Le billet dénonce, à juste titre, la lâcheté récurrente du gouvernement et de Hollande face aux manifs vociférantes d’une droite extrême et largement catho (tiens, ceux-là ne choquent personne et on prétend même que la France s’est depuis longtemps débarrassée de la religion), quand les revendications légitimes des travailleurs sont ignorées ou méprisées, et que le même gouvernement poursuit sa politique destinée à remplir les poches du patronat.
Alors que le fascisme est à nos portes, qu’est-ce qui indigne la pseudo-gauche ? Tout comme la droite extrême, qui s’agite depuis des mois : le mariage homo, qu’elle n’a toujours pas digéré.
Et avec les mêmes arguments réactionnaires et revanchards.
Que se passera-t-il quand la contraception et l’avortement seront menacés ? Cette même gauche laissera-t-elle faire ? Ce serait bien dans la logique de ses priorités.
Et comme la droite-extrême, cette gauche d’opérette, aveuglée par la haine de l’autre, ne s’est même pas renseignée sur ce en quoi consistait ce projet de loi.
Or, le projet de loi sur la famille ne contenait ni la PMA, ni, a fortiori, la GPA, ce que le gouvernement a confirmé en déclarant qu’ils ne discuteraient de la PMA que dans 2 ou 3 ans (aux calendes grecques, donc - quand la droite sera repassée triomphalement avec l’appui intéressé de l’extrême droite, cathos intégristes y compris, ou que l’armée aura renversé ce gouvernement légal par défaut, cela, avec l’aval d’une gauche en perdition).
Matignon a également précisé : "le gouvernement s’opposera à d’éventuels amendements visant à légaliser en France la PMA et la GPA".
Alors, pourquoi toute cette agitation sur des points que le gouvernement ne comptait même pas mettre sur le tapis ?
Car, voyons ce que contenait ce projet de loi (Voir détails ici).
– La création d’un statut de beau-parent (ou de tiers, c’est-à-dire une personne ayant la responsabilité d’un enfant) ;
– L’obligation de médiation entre les deux parents, qui se déchirent parfois au moment de la séparation concernant le mode de garde, les droits de visite ou le montant de la pension aliment-aire ;
– Favoriser l’adoption simple, qui ne rompt pas les liens avec la famille biologique, dans le cas d’enfants placés dans des foyers ou des familles d’accueil sans référent familial ;
– Un accès à des informations pour les enfants nés sous X ;
– Une réflexion sur la pré-majorité.
Rien de révolutionnaire, on devrait s’en douter, rien qui soit susceptible de renverser l’ordre établi de la société franchouillarde patriarcale judéo-chrétienne.
Mais on préfère se donner le grand frisson avec des sujets qu’on ne maitrise même pas, pourvu que les homos restent à la place qui leur a été assignée.
Un accord sur la PMA, procréation médicalement assistée, aurait simplement permis aux couples d’homosexuelles d’avoir accès à l’insémination artificielle ou à d’autres méthodes leur permettant de procréer.
C.à.d., si on réfléchit un peu, à élever un enfant biologique pour l’une d’entre elles, comme les 20% (1/5) d’autres enfants qui vivent dans des familles monoparentales et les 9% dans des familles recomposées (et d’autres cas de figure difficilement chiffrables), et qui ne vivent pas dans une famille nucléaire traditionnelle – un "papa", une maman", quoi.
Pas de quoi en faire un tel pataquès.
D’autre part, si la ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti était favorable à la PMA, ni Hollande, ni Ayrault, ni Valls, ni même Taubira, entre autres, ne l’ont jamais été et n’ont pas manqué de le proclamer dans les médias (sauf, à ma connaissance, Hollande, qui laisse toujours parler les autres à sa place) .
La GPA, quant à elle, n’était même pas en débat, personne n’y étant favorable au sein de la majorité. Et parmi les féministes, la grande majorité est contre également, pour des raisons bien plus sérieuses qu’une simple insémination artificielle (voir l’argumentation ici).
Alors, si les commentaires avaient porté sur la GPA, on aurait pu comprendre qu’il y ait débat, mais là, il s’agit simplement de la volonté d’interdire l’accès à la PMA aux couples désormais légitimes d’homosexuelles.
Or, en 2013, probablement l’année qui comptera sans doute le plus de mariages homos dans l’histoire, il y a eu 7000 mariages (contre 231 000 de sexe différent, c.à.d. à peine 3 % des mariages), parmi lesquels trois couples sur cinq sont des hommes, ce qui signifie que 40% concernent les femmes, ce qui représente, donc, 2800 couples d’homosexuelles.
D’autre part, les âges des couples homos sont plus élevés que chez les hétérosexuels : 50 ans en moyenne pour les hommes et 43 ans pour les femmes.
Il est, donc, vraisemblable que la majorité de ces couples ait déjà organisé une vie commune, sans ou avec enfants, qu’un des deux soit l’un de leurs parents ou non.
La procréation grâce à la PMA pour les femmes en couple (et mariées) sera, donc, probablement infinitésimale par rapport aux près de 50 000 naissances annuelles qu’elle engendre.
Quel vacarme pour si peu !
Pour expliquer ce recul, Madame Bertinotti a déclaré : "Il était peut-être temps de mettre un terme à ce qui devenait totalement irrationnel", affirmant également "qu’on ne parlait plus de la loi famille mais de la GPA et de la PMA qui ne figuraient pas dans le texte".
Bertinotti, qui a travaillé pendant des mois avec des associations pour mettre sur pied une réforme nécessaire de l’adoption, balaye tout cela d’un revers de manche. Au grand dam de ces associations, qui voient leur projet reporté sine die.
Quand on est ministre, on se soumet ou on claque la porte.
Quant à l’’Élysée, il explique que : "il y a la nécessité de se concentrer cette année sur les questions économiques et sociales, sur le pacte de responsabilité et sur la réduction des dépenses".
Eh bien, moi, c’est ça qui me fait peur. Pas les fantasmes sur les mariages homos et leurs dérivés.