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Bush a recours aux méthodes de Nixon. Détruire les Incroyants, par Brian Cloughley - Counterpunch.


[ L’autre jour, Sarkozy s’est rendu dans une cité difficile. La cité des 4000, à la Courneuve. Il a dit qu’il allait "nettoyer la cité" et "vous allez voir ce que vous allez voir". Alors nous on attendait, peinards, histoire de voir Superman à l’oeuvre. Et puis l’incroyable s’est produit : il est monté dans une limousine et il est parti. Ca c’est du propre.

Mais je m’égare car, en France, n’oublions qu’une véritable information c’est :

"En été, il fait chaud. Et quand il fait chaud, ça donne soif".
Viktor Dedaj]



Bush a recours aux méthodes de Nixon
Détruire les Incroyants

Counterpunch, 21 juin 2005.


Ceux qui tentent de mettre en doute ou contredire Bush Washington, même sur des sujets mineurs, sont condamnés. Ce sont les Incroyants, et à cause de leur indépendance d’esprit, ils seront pourchassés sans merci par les charlatans psychopathes qui ont un grand pouvoir au sein d’une administration qui s’est dégénérée en un cirque monstrueux d’arrogance, de tromperie et de malveillance. Le massacre perpétré par les fanatiques vise à détruire les carrières et la réputation de tous ceux qui osent remettre en cause les mensonges et la fourberie du Charlatan en Chef. Peu importe la réputation des victimes ; il importe peu qu’ils aient été durant des dizaines d’années des serviteurs fidèles de la Constitution des États-Unis ; et peu importe qu’ils soient reconnus dans le monde entier comme des personnalités intégres.

L’imperium Bush-Cheney ne tolére ni la dissidence, ni la remise en question.

Sans considération des dégâts occasionnés aux individus, à leurs organisations, collègues, amis et familles, les Incroyants doivent être éradiqués. Le fait que la plupart des Incroyants soient des étrangers ajoute une petite dose de bonne conscience dans ce processus de démolition. Le psychisme Américain est dans un tel état d’hystérie xénophobe que n’importe quelle accusation à l’encontre d’un étranger sera crue, surtout si l’étranger est - horreur - un musulman travaillant pour les Nations Unies.

Une bonne partie des persécutions menées par les pseudos-chrétiens intégristes de Washington commencent ici chez nous, là où l’affaire de l’agent secret de la CIA, Valérie Plame, a été oubliée par les médias américains. En Grande-Bretagne, on aurait vu des journalistes d’investigation fouiner partout pour démontrer la bassesse de ceux qui ont lâché (oubliez le mot "dévoilé", car nous avons affaire ici à de la politique de haut niveau) son identité, mettant ainsi sa vie en danger - mais pas autant que celles de tous ses contacts, réalisés durant toutes ces années dans tous ces endroits exotiques et menaçants. Nous ne saurons pas combien sont morts d’une mort horrible juste parce que son identité fut lâchée par des traîtres. Son crime anti-bushien fut celui d’être mariée à un homme qui mit en doute les mensonges ridicules de Bush sur les armes nucléaires inexistantes en Irak et qui faisaient partie du grand rideau de fumée concocté par Cheney et Rice.

Le mari de Plame, un ancien ambassadeur, avait dit la vérité, et devait donc être puni. Ils ne pouvaient pas l’atteindre personnellement, et bien qu’ils aient mené des enquêtes sur lui, ils ne pouvaient rien lui faire, du moins officiellement. Alors comment lui faire payer son insolence envers le Grand Dirigeant ?

La réponse est simple - à condition d’avoir le cerveau fait comme un tas d’excréments chié par une bande de babouins souffrant d’un cas aigu de diarrhée. Ce qu’on fait dans ces cas, c’est de détruire la carrière de son conjoint, et c’est ce qu’ils ont fait. Comme je l’ai déjà écrit, n’importe quelle équipe du FBI aurait pu rapidement découvrir l’identité de l’ordure qui avait trahi Mme Plame. Mais l’enquête traîne depuis plus d’un an et il est peu probable qu’il y ait le moindre procès contre les salauds qui ont trahi leur pays, parce ce sont des fidèles de Bush.

Avec regret, nous ne parlerons pas des nombreux cas des analystes de la CIA qui ont été virés au cours de la dernière année parce qu’ils refusaient de jouer le jeu de Cheney-Bush. Ils perdraient jusqu’au dernier centime de leurs pensions de retraite s’ils parlaient. (Mais au moins un d’entre eux est en train de rédiger ses mémoires à publier après sa mort). Alors continuons avec l’infâme Bolton et sa petite et mesquine entreprise de démolition de M. Jose Bustani, ancien chef de l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques (OIAC).

Personne ne se souvient de Bustani, mais c’est lui qui défendait l’idée d’envoyer les inspecteurs de l’ONU en Irak en 2002. Le président Cheney-Bush n’en voulait pas parce que cela aurait démontré, et c’est effectivement ce qui a finalement été démontré, que l’Irak n’avait pas la moindre dose d’armes chimiques à expédier pas plus que les missiles pour les envoyer. (La plus drôle est que Bush a déclaré que Saddam Hussein ne voulait pas des inspecteurs en Irak, ce qui était un mensonge éhonté, et que c’est Bush lui-même qui a interdit aux inspecteurs de l’ONU d’entrer dans le pays depuis l’invasion. Haut c’est bas, noir c’est blanc, et le mensonge devient vérité à Bushland.) Alors Bolton, l’homme que Bush veut nommer comme son représentant au Nations Unies (ce serait drôle si ce n’était si scandaleux) a appelé M. Bustani sur un ton "menaçant".

Il fut dit que M. Bustani "n’était pas réceptif aux positions des États-Unis et d’autres pays". Le terme "autres pays" signifie le premier ministre Britannique, à savoir Tony Blair, le petit taré menteur, manipulateur et pervers qui s’entend bien avec Bush Washington.

Bolton exigeait que Bustani nomme des Américains (approuvés par Bolton) dans son équipe et que le résultat d’une inspection (éventuelle) de l’ONU soit modifiée, mais sans succès. Alors Washington menaça de retirer son financement à l’OIAC si M. Bustani restait à sa tête. Puis les États-Unis insistèrent lors d’une session extraordinaire de l’OIAC, après avoir obtenu le vote des membres par la corruption et la menace. Ils ont ainsi réussi à faire virer M. Bustani un an avant la fin de son mandat. (Je suis heureux de vous annoncer que son pays l’a nommé ambassadeur en Grande-Bretagne, mais je doute qu’il aura beaucoup de contacts avec les officiels de Blair).

Ce fut une victoire facile pour Bush et Blair. Une petit problème de plus était ainsi réglé. Une chose à la fois, se dit Washington : maintenant que nous nous sommes débarrassés d’un gêneur, cherchons un nouveau Incroyant à persécuter.

Voici donc l’histoire à peine croyable d’un autre homme intégre qui fut viré parce que Washington le savait intègre. Et l’homme n’a pas seulement été viré, mais son poste fut supprimé. Commençons par une petite biographie.

"Cherif Bassiouni, Professeur de Droit à l’Université DePaul (Chicago) est président de l’Institut International des Droits de l’Homme de DePaul., l’Institut des Hautes Etudes de Sciences Pénales à Syracuse, Italie, et de l’Association Internationale de Droit Pénal à Paris... (traduction littérale à vérifier - NDT). De 1995 à 1998, il était vice-président de la Commission de l’Assemblée Générale de l’ONU pour la création d’une Cour Internationale de Justice et en 1998 fut élu président de la Commission. Le Professeur Bassiouni est l’auteur de 54 livres et de 176 articles d’analyses sur les questions de droit... Il a reçu de nombreux honneurs, dont l’Ordre du Mérite de la République Autrichienne (1990), etc, etc. En 1999, il fut nominé au Prix Nobel de la Paix pour son travail en faveur d’une Cour de Justice Internationale".

M. Bassiouni est véritablement une figure internationale reconnue.

Cheney, Rice, Bush, Rumsfeld et tout le reste de la bande de tarés ne lui arrivent pas à la cheville. D’abord, il parle plusieurs langues. (Rappelez-vous comment Rice, supposée experte sur la Russie et parlant couramment le Russe, confondit les mots "oui" et "non" au cours d’une entrevue à la télévision Russe. Je doute que le Professeur Bassiouni ferait la même erreur en Anglais, Arabe ou Français, les langues qu’il maîtrise le mieux) Mais les gens de Bush ont réussi à le faire virer de son poste à l’ONU en tant qu’enquêteur indépendant pour les Droits de l’Homme en Afghanistan. Ca n’a pas été facile de le faire virer, bien-sûr. Il a fallu passer par plusieurs étapes, et la première fut aussi étrange que les suivantes.

D’abord, Washington tenta d’arrêter toute l’enquête sur les violations des droits de l’homme en Afghanistan. Ensuite, lorsqu’il devint évident qu’une telle demande était grotesque, parce que le pays est un véritable foyer de persécutions, particulièrement contre les femmes, ils exigèrent - tenez vous bien - que les soldats US soient exclus du champ d’investigation sur les violations des droits de l’homme. Et ceci - et là ça devient carrément surréaliste - après les révélations sur les tortures infligées par les soldats US sur les détenus illégalement emprisonnés dans l’enfer d’Abu Ghraib.

Mais le Professeur a offensé les intégristes bien avant de se rendre en Afghanistan. Il avait été, n’est-ce pas, un fervent défenseur du Tribunal Pénal International. Cet organisme est craint et détesté par la bande à Cheney et Bush parce qu’il pourrait un jour demander des comptes aux soldats US pour des atrocités et crimes de guerre si la justice US refuse de les inculper pour de tels motifs. Aux yeux de la bande Cheney-Bush (et aussi à ceux de plusieurs millions d’américains), il n’est pas concevable que des soldats US soient jugés par des étrangers, quelles que soient les atrocités commises.

Le Professeur Bassiouni était donc par définition un ennemi majeur du projet impérial de Cheney et Bush. Un Incroyant. Il fallait donc l’éliminer.

Son rapport sur les violations des droits de l’homme en Afghanistan ne fut même pas mentionné par la plupart des médias US (ça, ce n’est pas nouveau), mais le quotidien britannique The Independent raconta que "le rapport (Bassiouni), rédigé après un an de voyages à travers le pays en interrogeant les Afghans, le personnel des ONG et la Commission Afghane des Droits de l’Homme, estima qu’environ 1.000 Afghans avaient été détenus et accusaient les troupes US d’être entrées de force dans leurs maisons, d’avoir arrêté les occupants et de les avoir maltraités."

Ca, c’était au mois d’avril. Depuis, nous avons entendu des histoires sur les horribles tortures et même le meurtre d’Afghans par les soldats US. J’ai déjà écrit sur ce sujet, mais je crois qu’il est utile de rappeler ici un paragraphe :

"C’était une plaisanterie pour les soldats US que de voir leurs prisonniers Afghans impuissants mourir d’une mort lente, souffrir l’enfer pendant plusieurs jours de suite sous les coups des soldats ou les attaques des chiens avant d’être achevés. Les documents remis au New York Times contenaient une citation terrifiante concernant un des hommes torturés et tués. "Tout le monde l’entendait hurler et trouvait ça drôle." Maintenant on nous dit qu’il s’agissait de soldats "jeunes et peu entraînés", comme si cela pouvait servir de justification à la torture et au meurtre. "Oh, excusez-moi pendant que je vous enfonce ce manche à balai dans le cul, mais je suis jeune et peu entraîné." La première phrase de l’article de Tim Golden résume tout : "Tandis que le jeune Afghan mourrait sous leurs yeux, ses geôliers américains continuaient à le torturer." Est-ce possible ? Sommes nous réellement en train de parler de soldats de l’armée des États-Unis ?"

Peut-on encore être humain lorsque l’on torture un humain mourant et qu’on en rit ? Qui étaient ces douzaines d’Américains si viles, si grotesques et barbares qui trouvaient "drôle" de voir un homme hurler désespéramment de la douleur qu’ils lui infligeaient ?

Il n’y a pas de justification, même pas celles de Cheney/Rumsfeld selon lesquelles des informations peuvent être extirpées des restes d’un cerveau agonisant et d’un corps mutilé qui avaient été délibérément mutilés par une bande de militaires dégénérés et rigolards. Il n’y pas d’autre terme pour désigner une telle action qu’une violation de droits de l’homme.

Les tortionnaires étaient des soldats US à qui Bush a décidé d’épargner une enquête indépendante. Il n’est donc pas surprenant que le Commandant en Chef et ses hommes tentent par tous les moyens de dévier le cours de la justice, parce que, selon un rapport officiel US sur les atrocités : "Les porte-paroles de l’armée ont réaffirmé que les deux hommes étaient morts de mort naturelle, alors même que les médecins légistes de l’armée avaient qualifié ces morts d’homicides."

L’Armée US a touché le fond en matière de mensonges. Elle a touché l’essence même du mensonge et de la malhonnêteté. Personne ne pourra jamais plus faire confiance à l’Armée US, plus jamais. En tout cas, pas avant que toute cette vermine ne soit nettoyée, comme cela s’est passé après la guerre du Vietnam, lorsque l’Armée des États-Unis recouvrit son honneur - qu’elle a depuis perdue de la manière la plus honteuse.

Alors le Professeur Bassiouni (ayant la citoyenneté américaine et égyptienne) devait être discrédité, sali et viré. Ce qui fut fait. Et les raisons de son éviction et de la suppression du poste d’enquêteur sur les Droits de l’Homme en Afghanistan nous sont données par la source habituelle US "qui préfère garder l’anonymat". L’officiel anonyme a déclaré que "la situation des droits de l’homme en Afghanistan n’est plus préoccupante" et que dans le meilleur des cas, Bassiouni était en train "d’en faire trop" pour "étoffer son curriculum".

Ce genre de mensonge insultant et malveillant fonctionne presque partout aux États-Unis, et il a été diffusé par la machine de propagande des pétroliers veules de Washington.

Contrairement aux effluves fétides diffusées par les porte-paroles de l’équipe Cheney-Bush, la situation des droits de l’homme en Afghanistan est catastrophique. La vie est un enfer pour celui qui n’est ni un chef de guerre ni un baron de la drogue (les deux vont généralement de pair), ni un associé, ni un fonctionnaire de l’état, ni un membre grassement payé (comme ils le sont tous) d’une organisation d’aide étrangère ou d’un bureau de conseil. Il n’y a plus de loi, sinon celle des petits chefs locaux, il n’y a plus de droits, sauf pour les puissants et leurs acolytes. Le pays est un trou noir en ce qui concerne les droits de l’homme. Et l’Armée des États-Unis a fait de son mieux pour préserver les bonnes vieilles traditions afghanes de torture et de persécution des faibles dans les prisons secrètes où on interdit les visites à ceux comme le professeur Bassiouni. Il n’est pas étonnant qu’ils ne l’aient pas laissé visiter les prisons hideuses où des soldats US torturent et se
rient de leurs victimes agonisantes.

Et quant à accuser le Professeur Bassiouni de produire un rapport juste pour embellir son Curriculum... Un telle chose ne peut être imaginée que par l’esprit le plus bas, le plus tordu, le plus sordide qu’on puisse trouver... (NDT : le texte original est encore plus "fleuri"...) On n’arrive pas à imaginer que même les sbires de Bush puissent tomber si bas. Mais si, ils le peuvent.

Le Professeur Bassiouni écrivit "... il faut mettre un terme à l’habitude des forces de la Coalition [lire des États-Unis car il n’y a pas de troupes étrangères impliquées dans les tortures et les meurtres] de se considérer au-dessus des lois." Mais c’est aux agissements du Professeur Cherif Bassiouni qu’on mit un terme. Ce qui montre que tous ceux qui osent remettre en cause le projet impérial de Cheney-Bush devront payer le prix auprès des fanatiques déments dont la mission sacrée consiste à éliminer les Incroyants.

Brian Cloughley


Brian Cloughley writes on military and political affairs. He can be
reached through his website www.briancloughley.com

 Source : www.counterpunch.org/cloughley06212005.html

 Traduction : Cuba Solidarity Project<BR>
http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr/html/


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"Je ne sais pas."

Secrétaire d’Etat des Etats-Unis Colin Powell.
Interrogé pour savoir s’il aurait été favorable à une invasion de l’Irak
en sachant de ce dernier ne possédait pas d’armes de destruction massive.

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