Chronique de la résistance palestinienne.

Ramallah, (00h00 24 septembre heure locale) (1)(2)

Pour la troisième nuit consécutive, des milliers de manifestants palestiniens ont défié le couvre feu et sont descendu à minuit précise, manifester dans les rues de Ramallah en soutien au président Yasser Arafat assiégé dans les ruines de la présidence palestinienne et menacé de déportation.

L’action de cette nuit était d’un genre nouveau. Les manifestants tapaient avec des ustensiles de cuisine sur des casseroles ou des tambours. Des colonnes de voitures roulaient avec les clignotants allumés et klaxonnant en permanence. Les mosquées ont lancé l’appel à la prière et les églises ont sonné leurs cloches.

Les manifestants et les colonnes de voitures smnt sortis des camps de réfugiés d’Al-Amaari, Kaddoura, de Kalandia et de la vielle ville de Ramallah et se sont dirigés vers la place principale d’Al-manara, où ils se maintiennent depuis plus d’une heure sans que les soldats israéliens n’interviennent sérieusement. Quelques coups de feu ont été entendus.Les dernières infos parlent d’une colonne de blindés israéliens qui a quitté la colonie proche de Psagot et traversait la ville d’AlBireh en direction du centre de ville de Ramallah.Des manifestations similaires ont eu lieu au moins à Toulkarem et au camp de réfugiés proche de la ville.

Info du siège

Israël qui prétendait rechercher 20 puis 50 "terroristes" présents dans les bureaux du président Yasser Arafat n’a nommé que les responsables de la sécurité palestinienne dont certains ont négocié il y a plus d’un mois un arrangement appelé "Gaza D’abord". Israël a exigé aujourd’hui que le président Arafat lui remette la liste complète des noms de tous les présents dans la Moukata’a pour pouvoir déterminer qui est recherché et qui ne l’ai pas. Cette demande qui n’a de but que d’humilier le président palestinien a été immédiatement rejetée par le négociateur palestinien Saeb Arikat qui a pu rencontrer le présidant aujourd’hui.

Ariel Sharon a fait savoir aujourd’hui qu’il a interdit au représentant de la diplomatie européenne Javier Solana, arrivé hier en Israël de rencontrer le président Arafat.

Israël a arrêté la destruction du bâtiment où se trouve le président Arafat, mais les soldats ont mis le feu dans les locaux voisins du ministère de l’intérieur palestinien dans le complexe de la présidence où un énorme incendie a été vu toute la journée d’hier. L’armée israélienne a affirmé hier que la coupure d’eau et d’électricité était due à une erreur et a annoncé leur rétablissement, ce que les assiégés ont démenti hier et aujourd’hui.

Gaza (attaque israélienne, 2 palestiniens tués, 20 blessés, 2 chars détruits)

Lors d’une rencontre avec des officiers de l’armée, Sharon s’est à nouveau venté du bombardement d’un quartier très peuplé de Gaza qui a tué 15 palestiniens dont 9 enfants. Il a laissé entendre que l’armée israélienne allait envahir Gaza pour attaquer le mouvement Hamas.

Plus tard dans la soirée, l’armée israélienne a envahi des quartiers résidentiels au nord et à l’est de la ville de Gaza. 20 chars et blindés accompagnés de 2 bulldozers blindés sont entrés dans le quartier Shaja’iya à l’est de Gaza sous couvert de tirs nourris des hélicoptères Apaches, pour y démolir des maisons de martyres ou de résistants palestiniens. Des résistants palestiniens ont réussi à détruire un char Merkava de cette colonne. Un énorme explosion a retenti dans le quartier quand le char a roulé sur une charge explosive. L’armée d’occupation n’a pas encore donné des nouvelles de l’équipage du char.

Une grande bataille se déroule en ce moment dans le quartier Zaitoun où les chars israéliens sont entrés épaulés des hélicoptères de combat. Deux palestiniens, Yassine Nassar (50 ans) et un autre non encore identifié ont été tués dans le bombardement par obus de chars. La résistance palestinienne a annoncé la destruction d’un deuxième char dans le quartier Zaitoun. L’information n’a pas été confirmée.

Des sources médicales à Gaza ont affirmé qu’au moins vingt blessés ont été transportés dans les hôpitaux dont un cas très critique. Quatre autres chars sont entrés dans le quartier Nada au nord de Gaza en ouvrant le feu sur les habitations épaulés d’hélicoptères de combat.

Hébron (Les colons attaquent) (23h05, heure locale) (1) (2)

Des sources policières israéliennes ont déclaré que des dizaines de colons se rassemblaient à l’entrée de la Kasbah d’Hébron, en préparation d’une expédition punitive contre les habitants palestiniens pour se venger d’une attaque palestinienne. Plus tôt dans la journée, un palestinien a ouvert le feu sur un groupe de colons près de la mosquée d’Abraham (dite le tombeau des patriarches) tuant un homme et blessant ses trois enfants. Des centaines de colons s’étaient rassemblés dans la ville d’Hébron répondant à l’invitation du conseil des colonies, pour y défier les habitants palestiniens en défilant dans les quartiers de la vielle ville où 40 000 palestiniens vivent sous couvre feu permanent depuis des mois pour assurer la sécurité de 400 colons religieux.

Plus tôt dans la soirée, les colons ont attaqué les habitants palestiniens et saccagé des magasins et détruit des voitures. Plusieurs palestiniens ont été battus par les colons.

Rafah (3 blessés dont un enfant)

3 palestiniens ont été blessés à Rafah dont une enfant en situation critique.

Jérusalem ( grève, manifestations, plusieurs blessés)

La vielle ville de Jérusalem a observé une grève générale protestant contre le siège du président Arafat à Ramallah. L’armée israélienne a réprimé une manifestation qui a eu lieu au Bd Salheddine et au Bd Sultan Suleiman au centre ville, ouvrant le feu et lançant les bombes de gaz toxique, obligeant les commerçants à fermer leurs magasins. Trois jeunes palestiniens on éé blessés et évacués vers les hôpitaux. Leurs blessures ont été qualifiées par des sources médicales de moyennes. D’autres affrontements ont eu lieu au carrefour d’Erram non loin du barrage militaire de Kalandia où des manifestants palestiniens ont érigé des barricades pour empêcher la circulation des véhicules de l’armée d’occupation. Des témoins ont rapporté que plusieurs jeunes palestiniens ont été blessés lors d’affrontements au carrefour entre Abu-Dis et Al-Ezarya.

Chronique de l’apartheid (1)

Le journal israélien Ha’aretz a fait savoir dans son édition de ce lundi 23/09/02 qu’un site de recherche d’emploi sur Internet nommé "Travail hébreu" a commencé à fonctionner depuis 3 mois. Ce site propose des offres d’emplois réservées uniquement aux juifs revendiquant ainsi la discrimination contre les Israéliens non-juifs qui constituent près de 20% de la population. Le site comporte le nom de dizaines de sociétés qui ont annoncé que leurs portes sont fermées aux travailleurs non juifs. Parmi ces sociétés, il y a 25 compagnies de Taxi, 21 sociétés du bâtiment, 23 sociétés pour restaurer les maisons, ainsi que des stations d’essence, des salles de fêtes et de mariage. (1) http://www.arabs48.net/(2) Al-Jazeera TV

NAPLOUSE, Cisjordanie (AP)

Une bénévole britannique travaillant en Cisjordanie a déclaré lundi qu’elle avait vu un soldat israélien abattre délibérément un adolescent palestinien qui ne l’avait pas provoqué.

L’armée israélienne a indiqué qu’elle enquêtait sur les circonstances du décès de Baha Albahsh, 13 ans. Des responsables militaires ont dans un premier temps affirmé que le jeune Palestinien s’était mortellement brûlé en manipulant une bombe incendiaire. Mais, selon un médecin palestinien, l’adolescent a été tué d’une balle dans la poitrine. Ewa Jasiewics, une Londonienne de 24 ans, milite au sein du Mouvement de solidarité internationale. Cette organisation observait dimanche le comportement des troupes israéliennes à l’égard des jeunes qui bravaient le couvre-feu pour se rendre à l’école. Elle se souvient avoir vu Baha Albahsh.

"Un véhicule blindé est arrivé et s’est arrêté dans la rue, à gauche", rapporte-t-elle. "Un soldat est sorti. Je l’ai vu avec son fusil et il a mis en joue des gamins. Ils ne lançaient pas de pierres, il n’y avait pas de coups de feu à ce moment-là ". Ewa Jasiewics explique que durant le mois qu’elle a passé en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, elle a souvent vu des militaires s’entraîner à viser des gens, sans incident. Mais cette fois, ça s’est passé autrement.

"Le soldat a tiré", raconte-t-elle. "J’ai vu Baha sur le sol, il saignait de la poitrine (...). J’ai vu du sang couler de sa bouche. Nous avons appelé une ambulance. L’ambulance est venue et l’a emmené". "Ce n’était pas accidentel", selon elle. "Les soldats ont décidé de le tuer".

Le couvre-feu de Naplouse, la plus grande ville de Cisjordanie, n’a presque pas été levé depuis le 21 juin. L’armée israélienne a bouclé le territoire pour empêcher les activistes palestiniens de perpétrer des attentats contre des civils israéliens.

Safwan QASEM