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Copé et Bygmalion : il est temps de changer de classe politique, ça suffit

Il est temps, de nettoyer, d’essorer et surtout de balayer tous ces politiques qui ne font plus qu’aggraver le déficit d’une confiance quasi disparue des Français envers eux. Passer à la machine pour retrouver toutes les couleurs d’origine, celles du vrai sens de l’irréprochabilité, de l’exemplarité, notions tellement galvaudées et usées qu’elles ne veulent plus rien dire aujourd’hui.

Les affaires s’enchaînent, année après année, décennie après décennie, l’une après l’autre, on parle d’inculpations, parfois de garde à vue, et finalement, toutes ou presque font "pschitt" sans que cela ne semble offusquer personne.

Au mieux on s’insurge, au pire on s’en amuse.

Toujours les mêmes têtes, les mêmes condamnations

Copé en maillot dans la piscine de Takieddine, Pasqua et sa chouette ressemblance avec Fernandel, ou encore les bras d’honneurs, les insultes ou les vols de caméra de Balkany, sa villa à Marrakech ou à Saint-Martin, l’ISF qu’il déclarait ne pas payer, sa femme en garde à vue, hilarants non ?

Quelques amendes, tout au plus, parfois même des records du monde d’enfilage de sursis, exceptionnellement un peu de prison VIP pour de rares seconds couteaux, ou ceux qui serviront de fusible. Et au final la terrible impression qui se renforce jour après jour : s’il y a les uns... il y a surtout les autres. La justice ne semble pas être la même pour tout le monde.

Il suffit !

Marre de ces listes sans fin – droite gauche, extrêmes, tous bords confondus –, de ces politiques condamnés pour abus de bien sociaux, condamnés pour avoir volé l’argent public, et qui sont toujours et encore là. Droit dans leur bottes, sans honte.

Réélus me direz-vous... Après tout, on aurait les élus qu’on mérite, pas vrai ?

Le cas Copé et Bygmalion

Et pourtant non, dans combien de professions (banque, assurance, sécurité, pompier professionnel,...) ne pourrait-on plus travailler avec un casier entaché ?

Pourquoi donc nos politiques qui sont supposés représenter l’élite de la nation, la probité, l’intérêt général ne pourraient-ils pas être soumis aux mêmes exigences ?

Il est temps de condamner tout homme ou femme politique s’étant illustré après avoir confondu sa poche et celles des Français. Il est temps de les condamner à l’exclusion définitive de la vie politique – même s’il ne s’agit que d’un euro, d’un seul centime d’euro. Quand j’entends Jérôme Lavrilleux expliquer qu’il peut bien, si ça lui chante, payer 4 ou 5 fois le prix normal pour une prestation, je m’étrangle.

"Un dîner assis, servi par une armada en grande tenue. Champagne. Et feu d’artifice du 13 juillet en prime, derrière les larges baies vitrées offrant une vue imprenable sur Paris. Ce soir-là, Copé se montre enjoué, il passe de table en table, un mot pour chacun. Le ministre du Budget lève son verre : A la santé du contribuable !", comme le racontaient les bonnes feuilles d’une biographie de Copé parue en 2010.

Quand je lis cela, quand je lis que Jean-François Copé aime à réceptionner dans les palais de la République, recevoir ses amis de manière "fastueuse", avec notre argent, le vôtre, le mien, et qu’il se paye le luxe de porter un toast à la santé de mes impôts, je m’étouffe.

Le même Copé qui, il y a quinze jours, balayait de toute sa morgue et de son arrogance les accusations dans l’affaire Bygmalion : "Mensonges ! complots !" Le tout orchestré dans une stratégie de victimisation dont il est coutumier, lui, son honnêteté et son intégrité bafouée.

Le même Copé qui finalement ne se souvient plus très bien, qui perd la mémoire (un peu comme sa Rolex). Qui s’interroge, qui "se met à douter"... Qui en arriverait presque aussi à accuser Nicolas Sarkozy pour se sortir le cul des ronces.

Quand j’apprends qu’une enquête vise quelques sénateurs pour détournements de fonds à hauteur de 400.000 euros d’argent public, mais que tout va bien, parce que "c’est normal", j’enrage.

Les cas Désir et Cambadélis

Et à gauche ? Mais à gauche, c’est pareil mon brave monsieur. Échanger Harlem Désir, déjà condamné à 18 mois de prison avec sursis et 30.000 francs d’amende pour recel d’abus de confiance, pour Jean-Christophe Cambadélis, lui aussi condamné dans des affaires d’emplois fictifs et de complaisance ? Oui c’est possible.

Avoir un ministre chargé de la fraude fiscale qui possède un compte en Suisse, et une fois viré, demande à bénéficier encore de ses indemnités de ministre ? Oui, oui, pas de souci. Ça aussi, c’est possible.

À gauche comme à droite, la liste est longue de ces élus qui ont pourtant été attrapés la main dans le sac de l’argent public et qui sont toujours là, parfois même au sein de leur parti.

Marre de ces politiques qui prennent pour comptant l’argent du contribuable, qui confondent leurs fonds et ceux des Français, se permettent de le dépenser à tort et à travers ou de le jeter par la fenêtre et qui, pris la main dans le pot de miel, ne disent que rarement pardon, le plus souvent se réfugient derrière un "je ne savais pas", se font (un peu) oublier et reviennent la main sur le cœur quelques années plus tard, jurant qu’ils ont changé et qu’on ne les y reprendra plus.

Changer de classe politique en profondeur

Marre de constater qu’en France, ça fait 30 ans qu’on assiste aux mêmes affaires, aux mêmes polémiques, avec les mêmes têtes, sans qu’à aucun moment le mot de "corruption" ne soit clairement prononcé.

Car c’est bien de cela dont il s’agit. De corruption. D’argent volé. De financements illicites, de dessous de tables. De détournements d’argent public. 5 euros ou 20 millions, c’est pareil, dès lors qu’il s’agit d’argent public... La sanction devrait être la même : l’exclusion à vie de toute fonction publique.

Ça n’est plus possible, ils ne peuvent plus se réfugier systématiquement derrière l’argument de la légalité pour justifier leur immoralité, tout en exigeant des autres – de nous – qu’ils le soient de manière exemplaire.

Faudra-t-il faire une pétition pour exiger que tout politique condamné pour avoir usé à son profit de l’argent public soit enfin et définitivement exclu de tout mandat public ?

Il est temps d’avoir une politique irréprochable et pour cela des politiques exemplaires, et pas que sur le papier. Des politiques qui soient passibles de sanctions en cas de manquements à l’éthique, des politiques susceptibles de devoir rendre des comptes, même pour un foutu centime d’euro, du moment qu’il vient de nos poches, et non de la leur.

Dom Bochel Guégan

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