RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
10 

Constitution Européenne : Quelques jours pour faire gagner le non, par Yves Salesse.


La puissance de feu des défenseurs de la « constitution » a logiquement permis une remontée du Oui. Il aurait été étonnant qu’elle reste sans effets. Elle produit aussi dans nos rangs un certain fléchissement.

Nombreux sont ceux, dans les collectifs, qui n’ont pas l’habitude de ce type d’affrontement, de cette violence mensongère, d’une telle débauche de moyens. Et qui ont le sentiment que nous ne faisons pas le poids avec nos documents, tracts, nos réunions-débats.

La disproportion des moyens est évidente. Mais le bombardement ne peut remplacer l’occupation du terrain. Nous avons une force qu’ils ne peuvent nous enlever : la force militante. La capacité de s’adresser personnellement aux citoyens, sur les lieux de travail, dans les quartiers ; de prendre le temps pour donner nos raisons : porte à porte, réunions de proximité, coups de fil aux amis, etc. Mais il faut maintenant cibler plus précisément.

Peu nombreux sont les convaincus du Oui, après plusieurs mois de débat, qui changeront de position.

Nous devons nous adresser prioritairement aux indécis et aux abstentionnistes. Et plus précisément encore à ceux des couches populaires qui ont l’expérience vivante des politiques libérales. Parce qu’avec un peu d’habileté rhétorique et beaucoup de mauvaise foi, les défenseurs du Oui peuvent prétendre que, contrairement à ce que nous prétendons, tel article veut dire autre chose que ce qu’il dit, que tel autre représente une avancée insoupçonnée, etc. Et il est facile de ne plus s’y retrouver devant ces analyses contradictoires. Mais les mêmes ne se laisseront pas abuser sur les politiques libérales, c’est à dire sur leur vie. Nous devons partir de là et ne pas hésiter à invoquer la défiance légitime vis à vis de responsables politiques qui ont déjà beaucoup promis et beaucoup menti. L’heure n’est plus aux explications de texte détaillées mais aux quatre sujets clé : démocratie, chômage, services publics, Europe sociale.


Démocratie :

1) La constitutionnalisation des politiques par le plus grand nombre des articles de texte.Trois exemples : l’interdiction de gêner la libre circulation des capitaux (investissements spéculatifs, délocalisations) : article III-156 ; l’obligation pour les Etats d’améliorer leurs capacités militaires (I-41) ; la compatibilité de la politique de sécurité et de défense de l’Europe avec la politique de l’OTAN.

2) Des institutions non contrôlées. Ex : la banque centrale européenne, indépendante, qui a une influence décisive sur la marche de l’économie et donc le chômage par la fixation des taux d’intérêt et la politique de l’euro fort.


Chômage :

1) Les salariés du privé savent les sacrifices qui leur sont demandés au nom de la compétition internationale. La banque centrale européenne, que son statut rend indifférente au chômage, annule tout cela en laissant l’euro gagner + 30% par rapport au dollar, ce qui veut dire que les produits européens deviennent plus chers de 30% par rapport aux produits payables en dollars !

2) La réponse de la Constitution au problème du chômage est celle du patronat européen : compétitivité (article I-3), ne pas gêner le marché (articles III-177 et 178) ; flexibilité du marché du travail (article III-203).


Services publics :

1) Le traité d’Amsterdam proclamait que les services d’intérêt économique général sont une valeur commune de l’Union. Cela n’a pas empêché l’offensive systématique dans tous les secteurs, chemin de fer, énergie, poste, etc. La « constitution » reprend tous les articles qui ont permis cette offensive.

2) Elle en ajoute de nouveaux : celui, par exemple, qui constiutionnalise la libéralisation de l’énergie (article III-256).

3) Elle interdit la reconstitution de monopoles de services publics.

4) Elle ne permet pas la création de services publics européens : aucun statut n’est prévu en ce sens.


Europe sociale :

1) Avec le dernier élargissement, l’Europe a changé de doctrine, installant officiellement une fracture économique et sociale dans l’espace européen. C’est cette fracture que la directive Bolkestein veut mettre au service des firmes qui peuvent délocaliser.

2) L’harmonisation sociale est soit interdite, soit soumise à l’unanimité des Etats pour seulement énoncer des minimas sur les sujets les plus importants (article III-210). Cet article a déjà paralysé l’harmonisation sociale par le passé. Cela sera pire encore maintenant avec les nouveaux adhérents qui ont le dumping social et fiscal comme arme majeure dans la concurrence sur le marché européen.


Ajoutons la réponse à un argument qui semble avoir eu une certain impact : l’isolement de la France et son affaiblissement en cas de victoire du NON.

1) On ne peut répondre ainsi aux questions essentielles. Au nom de l’isolement, fallait-il faire la guerre en Irak ?

2) Un pays est fort internationalement s’il défend une orientation claire qui répond à l’aspiration des peuples (ce fut le cas sur l’Irak), pas s’il se couche systématiquement.

3) La montée du Non en France a déjà payé : changement d’attitude sur la directive Bolkestein, le pacte de stabilité, etc.

4) L’Europe est un sujet trop sérieux pour être laissé aux chefs d’Etat et de gouvernement. Face à l’Europe libérale, le Non de gauche apporte une alternative. Nous avons une alternative programmatique avec des propositions précises sur les sujets évoqués ci-dessus. Nous avons aussi une alternative stratégique : sortir le débat européen du cercle fermé de la diplomatie ; le faire prendre en charge par les citoyens. Ce que nous avons déjà en partie réussi en France.


Si le Non l’emporte nous serons dans la situation juridique actuelle : il n’y aura aucun vide. Mais il y aura un fait politique nouveau en Europe : un pays majeur aura dit stop, il faut arrêter la folie libérale qui a pris le contrôle de la construction européenne, nous voulons remettre l’Europe à l’endroit, au service des peuples.

Nous mettrons à profit en France même le rapport de forces politique ainsi créé contre les offensives libérales en cours. Nous le mettrons aussi à profit au niveau européen. Il servira à débloquer le débat dans les autres pays où il a été verrouillé. Des initiatives en ce sens sont en cours tels que les appels européens pour le Non qui ont été rendus publics récemment. Si le Non l’emporte nous proposerons la création d’un collectif européen pour une autre Europe avec la constitution de tels collectifs dans tous les pays, sur le modèle de ce que nous avons fait ici. Ces collectifs aideront l’intervention dans les pays où il y aura referendum. Ils faciliteront la mobilisation contre le directives Bolkestein, temps de travail, etc. Il seront un cadre pour élaborer des propositions alternatives communes.

Cette orientation peut aussi être mise en oeuvre si le Non est battu de peu en France. Nous devrons discuter, même dans cette hypothèse, du maintien de nos collectifs unitaires. Mais pour l’instant, la perspective est la victoire du NON. La situation restera indécise jusqu’au dernier moment. Jusqu’au 29 compris, nous devons gagner des voix. Il nous reste quelques jours...


Yves Salesse, coprésident de la Fondation Copernic www.appeldes200.net


François Hollande n’ a strictement rien à faire de la Constitution Européenne ... « si Chirac avait mis en jeu son mandat, le PS aurait naturellement appelé à voter NON, comme pour De Gaulle en 69 »... 26 mai 2005


"Si la Constitution Européenne échoue, les Etats-Unis ne se réjouiront pas"

Constitution : Quand un « Non de gauche » écrit au « Oui de gauche »...

Dix bonnes raisons de voter NON... par A-J Holbecq.




- Illustration : www.lateliergraphique.org


URL de cet article 2328
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme
Salim LAMRANI
En juin 2003, sous l’impulsion de l’ancien Premier ministre espagnol, José Marà­a Aznar, l’Union européenne décide d’imposer des sanctions politiques et diplomatiques à Cuba. Cette décision se justifie, officiellement, en raison de la « situation des droits de l’homme » et suite à l’arrestation de 75 personnes considérées comme des « agents au service d’une puissance étrangère » par la justice cubaine et comme des « dissidents » par Bruxelles. Le seul pays du continent américain condamné par l’Union européenne (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"On pourrait penser qu’un pays qui peut équiper chaque flic comme un soldat pourrait équiper chaque médecin comme un médecin"

Jeff Bercovici

Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.