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Le dix-huitième anniversaire de l’élection de Liamine Zeroual.

Il y a 18 ans, le général Liamine Zeroual a été élu « président » de la République. Si dans la forme, cette élection a suscité un certain engouement sur le plan sécuritaire, il n’en est pas de même du fond problème, la crise politique. Et pour cause ! Cette élection n’a rien changé à la nature du régime.

Au contraire, cette élection a été voulue par le général pour qu’il puisse légitimer son propre pouvoir. Car, « en démocratie, un régime politique est supposé être issu d’un parti, ou d’une coalition de partis, dirigeants l’Etat pour réaliser une politique que ce ou ces partis défendent », explique Lahoauri ADDI pour définir le système des partis. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’élection de Liamine Zeroual ne répond nullement à cette exigence.

De toute évidence, bien que « le président » candidat veuille convaincre le peuple algérien lors de sa campagne électorale (respect de la forme), son élection n’atténue pas la crise politique. La question sécuritaire étant mise en avant, le régime occulte en effet les questions de fond. En plus, en 1995, les dirigeants laissent-ils une place au débat ? La parenthèse démocratique n’a-t-elle pas été refermée quatre ans plus tôt ? Et si les services de sécurité avaient voulu vraiment se soumettre au verdict des urnes, ils auraient dû laisser se poursuivre le processus électoral de décembre 1991. Bien que le parti vainqueur ne soit pas le modèle en matière du respect des règles démocratiques, il n’en reste pas moins que sa victoire était l’émanation du peuple. Cette raison, à elle seule, suffit pour qu’il puisse diriger le pays.

Dans ces conditions, l’opposition n’a qu’à attendre son tour en menant à bien sa mission. En plus, à l’époque, l’Algérie pouvait compter sur deux figures de proue, Hocine AIT AHMED et Abdelhamid MEHRI. De toute façon, le vote sanction ne pouvant constituer un choix politique, les Algériens devraient opter, lors de la prochaine mandature, pour un programme politique défendu par des hommes probes. Or, le 12 janvier 1992, le haut commandement militaire (pour discréditer les opposants, le régime fait volontairement l’amalgame entre le haut commandement et les soldats du contingent) commet l’irréparable en déposant le chef de l’État en exercice, Chadli Bendjedid. « Le Haut Conseil de sécurité (HCS) organe consultatif, réuni en session permanente le 12 janvier 1992, a désigné un Haut comité D’État (HCE) composé de 5 membres doté de l’ensemble des pouvoirs confiés par la constitution en vigueur au président de la République », écrit pour sa part Abdenour ALI YAHIA. Dans la foulée, un conseil consultatif national (CCN), faisant office de parlement, est mis en place. Le comble de l’histoire, c’est qu’on trouve en son sein des membres qui ont été battus au premier tour des élections législatives du 26 décembre 1991.

Toutefois, pour combler le manque de légitimité des institutions, les décideurs s’engagent au respect de la durée des mandats. Quelle bonne foi tout de même ! Or, contre toute attente, le mandat du HCE est prolongé jusqu’au 31 janvier 1994. Les tractations avec Abdelaziz BOUTEFLIKA n’ayant pas abouti, les décideurs optent alors pour Liamine Zeroual. Rappelé en juillet 1993 en vue de remplacer le général NEZZAR au ministère de la Défense, le général Zeroual se voit confier la fonction suprême. Bien que l’homme soi intègre, d’après les différents témoignages, le général reproduit les mêmes méthodes que ses prédécesseurs. Dans l’exercice de ses fonctions, il s’appuie sans vergogne sur les partis du pouvoir que Lahouari ADDI décrit comme suit : « Ils sont plutôt considérés comme des appareils d’État remplissant des fonctions de stabilisation et de légitimation de l’administration auprès de la population… Le syndicat l’UGTA a la fonction d’un parti dont la particularité est de ne pas participer aux élections. » D’ailleurs, pour l’éminent sociologue, seuls le FIS et le FFS ont refusé de s’intégrer dans le moule du pouvoir. D’où les foudres du régime s’abattant sur eux.

Quoi qu’il en soit, après une année et demie de pouvoir, le général Liamine Zeroual a besoin d’une caution populaire. Bien que les trois fronts, dont l’électorat en 1991 avoisinait les 99%, aient élaboré à Rome une plateforme de sortie de crise, les décideurs préfèrent mobiliser leurs relais en vue de satisfaire la demande du général. Le 16 novembre 1995, malgré les menaces pesant sur les Algériens, les électeurs bravent la mort en allant voter.
En effet, pourvu que la violence cesse, ils sont prêts à donner leurs voix. Sans s’en rendre compte, le peuple algérien troque alors sa liberté contre sa protection. Avec cette politique de l’autruche, le pouvoir récupère les quelques droits concédés en octobre 1988.

Pour conclure, il va de soi qu’après le coup d’État de janvier 1992, le régime n’a aucune intention de restituer le pouvoir au peuple. Il n’est pas non plus prêt à se retrouver dans la même situation que celle de décembre 1991. À ce titre, l’élection de Liamine Zeroual, en dépit des espoirs suscités, ne pouvait pas apporter des changements de fond.

Cela dit, s’il y a deux choses à retenir de sa mandature, on pourra citer :

  • la création du conseil de la nation (Sénat)
  • la limitation du nombre de mandats présidentiels

Si celle-ci le disculpe de toute velléité de dictateur, celle-là offre au régime une longévité. En effet, prévenant le remake du 26 décembre 1991, les rédacteurs de la constitution de septembre 1996 bloquent toute éventualité de changer la constitution sans l’aval du « président, en donnant à ce dernier le soin de désigner 1/3 de sénateurs. Douze ans plus tard, le successeur de Liamine Zeroual reviendra sur la seule loi, l’article 74 en l’occurrence, donnant une apparence démocratique au régime algérien. Non content de détruire les espaces de liberté restant, Abdelaziz Bouteflika, malgré un état patibulaire, ne lâche pas la pression. En un mot : s’il en reste un espace infinitésimal de liberté, le régime actuel s’y emploie de toutes ses forces pour l’anéantir.

Ait Benali Boubekeur

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