Femmes tunisiennes, que de luttes vous avez menées,
Petites filles, bien avant la puberté,
Adolescentes, célibataires ou mariées,
Souvent, toutes seules, incomprises, bafouées
Parfois, humiliées, violentées, malmenées,
En famille, à l’école, au travail, en société,
Dans un monde qui est gouverné et dominé
Par une gent masculine brutale et bornée,
Sans parler de votre quotidien à trois journées :
Famille-maison-emploi, qu’il faut toujours gérer,
Mais, sans cesse, combatives, dignes et décidées.
Votre condition s’est substantiellement améliorée
Avec la promulgation du Code du Statut Personnel
Code dont le contenu vous a donné des ailes
Pour recouvrer votre liberté, votre dignité
Mais, les conflits sont, hélas, loin d’être terminés !
En vérité, votre combat est aussi pour les autres,
Puisque votre bien-être est également le nôtre,
Dont dépendent le vivre-ensemble et sa sérénité,
La douceur de la vie, le progrès social et ses qualités,
Car, si la femme est soumise et exploitée,
En gaspillant ses innombrables capacités,
En se passant de ce qu’elle pourrait nous donner,
Cela porte préjudice à toute l’humanité
Comme l’avait écrit un certain Averroès *
Son message prophétique est d’actualité
Avec ces bigots, farfelus, illuminés
Qui ont essayé de troquer l’égalité
Contre leur cynique complémentarité,
Ceux-là mêmes qui attendent d’obtenir la majorité
Aux élections prochainement programmées
Pour nous imposer leur modèle tout préparé.
Leur plus profond fantasme est de vous enfermer
Dans les ténèbres du voile noir des niqabées
Mais, sachez que les tunisiens libres sont à vos cotés
Dans votre lutte pour vos droits et libertés
Pour ne leur laisser aucune opportunité
De réaliser leur moyenâgeux projet.
Le combat que tous ensemble il faudrait mener
Ne devrait pas uniquement se limiter
Aux questions liées à la citoyenneté
Et à la sphère théologique et juridique
Mais, il doit aussi englober le politique,
Les médias, le social et l’économique
Sans négliger le domaine didactique
Car, l’égalité ne peut être instaurée
Que si l’on arrive à bannir, à éradiquer
Tous les tenants et aboutissants archaïques
De l’idéologie de ces schizophréniques
Qui sont en plus socialement pathologiques.
Leur passé récent nous a clairement démontré
Qu’avec eux, l’islam conciliant ne peut exister
Que quand ils sont en dehors de la majorité
Ou bien, électoralement en compétition
Ou alors à l’étranger faisant leur promotion.
En outre, ils sont incapables d’imaginer
Votre réelle nature, vos virtuosités
Et les contributions que vous pourriez apporter
Pour le bien-vivre-ensemble, pour l’améliorer
Ils rejettent ce que toutes les études ont prouvé,
À savoir que votre bien-être est la voie royale
Pour atteindre le bien-être humain intégral.
Qu’ils soient islamistes pacifiques ou djihadistes
Ils vivent encore à l’époque esclavagiste
Où le rôle de la femme se limite à enfanter
Et sa raison d’être se réduit à sa sexualité,
Comme l’ont déclaré sans aucune ambiguïté
Leurs Grands gourous et en particulier Ghannochet **
Leur fixe idée, leur obsession, leur point oméga
Sont ceux des islamistes de toutes nuances
Ils se résument à la Sharia-toute-la-Sharia,
Avec au bout khalifat de wahhabite obédience,
Avec ses coutumes barbares, inconnues dans nos contrées,
Pédophilie, excision,... et adultes allaités ***,
L’antinomique de notre sunnisme modéré
Qui a opté pour l’État moderne et sa civilité.
Ils voudraient enterrer, à jamais, notre modernité,
Produit, soi-disant, de notre occidentalité,
En nous ramenant quatorze siècles dans le passé,
En reniant notre Histoire, notre tunisianité,
Nous amputant d’une partie de notre identité,
Inscrite dans notre ADN et son hélicité,
En dehors de notre musulmane-arabité
Qui n’a pas besoin d’être rappelée et prouvée,
Ni d’être l’objet de surenchères politisées,
Héritage témoignage de notre cohabitation,
Apports des générations qui nous ont devancés,
Données indéniables de notre filiation,
Composantes acquises que nous n’avons pas à renier,
Représentées, entre autres, par Didon, alias Élyssa,
Par Hamilcar et son fils Hannibal Barca,
Par Perpétue et sa campagne Félicité,
Tertullien, Cyprien et Augustin,
Fondateurs de l’aube de la Chrétienté,
Avec les trois papes maghrébins,
Victor, Miltiade, Gélase, leur Sainteté
Sans oublier l’intrépide Kahina,
Et pour finir, Raoul Journo, Albert Memmi,
Tahar Haddad, Georges Adda et Bourguiba,
Nabiha Ben Miled, Habiba Menchari,
B’chira Ben Mrad, Tawhida Ben Cheïkh et cetera
Qui nationaliste ? Qui féministe ? Qui égérie ?
Architectes de nos acquis du siècle dernier
Et bêtes noires des islamistes autorités.
Notre Peuple est tellement riche et diversifié
Qu’il va de soi que j’ai omis d’autres caractéristiques
Qui ont fait de nous ce que nous sommes en réalité,
Caractéristiques culturelles, cultuelles ou génétiques,
De berceau vandale, byzantin, espagnol, turque, maltais,
Italien, bosniaque, français, sub-saharien, agnostique, athée,...
Aussi, Mesdames et Messieurs les constituants, vous pouvez légiférer :
Nous sommes ce que nous sommes, vous ne pourrez rien y changer !
Femmes de mon pays, je suis convaincu plus que jamais
Que notre Tunisie de la liberté retrouvée
Ne pourra survivre qu’avec votre volonté
Et l’égalité avec entière réciprocité,
Que dans la Troïka qui vient de nous gouverner
Réside le ferment de tous les risques et dangers
Conduisant à vous asservir, à vous aliéner.
En conséquence, femmes de mon pays, où que vous soyez,
Luttons ensemble pour l’Unité-rien-que-l ’Unité
De toutes les forces démocratiques et de progrès
Afin qu’elles se présentent ensemble, unies et soudées
Pour élire notre président et nos députés.
Que nos politiques surmontent toute velléité,
Toute discorde et toute ambition personnalisée
Pouvant avantager les forces de l’obscurité.
Mais, déjà, autour de nous, faisons circuler
La consigne à ne pas, absolument, oublier,
L’appel qui, aux élections, aura priorité,
Auprès de nos mères, pères, filles, fils, et moitié,
Cousines, cousins, sœurs, frères, par le sang ou de lait,
De toutes nos connaissances et liens de parenté,
Y compris, nos collègues de travail, notre épicier,
Marchand de légumes, boulanger, ...,voisin de palier :
Votez pour les nôtres, sinon, pour qui vous souhaitez,
Exceptés les islamistes, cachés ou déclarés,
Et les politiques qui n’ont pas su honorer
Les responsabilités que le Peuple leur a confiées,
Ainsi que ceux qui ont terni notre image appréciée
Partout, auprès de l’internationale communauté,
Par leurs comportements rocambolesques incontrôlés,
Jusqu’à nous diviser, nous offenser de l’étranger
Via l’IMA, France Info, Al Jazeera,...interposés,
À l’instar de R’Adolf Ayadi et assimilés,
Tartour, les députés CPR et ses rescapés
Qui se sont révélés politiquement islamisés
Et les candidats qui sont à distance manipulés
Par Al Jazeera ou par Al Mustakillah télé.
Rien n’est mieux pour terminer
Que quelques vers inspirés
Par l’amant d’Elsa Triolet
Et sa maxime réputée :
L’avenir du Printemps tunisien est la femme,
Elle est son combat, son garde-fou et ses espoirs
Sans elle, il perdra son essence et sa flamme
Et sera vaincu par ces hordes aux drapeaux bleu ou noir,
Marchands de religion dont le problème, au fond de l’âme,
Est : Elle, la femme, toujours la femme, rien que la femme !
Quelque part, début mars 2014
Salah HORCHANI
* Averroès précurseur du Féminisme !
« Nous ne faisons pas assez pour l’épanouissement des femmes. Les considérer comme étant seulement aptes à enfanter et allaiter peut nuire à notre prospérité, alors qu’elles ont d’énormes capacités, que nous avons étouffées par la situation de dépendance dans laquelle nous les avons mises, et qu’elles peuvent contribuer efficacement à la vie de la cité.
N’oublions pas qu’elles constituent les deux tiers de l’humanité : si on laisse ces deux tiers vivre comme des plantes ou vivre en parasite sur le compte du tiers restant, cela ne peut que conduire nos cités à la ruine et au malheur ».
Ce magnifique Texte d’Averroès (1126-1198) a été traduit par moi-même, et ce, à partir du livre de Khalil Charf-Eddine : « Ibn Roshd, al-shu‘aa al akhir » (Averroès, le dernier rayon de lumière), Dar al-Hilal, Beyrouth, 1988.
** "La femme est un simple objet sexuel " par Rached Ghannouchi
« La femme est un simple objet sexuel. La différence entre les deux sexes repose, essentiellement, sur les fonctionnalités sexuelles, et les spécificités de la femme tournent autour de ses fonctions sexuelles (...) Chaque spécificité de la femme a un lien avec sa fonction sexuelle ou est le résultat de cette fonction, essentielle chez la femme et qui est le fondement de la nature féminine, alors que toute autre caractéristique reste secondaire, tout aussi fondamentale soit-elle » (sic).
Traduction à partir de la page 50 du livre de Rached Ghannouchi écrit en arabe sous le titre « Al maraa beina al Qoraan wa waqea al muslimin » (La femme entre le Coran et la réalité des musulmans), Maghreb Center for Researches and Translation, London, 2001.
*** Voir, par exemple, l’article intitulé « Les femmes saoudiennes forcées d’allaiter les hommes pour pouvoir les fréquenter », paru sous le lien suivant :
http://www.slate.fr/story/22779/arabie-saoudite-allaitement-hommes-adultes