RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Derrière ces étudiants se cache l’opposition putschiste

Salim Lamrani, Docteur ès Etudes ibériques et latino-américaines que nous avons interrogé sur les événements du Venezuela, exprime à El Watan étudiant une opinion alignée. Il considère pour sa part que les Etats-Unis jouent un rôle majeur dans la déstabilisation du Venezuela. Et que les étudiants contestataires ne sont pas représentatifs de l’ensemble du monde universitaire.

-Selon vous, quel serait le poids réel en termes de représentativité et de mobilisation des étudiants protestataires ?

Les actuelles manifestations au Venezuela sont une inquiétante réminiscence des événements d’avril 2002 qui avaient débouché sur un coup d’Etat contre le gouvernement démocratiquement élu du président Hugo Chávez. Rappelons qu’en 2002, des protestations similaires organisées par la droite vénézuélienne avaient fait plusieurs victimes aussi bien parmi les partisans du gouvernement que parmi ses détracteurs. La suite est connue de tous : une partie de l’armée en connivence avec les médias privés du pays et l’opposition radicale ont rompu l’ordre constitutionnel et imposé une dictature qui n’a heureusement duré que 48 heures grâce à la mobilisation massive du peuple.

Il ne faut pas se voiler la face, derrière ces étudiants – qui sont loin d’être représentatifs de l’ensemble des étudiants du pays – se cache l’opposition putschiste et antidémocratique – soutenue politiquement et financièrement par les Etats-Unis – qui a toujours refusé d’accepter la volonté populaire depuis 1998. Le but est de déstabiliser le pays afin de justifier par la suite un coup de force. Etant donné que la droite vénézuélienne est incapable depuis 1998 de prendre le pouvoir par la voie démocratique, elle opte pour la violence.

-Quelle est la part de légitimité à l’aspiration démocratique dans la contestation des étudiants qui manifestent dans les rues de Caracas contre la « vie chère et l’insécurité » ? Est-on devant une nouvelle confrontation qui oppose l’opposition libérale aux chavistes, accusés « d’absolutisme » par jeunes interposés ?

Dans l’histoire de l’Amérique latine, aucun gouvernement n’a disposé d’une aussi grande légitimité démocratique que celle d’Hugo Chávez, qui avait remporté 16 scrutins sur 17 en 15 ans. Pourtant, il était massivement décrié par les médias occidentaux qui en ont présenté une image caricaturale, loin de la réalité du processus bolivarien. Il me semble que la manière dont les médias occidentaux présentent la Révolution bolivarienne constitue l’un des plus grands échecs du journalisme. L’actuel président, Nicolás Maduro, a été élu lors d’un scrutin démocratique reconnu par les plus éminentes institutions internationales, de l’Union européenne en passant par l’Organisation des Etats américains et le Centre Carter.

Depuis son arrivée au pouvoir en avril 2013, il y a eu deux processus électoraux et il en est sorti vainqueur en toute transparence. L’insécurité et la vie chère sont un prétexte pour justifier des actes violents. Il est curieux de noter que les taux de criminalité les plus élevés se situent dans les Etats gouvernés par l’opposition. Quant à la vie chère, elle est due en grande partie aux spéculateurs qui accaparent des produits de première nécessité afin de créer artificiellement des pénuries. Les autorités ont pris des mesures actives pour lutter contre ces dérives qui constituent de graves délits. Parler d’« absolutisme » au Venezuela, dans un pays où 80% des médias sont privés et où l’opposition contrôle de larges secteurs de l’économie n’est pas sérieux.

-Le Venezuela est-il en train de vivre un printemps latino ou est-ce un énième épisode de ce qu’on appelle la « Guerre froide 2.0 » ? Quel serait le rôle réel des Etats-Unis dans les événements qui secouent le Venezuela ?

La démocratie vénézuélienne est en grand danger du fait des activités violentes et subversives de l’opposition. Le pouvoir se gagne dans les urnes et non pas par le crime. Les Etats-Unis jouent un rôle majeur dans la déstabilisation du Venezuela. Il s’agit-là du cinquième producteur mondial de pétrole et l’arrivée au pouvoir de Chávez a permis au pays de retrouver sa souveraineté politique, économique et énergétique. Désormais, les richesses nationales sont destinées à la majorité et non plus uniquement aux multinationales étasuniennes et à l’oligarchie pétrolière du pays.

-La division politique qui marque le Venezuela depuis l’arrivée de Chavez a-t-elle fini par scinder la jeunesse vénézuélienne en deux camps qui s’affrontent avec deux notions antagoniques de la « révolution » ?

Aucun gouvernement vénézuélien n’a autant fait pour la jeunesse du pays que celui d’Hugo Chávez et Nicolás Maduro, que ce soit en termes d’éducation, de santé, d’accès à la culture et aux loisirs. Les manifestations de certains étudiants – l’immense majorité procédant des classes aisées du pays – ne sont pas représentatives de l’ensemble du monde universitaire. La Révolution bolivarienne, les 80% de la population qui n’avait pas voix au chapitre auparavant.

-Comment conjecturez-vous la suite des événements ? Y a t-il un risque d’enlisement vers une situation d’instabilité sécuritaire dans la région ?

Toute l’Amérique latine a condamné les violences au Venezuela et rejette les tentatives putschistes de l’opposition. Les institutions sont fortes au Venezuela et les dirigeants ont 15 ans d’expérience dans la lutte contre la subversion. De toute manière, l’Amérique latine n’acceptera jamais un autre 11 avril 2002 (coup d’Etat contre Chávez).

»» http://www.elwatan.com/hebdo/etudia...
URL de cet article 24626
   
Même Auteur
Etat de siège. Les sanctions économiques des Etats-Unis contre Cuba
Salim LAMRANI
Début du chapitre IV Les citoyens étasuniens sont autorisés à se rendre à Cuba mais il leur est strictement interdit d’y dépenser le moindre centime, ce qui rend quasiment impossible tout séjour dans l’île. Le Département du Trésor considère donc tout voyage dans l’île comme une violation de la législation sur les sanctions économiques, à moins que les personnes ayant visité Cuba puissent démontrer qu’elles n’y ont effectué aucun achat. La justice étasunienne poursuit sans relâche les (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"De toutes les ironies exprimées par la politique étrangère américaine, notre position vis-à -vis de Cuba est la plus paradoxale. Une forte dégradation de la situation économique a provoqué une poussée du nombre de Cubains entrant illégalement aux Etats-Unis.

Nous faisons tout ce que nous pouvons pour détériorer la situation économique et ainsi accroître le flux. Nous encourageons également cet exode en accordant aux Cubains, qui arrivent illégalement ou qui s’approchent par voie de mer, un statut de résident et une assistance pour s’installer.

Dans le même temps, nous n’avons pas respecté les quotas de visas pour les Cubains désireux d’immigrer aux Etats-Unis [...] quand Castro tente d’empêcher des cubains malheureux de quitter leur pays infortuné, nous l’accusons de violer des droits de l’homme. Mais quand il menace d’ouvrir grand les portes si nous continuons à accueillir sans limites des cubains sans visas - y compris ceux qui ont commis des actes de violence pour aboutir à leurs fins - nous brandissons des menaces imprécises mais aux conséquences terribles. "

Jay Taylor, responsable de la section des intérêts américains à Cuba entre 1987 et 1990, in "Playing into Castro’s hands", the Guardian, Londres, 9 août 1994.

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.