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L’avertissement de Fukushima : une leçon pour le reste du monde. (Democracy Now !)

De Tokyo : « J’écris ces mots de la façon la plus objective possible, avec l’espoir qu’ils servent d’avertissement au monde », écrivait d’Hiroshima, le journaliste William Burchett. Son article, intitulé : »La Plaie atomique », fut publié le septembre 1945 dans le journal London Daily Express. Burchett réussit à éviter le blocage militaire américain d’Hiroshima et fut le premier journaliste à visiter la ville dévastée. Il écrivit alors : « Hiroshima ne ressemble pas à une ville bombardée. C’est comme si un gigantesque rouleau compresseur lui était passé dessus et l’avait aplatie jusqu’à la faire disparaitre ».

Voyageons 66 ans dans le temps, jusqu’au 11 mars 2011, et situons- nous à presque 1000 kilomètres au nord d’Hiroshima, dans la ville de Fukushima, après le grand tremblement de terre qui secoua l’est du Japon et provoqua un tsunami ce jour là. Comme nous le savons maintenant, l’impact initial qui provoqua 19 000 morts et disparus fut seulement un début. Ce qui commença comme un désastre naturel se changea rapidement en un désastre provoqué par l’homme, après que l’un après l’autre, les systèmes de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi tombèrent en panne. Trois des six réacteurs’effondrèrent et commencèrent à libérer de la radiation dans l’atmosphère et l’océan.

Trois ans plus tard, le Japon souffre encore des effets du désastre. Plus de 340 000 personnes sont devenues des réfugiés nucléaires, et ont dû quitter leur maison et leur travail. Le réalisateur de cinéma Atsushi Funahashi fit le documentaire « Nation nucléaire : l’histoire des réfugiés de Fukushima ». Dans le film, Funahashi suit des réfugiés de la localité de Futaba où se trouve la centrale nucléaire Fukushima Daiiti pendant l’année qui suit la catastrophe. Le gouvernement a relogé les personnes qui vivaient à Futaba dans une école abandonnée près de Tokyo où elles vivent entassées, partagent des espaces communs, vivent à plusieurs familles dans une même pièce, et reçoivent de la nourriture en boite trois fois par jour. J’ai demandé à Funahashi quelles perspectives de futur avaient ces 1400 personnes. « Peu, vraiment. La seule chose que leur dit le gouvernement c’est qu’ils ne pourront pas retourner à Futaba avant au moins 6 ans ». On donna aux familles la permission de retourner chez eux pour prendre leurs affaires personnelles mais pour deux heures seulement. Comme l’avait fait Wilfred Burchett, Funahashi dut enfreindre l’interdiction de voyager dans les zones dévastées par l’accident nucléaire afin de capturer avec sa caméra les moments douloureux du retour au foyer de l’une de ces familles. Funahashi me raconta qu’une famille lui donna un des quatre laissez-passer qu’ils avaient pour pouvoir se rendre à Futaba. « J’avais essayé de négocier avec le gouvernement, mais je n’ai pas obtenu la permission de me rendre là-bas. Aucun journaliste ni documentaliste n’a eu le droit de se rendre dans la zone, mais je m’entendais très bien avec cette famille .Ils m’ont dit : « On a quatre laissez-passer et on va en utiliser seulement deux, pourquoi n’y allons nous pas ensemble ? ». Et Funahashi partit avec cette famille.

Le refus du Gouvernement d’accorder un laissez-passer à Funahashi révèle un autre problème qui est apparu depuis le tremblement de terre, c’est la pratique du secret. Le Premier Ministre conservateur du Japon, Shinzo Abe promulgua une loi controversée de secrets d’Etat en décembre 2013. A Tokyo, le professeur de l’université de Sophia Koichi Nakano remarque au sujet de cette nouvelle loi : « Evidemment cette loi concerne surtout les mesures de sécurité et antiterroristes, mais quand les paramètres ont changé il fut de plus en plus évident que l’interprétation de ce qu’est réellement un secret d’état peut être quelque chose de très arbitraire, que les chefs de gouvernement définissent avec pas mal de liberté. Par exemple, la loi permet de surveiller à leur insu, les organisations citoyennes qui s’opposent à l’énergie nucléaire ainsi que l’arrestation de ses membres. »

Depuis que le désastre nucléaire a eu lieu, un fort mouvement de base qui réclame le démantèlement de toutes les centrales nucléaires du Japon a surgi. Naoto kan, qui était Premier Ministre du Japon au moment de la catastrophe a expliqué comment sa position au sujet du nucléaire a changé : « Ma position avant le 11 Mars 2011 était que tant qu’ont était assurés que les centrales fonctionnaient de façon sûre, elles pouvaient et devaient exister. Toutefois, après avoir vécu le désastre, j’ai changé radicalement d’opinion. Les accidents, comme les accidents d’avion peuvent avoir lieu. Et parfois des centaines de personnes meurent dans un accident, mais aucun autre type d’accident ou de désastre ne pourrait affecter 50 millions de personnes. Peut-être une guerre, mais aucun autre type d’accident ne peut provoquer une telle tragédie ».

Le Premier Ministre actuel, chef du Gouvernement le plus conservateur depuis la deuxième guerre mondiale, veut réactiver les centrales nucléaires du Japon malgré la forte opposition populaire. A Tokyo, on manifeste chaque jour devant son domicile.

Assis sur les décombres d’Hiroshima en 1945, le journaliste indépendant Wilfred Burchett écrivait : « On reste avec une sensation de vide à l’estomac face à une dévastation d’une telle magnitude provoquée par l’homme ». Les deux attaques avec la bombe atomique des Etats-Unis contre la population civile de Hiroshima et de Nagasaki, ont encore aujourd’hui de graves effets sur la société japonaise. De la même façon, le triple désastre du tremblement de terre, du tsunami et l’actuel désastre nucléaire affectera plusieurs générations. La dangereuse trajectoire qui va des armes nucléaires à l’énergie nucléaire est mise en question par un mouvement populaire grandissant qui réclame la paix et la durabilité. C’est une leçon pour le reste du monde.

Amy Goodman et Denis Moynihan

http://www.democracynow.org/blog/2014/1/16/fukushima_an_ongoing_warning_to_the

Traduit de l’espagnol http://www.rebelion.org/noticia.php?id=179633 par Irisinda

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Je n’ai aucune idée à quoi pourrait ressembler une information de masse et de qualité, plus ou moins objective, plus ou moins professionnelle, plus ou moins intelligente. Je n’en ai jamais connue, sinon à de très faibles doses. D’ailleurs, je pense que nous en avons tellement perdu l’habitude que nous réagirions comme un aveugle qui retrouverait soudainement la vue : notre premier réflexe serait probablement de fermer les yeux de douleur, tant cela nous paraîtrait insupportable.

Viktor Dedaj

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