Claude Vigée : un poète d’une extrême finesse. Il est né Claude Strauss en 1924 en Alsace où il a connu un premier exil intérieur entre le dialecte alsacien, le français et la culture juive. Chassé par la guerre, il séjourne à Toulouse où il milite dans un mouvement de résistance juive, puis se réfugie aux États-Unis en 1943 où il devient professeur de littérature française à l’université Brandeis. Il s’installe en Israël en 1960. Il revient vivre à Paris en 2001.
Pacifiste, Claude Vigée a participé à une anthologie de poèmes pacifistes dans laquelle a paru un poème sur la guerre du Liban, La voix des jeunes soldats morts.
En 2008, son œuvre poétique intégrale est publiée aux éditions Galaade sous le titre Mon heure sur la terre, titre tiré de l’un de ses poèmes. Ce volume est salué par la Bourse Goncourt de la Poésie.
Dormir, ne plus savoir,
Contre la tentation de la mort enfantine
Je me rassemble des quatre coins de la terre
Pour me faire un foyer de lumière durable,
Pour accéder au feu doré de la parole
Qui dépasse tout souvenir
Et rend, comme un beau corps, la mémoire inutile.
(Canaan d’exil, 1962).