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Indymedia Paris et les "antifas" soumis au détecteur de mensonge

Depuis quelques années nous avons vu fleurir de nombreux groupuscules se réclamant de la lutte antifasciste. Mais s’agit-il d’une protestation de bonne foi ? Ces activistes sont- ils les dignes héritiers de l’antifasciste historique, celui issu de la coalition de partis de gauche à l’origine de la formation du Front populaire qui, sous l’occupation, résista à l’Allemagne nazie et au régime de la collaboration ? Quelles sont leurs sources ? Leur raisonnement tient-il debout ? Qui se cache derrière ?

I- L’alerte antifasciste : décryptage d’une manipulation

L’alerte (pseudo)-antifasciste s’apparente à une chasse aux sorcières maccarthyste, déguisée en combat contre le racisme. Elle est menée par quelques publications aux méthodes insidieuses et bien rodées (voir la propagande néoconservatrice déguisée en gauche progressiste). Derrière une façade pétrie d’idéaux et de symbolique d’inspiration libertaire, il s’agit pourtant bien d’outils de propagande néoconservatrice, donc raciste et guerrière.

Le procédé utilisé par de faux antifascistes mais vrais néoconservateurs est simple : une campagne médiatique haineuse contre une personne ou un groupe, avec pour seuls arguments l‘amalgame, l’insinuation et le procès. Par le biais d’un tract ou d’un article infamant, ces soi-disant défenseurs des libertés tentent, par exemple de faire annuler une conférence si elle sort de la ligne éditoriale des néoconservateurs.

Exemples d’alertes : Alerte antifasciste paris.indymedia ou encore Alerte antifasciste Rebellyon.info

Les personnes décriées, intimidées, diabolisées, ont pour seul point commun la contestation du leadership étatsunien sur le reste du Monde, et de la politique d’apartheid et de spoliation du gouvernement israélien contre le peuple palestinien. Nous retrouvons constamment les mêmes cibles : Des gens de gauche, de droite et d’extrême droite, systématiquement assimilés sans distinction. Par ailleurs, l’extrême droite y représente un point d’ancrage argumentaire permanent, signe d’une manipulation évidente également en usage dans les rangs des réseaux néocons comme nous allons le voir.

A- Une source néoconservatrice commune à ces pseudo alertes antifascistes

A la source des alertes, nous retrouvons généralement le blog administré par Rudy Reichstadt « Conspiracy Watch », le doigt inquisiteur qui sert de grille de lecture à l’ensemble des protagonistes de la galaxie néocons. Pour le contenu de leurs alertes, nos petites frappes rééditent en permanence le même papier et si la démarche n’était pas aussi perverse, nous pourrions parler de « comique de répétition ».

B- Trois marqueurs révélateurs de l’idéologie contenue dans la pseudo alerte antifa

1. Parmi les dossiers antimusulmans, Rudy Reichstadt cite 22 fois le MEMRI, l’officine de propagande néoconservatrice, considéré par beaucoup de médias de gauche américains comme l’usine à fabriquer du consentement occidental aux guerres pétrolifères et de l’islamophobie. Rappelons que l’on retrouve au sein du MEMRI des acteurs décisionnels de la gouvernance G.W. Bush (dossier complet ici). Dans son utilisation du MEMRI, Rudy Reichstadt se paie même le luxe de battre le site d’extrême droite Riposte Laïque, qui pourtant n’est pas avare dans le domaine de la haine antimusulman.

2. La recherche « Pierre-André Taguieff » sur le moteur de recherche du site Conspiracy Watch donne 69 résultats. Or, Monsieur Taguieff était un théoricien zélé du Cercle de l’Oratoire, groupuscule intellectuel omniprésent dans les médias français pour vous faire avaler la pilule des guerres bushiennes en Afghanistan et en Irak, grâce à l’image d’intellectuels de gauche de certains de leurs membres. Il y a encore quelques mois, Monsieur Taguieff était administrateur du site d’extrême droite Dreuz.info (dont les auteurs affichent une islamophobie décomplexée), et bien entendu le MEMRI représente aussi une source de premier choix pour Dreuz.

3- Palestinian Media Watch, l’autre site de propagande antimusulmane, est géré par Itamar Marcus, un israélien qui vit dans une colonie d’Efrat en Cisjordanie située en territoire palestinien, en violation du droit international. Jusqu’à récemment, Itamar Marcus occupait le poste de vice-président de la Caisse Centrale d’Israël (Central Fund of Israël), une ONG de droite basée à New York, en réalité en charge du financement des groupuscules colons israéliens les plus violents. Ces dernières années, Itamar Marcus est l’auteur de nombreux rapports douteux, censés documenter une agressivité palestinienne à l’égard d’Israël. Ces rapports témoignent d’une diabolisation dans le but d’empêcher la création d’un Etat palestinien.

Source : Israel News | Haaretz, Israel News | Haaretz, CounterPunch

Palestinian Media Watch est présent deux fois sur Conspiracy Watch, et exploité à l’extrême par Dreuz, la continuité idéologique du site de Rudy Reichstadt. Mais la palme revient au site du CRIF qui se réfère abondamment à Palestinian Media Watch, il n’y a donc rien de très surprenant de voir cette agence être soutenue par le CRIF, qui visiblement n’est pas très regardant sur l’origine de ses sources et détient, selon toute vraisemblance, le record français absolu pour la diffusion des dépêches du MEMRI (22 pages d’articles). Il n’est pas non plus surprenant de retrouver sur le site du CRIF Pierre André Taguieff via Dreuz, pris en flagrant délit d’insulte à la mémoire de Stéphane Hessel, sans que ce média ne soit rappelé à l’ordre par les autorités compétentes, ni dénoncé par la moindre alerte antifasciste.

Rappelons que Stéphane Hessel avait rejoint les Forces française libres en 1941. Arrêté, puis torturé, il sera déporté à Buchenwald.

II- Deux poids deux mesures, ceux que l’alerte antifasciste épargne

A. L’extrême-droite d’obédience néoconservatrice, systématiquement épargnée

Les nervis néocons déguisés en antifas épargnent donc systématiquement tout un pan de l’extrême droite Française, d’où ils tirent pourtant leurs sources théoriques.

Pas la moindre « alerte antifa » contre l’extrême droite néoconservatrice française, comme par exemple les anciens voyous du groupe Occident. Parmi eux, Xavier Raufer qui collaborait à l’Elite européenne, une revue qui faisait la promotion de l’agence portugaise Aginter-Press, contrôlée par la PIDE, la police politique du dictateur António de Oliveira Salazar. Raufer s’est depuis reconverti dans le Business sécuritaire.

Pas d’ « alerte antifa » contre Alain Robert qui constitua l’équipe dirigeante du Groupe union défense, puis d’Ordre nouveau l’année suivante. En 2004, il entre au Conseil national de l’UMP. Des cas similaires à MM. Raufer et Robert furent fabriqués et recyclés par dizaines grâce à « la planche à billets » du patronat : L’IUMM, via le duo Georges Albertini/Claude Harmel, les deux anciens du RNP, parti acquis à la collaboration avec l’Allemagne nazie.

Pour aller plus loin : Droite et extrême droite : autopsie d’un lien de consanguinité.

B. Les théoriciens de l’islamophobie, eux aussi systématiquement épargnés

En effet, pas d’« alerte antifa » non plus pour les adeptes de la théorie Eurabia. Inventé par l’essayiste Bat Ye’or, ce fantasme islamophobe voudrait nous faire croire que les élites européennes chercheraient à soumettre l’Europe au monde arabe afin de former une nouvelle entité appelée Eurabie. Cette thèse délirante fut comparée à la théorie du complot juif des Protocoles des Sages de Sion par le journaliste et écrivain Johann Hari.

Voir : Ils se revendiquent islamophobes

Egalement épargné par les « alertes antifa », le théoricien Pierre-André Taguieff, auteur et administrateur durant plusieurs années de l’officine de propagande de Bat Ye’Or, DREUZ.info. Rappel sans appel : « Deux millions de musulmans en France, ce sont deux millions d’intégristes potentiels. » Pierre-André Taguieff, France Inter, 1997.

Pourquoi les antifas n’alertent-ils pas contre le racisme non voilé de Finkielkraut ?

III- Ceux qui sont ciblés par l’alerte antifasciste

A- Pourquoi les militants anti-guerres de gauche en sont arrivés à accepter les bombardements de l’OTAN ?

Domenico Losurdo est un philosophe qui enseigne l’histoire de la philosophie à l’université d’Urbino (Italie). Dans une chronique publiée sur son blog, intitulée « du mensonge dans le cadre de la machine de guerre impérialiste », Losurdo décrypte la rhétorique belliqueuse qui a servi à justifier un grand nombre d’interventions de l’Occident ces dernières années :

« L’année 1989 est celle où le passage de la société du spectacle au spectacle comme technique de guerre se manifestait à l’échelle planétaire. Nicolae Ceaucescu est encore au pouvoir en Roumanie. Comment le renverser ? Les médias occidentaux diffusent massivement dans la population roumaine les informations et les images du « génocide » opéré à Timisoara par la police précisément de Ceaucescu. Deux ans après, en 1991, survenait la première guerre du Golfe. La situation n’était pas facile pour le Pentagone (et pour la Maison Blanche). Il s’agissait de convaincre de la nécessité de la guerre une population sur laquelle pesait encore le souvenir du Vietnam. Alors généreusement ou fabuleusement récompensée, une agence publicitaire trouvait remède à tout. Elle dénonçait le fait que les soldats irakiens coupaient les « oreilles » aux Koweitiens qui résistaient. Mais le coup de théâtre de cette campagne était ailleurs : les envahisseurs avaient fait irruption dans un hôpital « en sortant 312 nouveau-nés de leurs couveuses et en les laissant mourir de froid sur le pavement de l’hôpital de Koweït City » (Macarthur 1992, p. 54). Brandie à l’envie par le président Bush junior, réaffirmée au Congrès, avalisée par la presse la plus autorisée et jusque par Amnesty international, cette information si horrible mais si circonstanciée aussi, au point d’indiquer avec une précision absolue le nombre de morts, ne pouvait pas ne pas provoquer une bouleversante vague d’indignation : Saddam Hussein était le nouvel Hitler, la guerre contre lui était non seulement nécessaire mais urgente même et ceux qui s’y opposaient ou étaient récalcitrants devaient être considérés comme des complices, plus ou moins conscients, du nouvel Hitler ! L’information était évidemment une invention savamment produite et diffusée, et pour cela justement l’agence publicitaire avait-elle bien mérité son argent. »

L’article complet : Industrie du mensonge et guerre impérialiste

B- Les "mauvais régimes" selon les imposteurs maquillé en antifascistes

Ils ont été soigneusement sélectionnés par les administrations américaines successives, largement inspirées par le texte néoconservateur fondateur du PNAC, un document édifiant que chacun devrait avoir à l’esprit avant de lire une « alerte antifa » ou un article géopolitique. Ces pays sont désormais parqués dans un univers médiatique consensuel qui les désigne depuis 2000 sous le nom d’Axe du Mal, sémantique illustrant une terreur de Satan et donc une guerre religieuse, ce qui a de quoi sidérer quand on se veut une démocratie laïque. Les pays sélectionnés font l’objet de sanctions diverses restreignant leur activité économique et/ou subissent une invasion barbare occidentale mortifère. Pour repérer les discours faussement antifascistes des vrais, il suffit d’observer les pays que ces alertes ciblent … et surtout ceux qu’elles épargnent. En effet, les publications « antifas » tentent toujours de mobiliser les opinions de gauche contre tous les opposants aux guerres d’ingérence (fussent-ils de gauche et d’extrême-gauche, voire anars), et pratiquent « l’indignation humanitaire sélective » ou le grossier mensonge par omission. Sous les paroles d’apparence libertaire et toujours sous un prétexte humanitaire culpabilisant, la police de la pensée néoconservatrice est omniprésente.

C- Syrie : point Godwin pour un massacre

Lorsque « Indymedia Paris » titre sa chronique « Alerte antifasciste Lille conférence de soutien à Bachar-el-Assad », en substance la méthode est habituelle et consiste à faire croire qu’il y a un rapprochement entre le Parti Baas Syrien, la gauche anti-impérialiste pacifiste, et l’extrême droite dont une partie reste antisioniste. Pour ce faire, la novlangue néocons usuelle se fonde sur l’utilisation du point Godwin, lui-même appuyé sur l’idée que le dirigeant désigné à la vindicte planétaire (par des coalitions variables sous contrôle de l’OTAN) est un nouvel Hitler et que celui ou celle qui pense que la paix passe par la diplomatie est un négationniste voire un nazi. Pour ce faire, il convient de placer des mots magiques tels que « Hitler », « Staline », « Rouge-brun » et autres anathèmes dans un minimum d’espace, se dispensant ainsi de tout argument politique puisque l’adversaire est un infâme avec qui il ne convient pas de dialoguer. Ce dessin de Fakir illustre avec humour ces campagnes d’infamie par la méthode de l’amalgame :

D- Une propagande identique servit de prétexte en Irak

En 2002, les membres du cercle de l’oratoire diffusaient un message digne de la novlangue Orwellienne de "1984". Le but, à cette période, était de faire la promotion de la guerre menée par Bush en Irak avec une constante invariable en toile de fond : le Front National, monstre utile des néocons français, qui leur permet de faire oublier leur propre monstruosité. Pour faire la promotion d’une guerre, il ne faut surtout pas négliger d’assimiler tout pacifiste à l’épouvantail FN. Pascal Bruckner, André Glucksmann et Romain Goupil écrivaient :

« Force est de constater que l’antiaméricanisme n’est pas un accident de l’actualité ou la simple réticence face à l’administration de Washington, mais le credo d’une politique qui soude les uns avec les autres, en dépit de leurs divergences, le Front national et les Verts, les socialistes et les conservateurs, les communistes, les souverainistes… A droite comme à gauche, ils sont rares ceux qui n’ont pas cédé à ce "nationalisme des imbéciles" qui est toujours un symptôme de ressentiment et de déclin. »

1. « Saddam Hussein utilise des gaz de combat » (comme en Syrie) :

Le lecteur n’aura pas manqué de remarquer que la méthode développée est adaptable au cas syrien, nous aurions pu prendre pour titre « Assad utilise des gaz de combat sur sa population ».

En réalité, si Saddam Hussein a bien utilisé des gaz à des fins militaires, ce fut dans les années 80, contre les troupes iraniennes. En aout 2013, le magazine Foreign Policy apporte d’ailleurs la preuve que les Etats Unis avaient connaissance de ce crime de guerre dès 1983.

Cependant, les Etats-Unis attendront 20 ans avant de s’en offusquer, et à ce moment là, aucune expertise n’a pu confirmer que l’Irak était toujours en possession d’un tel arsenal, et encore moins qu’il ait eu quelque intention guerrière à l’égard d’une autre nation ni à l’égard de son propre peuple.

Qu’à cela ne tienne, nous sommes priés de ne pas contester le bien-fondé du subterfuge abject mis en œuvre par le gouvernement US pour assaillir l’Irak sans raison morale, dans le discours que le débat public surnommera « l’affaire du flacon d’urine ». La motivation géostratégique à désorganiser un pays pour y gérer les puits de pétrole et la reconstruction est pourtant transparente à tout lecteur de bonne foi.

2. « Le régime irakien opprime son peuple »

Si le régime irakien n’était pas un régime souple, les pires crimes infligés à la population irakienne ne sont pas imputables à Saddam Hussein mais à l’alliance atlantique. On estime qu’entre 1991 et 2003, un million d’enfants irakiens sont morts suite à l’embargo imposé par les Etats-Unis. La liste des produits interdits allait de simples denrées alimentaires à la quasi totalité des produits pharmaceutiques. En 1996, ce crime fut assumé par Madeleine Albright, secrétaire d’État de l’administration Clinton. Des informations qui ne posent pas le moindre problème de conscience à nos super résistants « antifas ». 10 ans plus tard, la Libye puis la Syrie ont droit au même traitement de mauvaise foi : l’intervention des intellectuels français.

IV- Leur but non-avoué : interdire le débat public contre le néocolonialisme

"Les guerres ne commencent pas par des bombes, elles commencent par des médias-mensonges".

Le journaliste Michel Collon lutte contre la désinformation et ces guerres d’ingérences. Il s’en explique dans de nombreux articles sur son site Investig’Action. Pour cette raison, il est souvent en première ligne face aux chantres de l’idéologie néoconservatrice déguisés en antifascistes.

Selon lui, la propagande de guerre repose sur 5 principes :

  1. Occulter l’histoire
  2. Occulter les intérêts économiques
  3. Diaboliser l’adversaire
  4. Présenter notre camp comme n’attaquant pas un peuple, mais seulement un dirigeant
  5. Monopoliser l’information, empêcher le vrai débat

Ces principes, on les retrouve dans tous les conflits, affirme Collon. Il illustre ses propos en réexaminant plusieurs cas de propagande en Yougoslavie, en Afrique, ainsi qu’au Proche et au Moyen-Orient.

La leçon à en tirer : toutes les guerres sont économiques. Les raisons humanitaires ne sont faites que pour emporter l’adhésion des populations des pays agresseurs.

Les 5 principes de la propagande de guerre

V- L’exemple type : Indymedia Paris soumis à l’épreuve du détecteur de mensonges

Pour le lecteur inattentif, peu au fait de la géopolitique, ou crédule, ce site semble relayer des informations d’inspiration libertaire, anarchiste, humanitaire et antiraciste. Une source antifa s’il en est, mais a priori seulement. Car ce que nous avons vu plus haut n’est pas une anecdote : nous avons soumis Indymedia Paris à son propre moteur de recherche en guise de détecteur de mensonge par omission :

Comparons les résultats de recherche pour « Hugo Chavez » (une liste entière d’articles qui l’attaquent directement) et pour « Arabie saoudite » (trois articles critiques) ou « Qatar » (une critique directe de ce régime). Nos « antifascistes » sont très bruyants quand il s’agit de désigner les cibles choisies par les néoconservateurs et leurs théoriciens fascisants (Rassemblement solidarité Syrie devant l’Ambassade d’Iran – paris indymedia).

A- Les régimes réellement fascistes épargnés

En revanche, l’émirat du Qatar qui de facto possède tous les critères d’un régime fasciste, reste lui miraculeusement épargné par la critique alors même que notre régime entretient en notre nom des relations privilégiées avec ses gouvernants. Dans ce régime, la liberté d’expression est soumise à des restrictions strictes, des cas de torture sont régulièrement signalés, les femmes continuent de subir des discriminations et des violences, dans la législation et en pratique, et les travailleurs migrants, qui forment la majorité de la main-d’œuvre, sont exploités et maltraités. Ainsi, le lundi 21 octobre 2013, 15 années de prison furent confirmées pour le poète Mohamed Ibn Al Dheeb, qui a écrit un poème considéré comme critique envers la famille royale.

Autre allié historique des occidentaux généralement épargné par les imposteurs, l’Arabie Saoudite. Liée aux États-Unis par des intérêts financiers depuis la ratification du Pacte de Quincy en février 1945, cette monarchie absolue autoproclamée est l’un des régimes les plus violents que l’Histoire du monde ait connu, comme par exemple sur le dossier accablant des violences faites aux LGBT. Pas de commentaire sur Indymedia Paris, voir les résultats de la recherche. A l’exception de quelques rares notes, les atrocités commises par le Royaume wahhabite ne semblent pas être prioritaires sur ce site.

Une omission révélatrice quand nous comparons ce traitement avec celui qui fut réservé à l’ancien président socialiste du Venezuela Hugo Chavez. Il est instructif de constater qu’un site puisse dépenser autant d’énergie pour s’acharner sur un chef d’un Etat laïc qui a échappé à un coup d’état organisé par les États-Unis grâce au soutien de son peuple. Et malgré des problèmes récurrents (approvisionnements, corruption, inflation, banditisme, insécurité), le Venezuela a su fait des efforts pour développer une vraie structure sociale et des services jusqu’aux villages les plus reculés.

Ci-dessous l’illustration de notre soutien réel aux monarchies du Golfe :

B- L’assimilation du défenseur des opprimés à un oppresseur fasciste

S’il est assez aisé de voir que le « néolibéralisme » a remplacé le « capitalisme » dans le vocabulaire des élites gouvernantes contemporaines, les autres euphémismes et exagérations de la novlangue néocon ne sont pas toujours aussi faciles à reconnaître. Cela correspond malheureusement à une technique de déculturation politique des lecteurs par le vol des mots issus des luttes populaires. Maxime Vivas milite contre les guerres impériales et est coadministrateur du site Le Grand Soir. Le journal revenait en 2012, à l’occasion d’un débat sur les médias libres, sur la campagne de diffamation dont il avait été victime : une action menée par plusieurs médias qui se présentent comme appartenant à la « gauche » dont certains pratiquent « l’alerte antifa » : Rue89, Charlie Hebdo, article 11, CQFD et le site lyonnais Rebellyon, qui conclut comme à l’accoutumée : « les fachos hors de nos quartiers, pas de quartier pour les fachos ». On pourrait en rire quand on connaît la plume de Maxime Vivas et la ligne éditoriale du Grand Soir, mais au final cette dérive est extrêmement dangereuse. En effet, des slogans qui parlent « d’écraser les fachos » (alertes antifascistes), ou des encouragements guerriers tels que « pas de quartiers » (rebellyon) sont susceptibles de faciliter le passage à l’acte de castagneurs contre des cibles ainsi désignées et qui, de plus, sont tout sauf fascisantes.

A l’occasion de cette rencontre, Maxime Vivas expliquait aussi le rôle de Reporters sans Frontières (RSF) au service d’une cause sans rapport avec les objectifs affichés. Il dévoile les paravents de RSF en dollars, il revient longuement sur la personnalité de Robert Ménard, ancien président de RSF et peut-être futur Maire de Béziers, soutenu aujourd’hui par le Front National.

La face cachée de Reporters sans frontières

VI- Extrême droite en Ukraine : sans surprise, pas d’alerte antifa

La volonté US d’annexer l’Ukraine

Pour comprendre l’intérêt des stratèges pour l’Ukraine, il faut avoir lu "Le grand échiquier", du théoricien Zbigniew Brezinski. Il déclare sans ambage "celui qui gouverne le heartland (l’Europe de l’est et le continent nord asiatique) domine l’île monde (le Nord riche, l’Eurasie et les sources d’énergies) et qui gouverne l’île monde domine le monde [...] Le pivot géopolitique est un Etat dont l’importance tient moins à sa puissance réelle et sa motivation qu’à sa situation géographique sensible et sa vulnérabilité potentielle."

Pour ce géostratège qui a conseillé les présidents Carter, George W. Bush et Obama, l’Ukraine est l’un de ces 5 pivots. Et il a des projets pour elle : "L’indépendance de l’Ukraine modifie la structure de l’Etat russe. De ce seul fait, cette case importante de l’échiquier géopolitique est un pivot : sans l’Ukraine, la Russie n’est plus un empire en Eurasie."

Repassons Indymédia Paris au détecteur de mensonges par omission. Sans plus de surprise nous ne trouvons pas le moindre dossier sur les néo-nazis en Ukraine qui sont pourtant bien présents dans le gouvernement actuel non élu de Kiev.

Rappelons qu’en 1998, lors d’une conférence, Brezinski déclarait : "L’Ukraine constitue l’enjeu essentiel (pour soumettre l’Eurasie) [...]. Si l’occident devait choisir entre une Ukraine démocratique et une Ukraine indépendante, ce sont les intérêts stratégiques et non des considérations démocratiques qui devront déterminer notre position."

Conclusion :

Il arrive que l’histoire se répète, les corbeaux sont là pour nous le rappeler : à l’instar des militants de l’extrême droite identitaire des années 60 et 70 qui produisaient des brochures anonymes anti-Mitterrand et anti-communistes via la « Société d’Etudes et de Recherches Visuelles d’Impression » financée par l’UIMM (la caisse noire du patronat), les petites frappes de la nébuleuse néocon utilisent la même stratégie d’intimidation. Une seule différence : la couleur des publications, adaptée à notre époque. Elles ont viré aux couleurs libertaires et altermondialistes, dans des publications qui se réclament de l’antifascisme. Pour le reste, très peu de différences : le corbeau de droite d’hier était un jeune cogneur nostalgique du colonialisme, alors que le néo-corbeau d’aujourd’hui est un défenseur acharné du néocolonialisme guerrier sur fond de thèses fascistes. Cependant, vous en conviendrez, l’erreur serait impardonnable de confondre quelques barbouzes au service de la pensée néoconservatrice prédatrice et fascisante avec le véritable esprit libertaire, solidaire et pacifiste. Pour cette raison, il nous a semblé utile de rappeler le sens de ces valeurs en laissant la conclusion de ce billet à un illustre anarchiste :

»» http://anticons.wordpress.com/2014/...
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C’est très dur d’être libre lorsqu’on est acheté et vendu sur le marché. Bien sûr, ne leur dites jamais qu’ils ne sont pas libres, parce qu’alors ils vont se mettre à tuer et estropier pour prouver qu’ils le sont. Pour sûr, ils vont vous parler, et parler, et parler encore de droits individuels. Mais lorsqu’ils voient un individu libre, ça leur fout les jetons.

Jack Nicholson, dans le film "Easy Rider"

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