RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Continuité

Le suspense aura été modérément insoutenable. Le 29 avril, moyennant quelques aménagements cosmétiques, l’Assemblée nationale a finalement adoubé ledit « plan de stabilité » triennal que chaque pays est dans l’obligation de transmettre annuellement à Bruxelles.

Les honorables parlementaires étaient du reste simplement consultés ; il appartiendra en revanche à la Commission puis au Conseil européens de corriger la copie, d’ici fin juin.

Des députés de l’opposition n’ont pas caché qu’ils approuveraient la feuille de route soumise par Manuel Valls. Et pour cause : le seul regret que la droite puisse manifester est de ne pas avoir osé aller aussi loin en matière d’austérité lorsqu’elle était aux manettes – 50 milliards de coupes budgétaires, c’est littéralement sans précédent. Quant aux élus socialistes récalcitrants, on comprend mal leurs états d’âme sur un programme qui avait été précisément exposé trois semaines auparavant, lorsque le chef du gouvernement avait obtenu sans anicroche la confiance. Ledit programme était du reste directement issu des orientations énoncées le 14 janvier par le chef de l’Etat. Qui n’avait fait, alors, que se situer dans la continuité de son action depuis mai 2012 – certes en l’accélérant. Cette action n’était elle-même que le prolongement des orientations mises en œuvre par son prédécesseur à l’Elysée. Qui, lui-même, avait poursuivi...

Cette continuité ne doit rien au hasard. Dès lors que l’on accepte le principe de l’intégration, il faut bien en accepter les bases – les traités et toutes les conséquences. Cela vaut tout particulièrement pour les pays de l’union monétaire. L’euro s’effondrerait sans délais si ne lui étaient pas offerts toujours plus de sacrifices en matière de dépenses et d’investissements publics, de protection sociale, de pouvoir d’achat. Car, faute de pouvoir s’adapter par les taux de change, la seule variable d’ajustement est le niveau de vie populaire.

Oh, mais ça n’a rien à voir avec l’Europe, protestent les bonnes âmes, il faut juste « faire le ménage chez nous », réduire nos déficits, créer les conditions pour que les entreprises « regagnent en compétitivité » et « reconstituent leurs marges » (leurs profits) ; celles-ci pourront alors mieux exporter, et investir. Les embauches ne manqueront pas de suivre, et l’on dynamisera ainsi la croissance.

Or non seulement ces dogmes, codifiés notamment dans le traité européen de 2012 sur « la stabilité, la coordination et la gouvernance », ne « réussissent » pas, mais ils enfoncent le pays. Car, quand on paye moins un fonctionnaire, quand on supprime un lit d’hôpital (et les emplois qui vont avec), quand on rogne la pension d’un retraité, c’est autant d’argent non pas « économisé », mais qui manque dans l’économie. L’OFCE a souligné ce paradoxe : c’est quand l’austérité s’est accentuée que le déficit a été le moins réduit : de 0,9% entre 2011 et 2013, alors que la diminution avait été de 2,3% lors de la (petite) relance de 2009-2010.

Même le très austéritaire Haut conseil de finances publiques (HCFP) estime que « les mesures d’économies, concentrées sur le début de la période 2015-2017, pourraient peser davantage que prévu par le gouvernement sur la croissance à court terme ». Quant aux 40 milliards promis aux entreprises, le HCFP doute que leur « impact sur la compétitivité suffise à compenser les baisses de coûts observées dans d’autres pays européens ». Bref, la surenchère dans « l’allègement du coût du travail » piloté par Bruxelles est sans fin...

« La croissance, c’est ce qui nous manque. (...) Nous sortons de cinq ans de croissance zéro. Les dégâts économiques et sociaux sont terribles », notait le ministre des finances (Le Monde du 24/04/14) pour justifier l’accélération des orientations pilotées par Bruxelles. Pourtant, « le traité de Maëstricht se traduira par plus de croissance, plus d’emplois, plus de solidarité » assurait en août 1992 son prédécesseur à ce poste.

Qui s’appelait déjà Michel Sapin.

PIERRE LÉVY

Éditorial paru dans l’édition du 29/04/14 du mensuel Bastille-République-Nations
Information et abonnements : www.brn-presse.fr
Pierre Lévy est par ailleurs l’auteur d’un roman politique d’anticipation dont une deuxième édition est parue avec une préface de Jacques Sapir : L’Insurrection

»» http://www.brn-presse.fr/#Cinq_01a.L
URL de cet article 25463
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Cuba, Fidel et le Che - ou l’aventure du socialisme
Danielle BLEITRACH, Jacques-François BONALDI
Voilà notre livre, il est enfin sorti de l’imprimerie, tout chaud comme un petit pain… Il faut que je vous explique de quoi il s’agit, comment se le procurer s’il vous intéresse et comment organiser des débats autour si bien sûr vous êtes en mesure de le faire… Danielle Bleitrach D’abord sachez que ce livre inaugure une collection du temps des cerises, collection qui portera le nom "aventure du socialisme" Je reviendrai sur cette idée du socialisme comme aventure. L’idée donc du livre (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Si notre condition était véritablement heureuse, il ne faudrait pas nous divertir d’y penser.

Blaise PASCAL

La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.