Le financement public des partis sera proportionnel aux cotisations de leurs adhérents. Le plafond individuel annuel de cotisation sera égal à la moitié du revenu médian, soit environ 700€.
Avec ce système, le vote permet de connaître les tendances politiques majoritaires. Le tirage au sort parmi les militants respecte ce choix tout en assurant une base populaire à la représentation nationale.
C’est un système très simple pour l’électeur : il n’y a qu’un tour et qu’un bulletin à choisir selon ses idées politiques. Il n’y a pas de double voix comme en Allemagne et ce n’est pas compliqué comme le système Condorcet.
Illustration imparfaite
Remarquons tout d’abord que l’application de ces idées aux législatives 2012 n’est pas tout à fait exacte, car je n’ai pas réussi à obtenir un résultat détaillé pour les tendances minoritaires (régionalistes, extrême gauche). Cela n’a pas d’impact sur la répartition des députés, mais au Sénat, les sénateurs du Front de gauche sont minorés car je n’ai pas les détails par parti, et ceux des micro-partis sont majorés, car pris individuellement, il est possible qu’ils n’aient pas assez de voix pour obtenir ne serait-ce qu’un Sénateur.
Naturellement, le mode de scrutin a aussi un impact sur le choix des électeurs. Donc, on ne peut appliquer strictement le dépouillement d’un scrutin uninominal à deux tours sur un scrutin à la proportionnelle.
Une majorité forte et populaire
Généralement, le vote à la proportionnelle permet difficilement de dégager une majorité comme c’est le cas en Israël où les petits partis marchandent très cher leurs voix de députés. Pour éviter ce cas de figure, on prévoit souvent d’accorder un bonus en siège au parti arrivé en tête.
Mais ce bonus est fixe et ne reflète pas un rapport électoral : on voit bien, dans les triangulaires des élections municipales, que le parti arrivé en tête fait partie de la tendance politique minoritaire mais bénéficie des conflits du camp opposé. En faisant une proportionnelle au carré des voix, on a un effet loupe sur les premiers partis : on favorise les grandes coalitions pour avoir une majorité stable tout en permettant aux petits partis d’avoir une représentation alors qu’ils sont exclus de l’Assemblée nationale actuelle, notamment le Front National (sauf exception comme en 2012).
Avec la proportionnelle on évite le découpage électoral et ses magouilles car on n’a qu’une seule circonscription. S’il faudra peut-être toujours imposer la parité des sexes au Sénat, cela ne sera sans doute plus nécessaire pour l’assemblée, car le tirage au sort n’est pas sexiste.
Certes, dans tous les partis politiques il y a plus de militants que de militantes, mais il ne tiendra qu’aux femmes de s’investir plus dans la politique. Cela nécessitera néanmoins des réformes sociales, mais elles seront bénéfiques à tous : diminution du temps de travail, augmentation des places en crèches… Ces réformes favoriseront ainsi l’entrée en politique des classes sociales défavorisées, actuellement non représentées au parlement, comme la classe ouvrière par exemple. Et la lutte pour la parité rejoint la lutte pour l’égalité sociale.
Les partis politiques comme éléments essentiels de la démocratie
Le tirage au sort pour chaque coalition se faisant tout parti confondu, ce n’est pas le parti qui a eu le plus de voix qui sera statistiquement le mieux représenté, mais le parti qui a le plus de militants. Et des militants qui accepteront la charge de députés, car chaque refus implique un tirage supplémentaire qui désignera une personne qui appartient à la même coalition mais pas forcément au même parti.
À priori, cela favorise les petits partis qui ont une proportion de militants par nombre de voix plus importante et des militants plus motivés.
Il importe absolument d’avoir des partis de masse afin de bénéficier d’une réelle représentativité et d’un réel soutien de la politique, mise en œuvre par toute la population.
Une république ne peut être viable sur le long terme que par un soutien fort et éclairé de ses citoyens. Et seuls les partis politiques assurent ce cadre par la rencontre de la masse avec la réflexion politique.
Donc, ce tirage indifférencié, et le plafonnement très bas des cotisations aux partis, pousseront leurs dirigeants à conquérir le plus de citoyens possible et ainsi, à mener la politique qui améliore leur vie et pas celles des 0.1% les plus riches qui possèdent les banques et les médias.
Pour éviter que les grands partis ne suscitent la création de partis fictifs, où une même personne pourra cotiser à plusieurs partis, tout électeur ne pourra cotiser qu’à un seul parti par année fiscale. Chaque citoyen versant son soutien financier via sa déclaration d’impôts, l’administration fiscale pourra donc rendre public le nombre d’adhérents de chaque parti, le montant total de leurs cotisations et de là, en déduire le montant du soutien public.
Le financement public des partis est proportionnel au total des cotisations. Mais on doit quand même avoir une certaine progressivité qui favorise les petits partis et empêche que les grands partis ne détournent une fraction de cet argent pour des causes, légales ou pas, qui n’ont plus un lien direct avec leur objet social. Le financement public ne dépend plus du nombre de voix ou d’élus mais du nombre de militants et de leur motivation pécuniaire afin que les partis élaborent un vrai programme politique au service du peuple. Le financement est ainsi plus stable, prévisible, et toute dérive est immédiatement sanctionnée par le départ des militants, sans attendre la prochaine élection.
Les scrutins de liste permettent aux caciques des partis d’avoir une place assurée et n’autorisent pas aux électeurs de choisir leurs élus.
Cependant, comme le but est d’avoir des partis de masse, les militants pourront donc exiger d’avoir un rôle essentiel dans la formation des listes de sénateurs : un parti où les dirigeants se partagent les postes entre eux risque de n’attirer que des militants serviles, antithèses du militant politique engagé. Les citoyens pourront donc participer activement et démocratiquement à la formation des listes en adhérant à un parti.
Pour gouverner, il ne suffira plus aux partis d’être des écuries de formules qui entretiennent des candidats hors-sol ; ils devront convaincre le peuple, créer des écoles de cadres du partis ou inventer d’autres méthodes, pour avoir la plus grande base populaire possible.
Dans ce mode de scrutin, le vote blanc et nul n’a aucun pouvoir. Mais faut-il donner du pouvoir à ce qui représente un signe de malaise démocratique ? En imposant aux partis politiques d’être des partis de masse, on combat l’abstention et la résignation en amont.
Des enjeux d’idées et pas d’enjeux d’appareils
On peut imaginer que le tirage indifférencié puisse être détourné par les partis coalisés : ils peuvent s’entendre pour forcer les militants tirés au sort à se désister, afin que le tirage reflète non pas les effectifs de militants mais le nombre de voix obtenues, ou tout autre rapport de force.
Un tel détournement est très compliqué à mettre en œuvre. Il donnera une image négative de la coalition. Il nécessitera l’accord des militants. On peut imaginer qu’il puisse s’effectuer dans une coalition à deux partis, mais à partir de trois, il faudra beaucoup de désistements pour obtenir la répartition souhaitée.
On peut de suite se prémunir contre cette fraude en abandonnant le tirage indifférencié par un tirage au sort par parti, en proportion du nombre de militants : ainsi tout militant se désistant sera remplacé par un militant du même parti.
On peut aussi imaginer qu’un parti fasse le tri parmi les tirés au sort pour sélectionner ceux qui sont les plus orthodoxes. Encore une fois, il faudrait que les militants acceptent une pratique aussi détestable, et il faudrait mettre en place un fichier des militants digne de celui de la Stasi.
Pour décourager toutes ces velléités de triche, il suffit de ne pas tirer en une fois tous les députés. Par exemple, une coalition doit renouveler 10 députés. Compte tenu de la faible proportion d’accords, car bien peu de militants accepteront de s’investir à ce point dans la vie politique, il faudra vraisemblablement désigner 20 fois plus de personnes qu’il n’y a de places.
Donc, si on désigne en une fois 200 personnes, celles-ci peuvent se concerter et se choisir entre elles avec l’accord des dirigeants de la coalition afin de désigner les « meilleures ». Mais si on tire 2 fois plus de personnes qu’il y a de places, une telle concertation n’est plus possible, car si les partis font le tri dans les 20 premières désignations, ils ne peuvent pas savoir si les 20 suivantes seront meilleures selon leurs critères ou pas.
Un tel mode de désignation prend du temps, car il faut attendre la réponse des tirés au sort avant de procéder à un nouveau tirage. Or, il faut que la nouvelle assemblée se réunisse au plus vite, car les 100 premiers jours sont décisifs. Donc le délai d’acceptation individuel sera très court : 1 ou 2 jours. Cela signifie que les partis devront préparer leurs militants à cette éventualité bien avant l’élection.
Enfin, l’Assemblée nationale se réunira suivant les délais prévus dès que le quorum est atteint, que tous les députés aient été désignés ou pas. Tant pis pour les coalitions retardataires, les tirages au sort se poursuivront pendant que l’assemblée siègera.
On procède aussi à de nouveaux tirages pour chaque vacance de poste pour cause de démission, maladie…
Bien sûr, si on quitte son parti, on démissionne de facto de son mandat de député car on a été désigné parce qu’on y a été militant. Comme tout poste vacant est remplacé, un député ne doit pas hésiter à démissionner s’il l’estime nécessaire. Si le poste à pourvoir devait être renouvelé avant deux ans, alors le député désigné restera en place après la prochaine élection, sous réserve que le nombre de places obtenues par son parti le permette. Cela évite d’avoir des sièges vacants et de libérer un député qui a tout juste eu le temps de se former. Ainsi, un député pourra siéger au plus 7 ans et 364 jours.
La proportionnelle du carré encourage les coalitions, car le gain de siège augmente plus vite que le nombre de voix, mais comme on ne connaît pas à l’avance les députés, on ne peut s’allier que sur un accord d’idées et non sur des compromis personnels.
Avec les scrutins de listes actuels ou les élections uninominales, les partis qui se coalisent doivent s’entendre pour se répartir les sièges et cela donne lieu à des batailles de chiffonnier.
Ici, tant pour l’Assemblée nationale que pour le Sénat, il n’y a pas ce genre de débat secret et ces batailles d’égos.
Pour les électeurs, il sera plus clair que les partis annoncent les coalitions avant le scrutin, mais formellement, celles-ci ne seront définitives qu’après la publication du dépouillement : on laisse 24 heures aux partis pour annoncer officiellement les coalitions.
Les partis devront, dans tous les cas, non plus choisir de s’allier avec les partis grâce auxquels ils auront le plus d’élus, mais ils devront désigner les coalitions où ils maximiseront leur nombre de voix. Ainsi par exemple, le PCF et les Verts ne choisiront plus le PS pour avoir des élus, mais devront choisir entre le Front de Gauche et le PS suivant les programmes soutenus les plus populaires.
Cela clarifie donc le jeu politique. Les alliances sont des alliances d’idées et non pas des alliances d’appareils.