sanglante et prolongée - quelque chose auquel le reste du monde peut maintenant s’attendre- débordera les capacités de nos militaire et la circonscription jouera un rôle essentiel pour que les criminels occupant l’Exécutif essayent désespérément de mener à bout de leur projet. Je pense qu’il y au mieux 50% de chance pour que des armes nucléaires soient employées sur le champ de bataille soit par Etats-Unis soit par Israël dans les six suivants mois.

La Russie et la Chine attendent aussi près des lignes de touche que possible. Avec la Chine se jouera la partie finale du jeu tant sa demande est croissante au moment où les réserves d’énergie diminuent. Et si le Etats unis trébuchent, la Chine se manifestera encore plus sur la scène du monde.

(…)

Tout récemment j’étais à Washington, le district fédéral de Columbia et j’ai suivi plusieurs séminaires au Comité électoral Noir du Congrès. Dans un séminaire, sur COINTELPRO, l’opération d’oppression domestique réalisée par le FBI dans les années 60 et 70, on a vu Martin Luther King III qui disait, "Nous sommes une nation malade. Chaque jour nous le devenons un peu plus."

Je ne peux pas dire mieux .

Mais Jules César a traversé la petite rivière appelée le Rubicon avec ses légions et se dirige vers Rome. La République est morte. Et partout dans l’histoire humaine c’est à ces moments là , quand les réponses sont dures à trouver et que l’obscurité paraît irrésistible, qu’une partie de l’esprit humain a résisté - "je ne renoncerai pas. Je n’irai pas tranquillement. Je ne me rendrai pas." C’était à ces moments que la foi a démontré son vrai pouvoir, que le courage s’est retrouvé dans le coeur et que la race humaine a justifié son existence dans l’univers.

Article original surle site de From The Wilderness : Across the Rubicon

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[1Francesco Sisci : After Saddam, Fledgling states, oceans of oil Note du Traducteur


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