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Les riches à l’ouest, les pauvres à l’est

La répartition physique des catégories sociales dans l’espace parisien ne doit rien au hasard. Explications de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, directeurs de recherche au CNRS, membres du Laboratoire « Cultures et sociétés urbaines ».

Tout piéton arpentant les 87 km2 – à peu près circulaires – de Paris a vite fait de s’en apercevoir : malgré un processus d’embourgeoisement qui fait tache d’huile, l’est et, surtout, le nord de la ville continuent d’abriter une majorité de quartiers populaires, quand l’ouest s’octroie la plupart des quartiers chics. Une distribution sans aucun rapport, quoi qu’en dise la rumeur, avec les vents dominants qui soufflent sur la capitale et rabattraient les « miasmes des nantis » sur les défavorisés !

« Cette répartition physique des catégories sociales dans l’espace parisien, qui se prolonge d’ailleurs en banlieue (les communes bourgeoises sont essentiellement à l’ouest et les villes ouvrières forment un arc de cercle qui va du nord au sud en passant par l’est), tient au fait que le flanc occidental de la capitale a été tardivement urbanisé, expliquent Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon. Le village de Monceau, par exemple, fut annexé en 1860. Sur des terrains encore agricoles, on construisit ce quartier où l’opulence s’étala sans complexe de part et d’autre de l’enceinte des Fermiers Généraux1 dans la fièvre immobilière impulsée par Haussmann ». À quoi s’ajoute le fait « que les grands bourgeois ne se réapproprient quasiment jamais un habitat qui n’a pas été conçu pour eux ».

Autre ligne de fracture : l’opposition rive droite/rive gauche, la première occupant, avec 14 arrondissements, les deux tiers de la capitale (soit 57 km2, sans les bois), la seconde, avec 6 arrondissements, le tiers restant (30 km2). « Une dissymétrie ancienne, visible déjà dans le dessin des enceintes fortifiées », rappellent les deux experts aux yeux desquels « Paris est d’abord une ville de la rive droite ». Mais attention : si cette dernière a longtemps symbolisé le monde des affaires, présence de la Bourse oblige, et la rive opposée le pré carré des intellectuels, les choses évoluent, lentement mais sûrement. « Certes, l’Université règne au sud de la Seine où l’on trouve, outre la Sorbonne, Censier, Jussieu, Tolbiac ainsi que de nombreuses grandes écoles (Ponts et Chaussées, Normale Sup, Sciences Po…). Toutefois, Paris-Dauphine loge sur la rive droite, 118 théâtres sur 151 y fleurissent et une partie du cinéma a ses bastions dans le 8e qui accueille des maisons de production et leurs salles de projections privées ».

Ajoutez à cela moult galeries d’art contemporain à l’est, près de la Bastille, la présence de grands éditeurs (Julliard, Robert Laffont, Seghers) au nord et de l’AFP à deux pas de la Bourse. Inversement, les grandes marques du luxe ont franchi en force la Seine et « grignotent les terres anciennes de l’existentialisme » à Saint-Germain-des-Prés où Dior a supplanté la mythique librairie Le Divan, haut lieu des intellos rive gauche-lacaniens. Tout un symbole. Et si l’on dénombre davantage de rallyes BCBG dans les somptueux hôtels particuliers de la rue de Varenne et de mariages en grandes pompes à la mairie du 16e, « le 15e et le 7e, plus bourgeois que culturels, abritent aussi des familles de la bonne société, jeunes et dans l’air du temps dans un cas, traditionnelles et aristocratiques dans l’autre ».

1/ Construite peu avant la Révolution, cette enceinte fiscale (et non militaire) avait pour vocation d’empêcher la contrebande et d’assurer la perception de l’octroi sur les denrées comestibles, les boissons, les combustibles et les matériaux de construction qui entraient dans Paris.

»» http://www2.cnrs.fr/presse/thema/592.htm
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