Surfant comme à mon habitude sur LeMonde.fr, je ne peux passer à côté de la la vidéo de Benjamin Barthe "comprendre la rébellion syrienne en 5 minutes".
Cette vidéo ne contient que désinformation de bout en bout. Outre le fait qu’islamisme et démocratie sont évidemment incompatibles (qu’est-ce qu’un "islamiste modéré" ?) les faits évoqués sont honteusement faux.
Je retranscris :
La première force en présence, ce sont les nationalistes. Ces brigades sont situées dans la banlieue de Damas, la Ghouta, ainsi qu’à Deraa sur la frontière avec la Jordanie. Leurs membres : des anciens officiers d’Assad marqués par le nationalisme arabe. Ils ont déserté et veulent la démocratie pour leur pays.
Seules deux d’entre elles ont une ampleur nationale et elles constituent l’ossature de l’Armée syrienne libre, l’ASL. Il s’agit Ahfad al-Rassoul, "les petit-fils du Prophète" et de Jabhat Ahrar Souria, le "front des hommes libres de la Syrie." Qui les finance ? D’abord l’Arabie saoudite qui leur livre des armes à travers la frontière jordanienne, et aussi les Etats-Unis qui leur fournissent probablement des armes légères. Voilà pour les brigades fidèles aux objectifs initiaux de la révolution.
On n’en serait resté qu’à une simple contradiction (nationalisme arabe et financement par l’Arabie saoudite) s’il l’affirmation n’était pas simplement mensongère. Une petite recherche nous apprend immédiatement que Ahfad al-Rassoul est en fait une brigade islamiste de 15 000 hommes fondée par le Qatar et n’ayant plus grand chose à voir avec l’ASL, qui proclame ouvertement faire le djihad en Syrie.
Quant à l’autre brigade, Jabhat Ahrar Souria, elle a vraisemblablement fusionné avec la première dans Harakat Ahrar ash-Sham Al Islami, le "Mouvement islamique des hommes libres du levant", fonctionnant lui-même sous le Front islamique syrien.
Voulant écrire à cet odieux journaliste pour lui demander des explications, je tombe sur un article d’Acrimed écrit par lui. Quelle ironie !
Bien sûr l’insistance du journal Le Monde à défendre l’indéfendable n’a échappé à aucun lecteur du Grand Soir, et l’on s’amuserait presque de voir ce journal chercher si désespérément les vestiges d’une rébellion "démocratique" qu’il en est réduit à les inventer.