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Colombie : Le maire de gauche de Bogota destitué

Gustavo Petro

Gustavo Petro, du Pôle démocratique alternatif, a été démis de ses fonctions pour avoir retiré aux entreprises privées la concession de la collecte des ordures.

Un très mauvais coup vient d’être monté contre le maire de gauche de Bogota, Gustavo Petro. Il a été destitué et privé de fonctions publiques pendant quinze ans pour une passation de marché jugée irrégulière. Cette décision prise lundi a aussitôt suscité la colère de milliers de ses partisans rassemblés pacifiquement dans la soirée sur la place Bolivar, au centre de la capitale.

Pour la justice, et notamment pour le procureur général Alejandro Ordonez, Gustavo Petro aurait «  nui  » au patrimoine public et aux principes constitutionnels de libre entreprise et de concurrence en retirant la concession de la collecte des ordures dans la capitale à des entreprises privées pour la remettre à une compagnie publique. Le maire, élu jusqu’en 2016 sous la bannière du Pôle démocratique alternatif, a indiqué qu’il ferait appel contre cette destitution. «  Je reste le maire de Bogota jusqu’à ce qu’il y ait une décision ferme qui signifie le contraire  », a dit, dans la soirée, Gustavo Petro, qui a dénoncé un «  coup d’État contre le gouvernement progressiste de la ville  » et assuré qu’il agirait toujours en «  faveur des plus modestes  ».

Depuis le balcon de la mairie, il a salué les manifestants : «  Nous gardons la tête haute, nous gouvernons avec zéro corruption, nous démantelons les mafias, nous obtenons des avancées sociales, nous n’avons rien à regretter  », leur a-t-il lancé. Du coup, un débat public se fait jour à Bogota sur les pouvoirs démesurés des juges permettant de «  supprimer un fonctionnaire qui a été élu par le vote populaire  », comme l’a déclaré le ministre de la Justice, Alfonso Gomez, tandis que la presse parlait hier de «  sanction disproportionnée  ».

Manifestation de soutien pour Gustavo Petro, le 10 décembre à Bogota

Lors de son intervention publique, Petro n’a pas hésité non plus à lier son avenir politique au processus de paix actuellement en discussion à Cuba entre les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et le gouvernement colombien.
«  Le procureur a envoyé un message de guerre à La Havane  », a-t-il affirmé. Économiste, ancien militant au sein du M-19 (Mouvement du 19 avril), guérilla fondée en 1970 et principalement implantée dans les zones urbaines pour dénoncer la corruption et la fraude électorale, Gustavo Petro avait été arrêté et condamné en 1985 à dix-huit mois de prison pour port d’armes illégal.

Après sa détention, il s’est pleinement engagé dans le combat démocratique, devenant sénateur puis maire de la ville capitale, un symbole dans un pays déchiré par un demi-siècle de conflit armé. Mais à croire que l’homme, qui a dénoncé les scandales de la «  para-politique  », est devenu gênant. En octobre dernier déjà, quelques mois seulement après son investiture à la mairie, le Conseil d’État colombien avait rejeté une procédure de destitution le visant en raison de sa condamnation.
Petro avait fait valoir alors que les faits commis à l’époque avaient été amnistiés après la dissolution du M-19 en 1990. Le maire a été également la cible d’une pétition officielle lancée par un parlementaire de la majorité gouvernementale de droite, pour convoquer un référendum posant la question de son maintien. On sait au moins d’où le coup est parti.

Une sanction disproportionnée. La destitution de Gustavo Petro, maire de Bogota et ancien guérillero du M-19 dans les années 1980, «  est sur 
tous les plans exagérée  », affirmait hier le quotidien 
El Espectador. Cette décision a été prise le 9 décembre 
par le procureur Alejandro Ordonez, qui dirige notamment l’organisme chargé de contrôler les fonctionnaires, en raison d’«  erreurs administratives  » dans la gestion du ramassage des poubelles de la capitale. «  Cela vaut-il réellement de destituer un maire et de l’interdire de charges publiques pendant quinze ans ?  » se demande le quotidien. Des milliers de partisans du maire se sont rassemblés dans la capitale à son appel pour 
le soutenir et dénoncer «  une atteinte à la démocratie  ».

Bernard Duraud, le 11 Décembre 2013.

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François Bégaudeau
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Bill Clinton, 1996

"A travers le monde, chaque jour, un homme, une femme ou un enfant sera déplacé, torturé, assassiné ou "porté disparu", entre les mains de gouvernements ou de groupes politiques armés. Et la plupart du temps, les Etats-Unis en sont complices. "

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