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"Die Linke est la seule opposition en Allemagne, la seule contre tous"

Entretien avec Gregor Gysi.

Lorsqu’il apparaît à la tribune, dans les meetings, Gregor Gysi réveille les foules : il a son franc-parler. Lui qui a fondé le PDS, qui succéda au parti au pouvoir en RDA, puis contribué à le transformer en Die Linke en réunifiant divers partis de la mouvance communiste et mouvements de gauche, mène la campagne pour les législatives. Il analyse pour nous celle de ces législatives outre-Rhin.

HD. vous avez affirmé que Die linke est le seul parti engagé pour la réunification allemande. N’est-elle donc pas achevée, 24 ans après la chute du mur ?

GREGOR GYSI. J’ai dit, exactement, que nous sommes « entre-temps » le seul parti de l’unité allemande. Comme nous n’y étions pas favorables au début, je tiens à cette précision ; il ne faut pas réécrire l’histoire. Tous les autres partis ne font rien pour qu’en-fin, entre l’Est et l’Ouest, à travail égal, le salaire soit égal ; rien non plus pour que les retraites permettent d’avoir le même niveau de vie à l’Est et à l’Ouest. Je dis donc cela pour provoquer un peu les autres partis, pour qu’ils évoluent un peu dans cette direction.

HD. vous avez placé au coeur de votre campagne, l’introduction d’un salaire minimum, la lutte contre la pauvreté, la retraite à 65 ans au plus... Ces thèmes valent-ils uniquement pour l’ex-RDA ?

G. G. Pas du tout ! Ils valent bien évidemment pour l’Allemagne dans son ensemble. Nous voulons l’introduction, dans toute l’Allemagne, d’un salaire minimum à 10 euros de l’heure, comme la retraite à 65 ans. Tous les partis représentés au Bundestag sont d’avis qu’il faut baisser le niveau des retraites et la retarder encore de deux ans. Nous affirmons que la hausse de la productivité permet au contraire de financer les retraites avec un âge de départ fixé à 65 ans au plus tard.

HD. Pourquoi le parti Die Linke reste-t-il, alors, bien plus ancré à l’est qu’à l’Ouest et ne parvient-il pas, au niveau fédéral, à dépasser les 10 % dans les sondages ?

G. G. L’ex-RFA était le pays qui, entre tous ceux d’Europe, a été le plus militant dans l’anticommunisme. Que nous y ayons atteint 8,6 % aux dernières élections relevait presque du miracle ! À l’Est, c’est différent : la population, qui a vécu d’autres expériences, nous fait davantage confiance. C’est pourquoi nous sommes un parti populaire, qui recueille plus de 20 % des voix. Mais il faut dire que, selon les sondages, nous oscillons entre 5 et 6 % dans les anciens Länder (de l’ex-RFA), et sommes à plus de 20 % dans les nouveaux – ce qui était complètement impensable, avant, à l’Ouest. Regardons aussi les progrès accomplis ! Au début, nous ne dépassions guère les 1 %. Maintenant, nous avons acquis une position, y compris à l’Ouest.

HD. sur les affiches de campagne de la chancelière Angela Merkel, il est écrit : « l’Allemagne est forte. et doit le rester. » votre politique signifierait un changement de cours qui, selon certains, affaiblirait l’Allemagne...

G. G. Madame Merkel veut que les choses restent dans l’état dans lequel elles sont ! Le SPD, pour sa part, veut un changement de personnel. Cela ne nous convient pas. Car la plupart des souhaits de Peer Steinbrück, le candidat du SPD, sont similaires à ceux d’Angela Merkel. Voilà pourquoi un changement de personnel politique suffit à la social-démocratie. Nous, nous voulons un changement de fond, un changement de politique et pas uniquement de personnel. Tel est le coeur des différences entre le SPD et nous-mêmes. Depuis des années, nous vivons une redistribution du bas vers le haut : elle doit être stoppée. Et afin que nous vivions dans une société plus juste, nous avons besoin d’une redistribution du haut vers le bas.

HD. Dans ces conditions, aucune coalition avec le SPD et les verts ne serait possible...

G. G. Nous sommes prêts à discuter pour voir si nous pouvons nous mettre d’accord sur un contenu. Il faudra, certes, accepter quelques petits compromis. Mais les plus grands pas en ce sens, c’est le SPD qui devra les effectuer. C’est sûr !

HD. À quoi Die Linke ne renoncerait-elle en aucun cas ?

G. G. Je ne veux pas entrer déjà dans les détails. Mais je peux vous dire que je ne voterai par exemple jamais pour une participation de la Bundeswehr (armée allemande) à une intervention militaire. C’est hors de question. Il est aussi inacceptable que l’âge de départ à la retraite soit retardé de deux ans. Ce n’est pas possible. Je ne peux pas non plus accepter que le montant des retraites en Allemagne de l’Est reste inférieur à celui de de celles de l’Ouest. Il y a des points sur lesquels nous ne transigerons absolument pas, ce que je dirais si nous avions des discussions. Encore faudrait-il que nous en ayons...

HD. Que peut Die Linke dans l’opposition ?

G. G. Il y a six points que nous sommes seuls à défendre au Bundestag, sur lesquels, en outre, nous représentons en général la majorité de l’opinion publique, bien que nous soyons seuls. Ces points sont : les engagements militaires allemands à l’étranger, les exportations d’armes, les prétendues solutions de sauvetage de l’euro, les baisses du niveau des pensions et le recul de l’âge de la retraite, l’emploi précaire et Harz. Sur ces points, nous sommes seuls contre tous et nous sommes la seule opposition. Rien que cela nous donne une valeur démocratique inestimable !

HD. Qu’est-ce que cela a-t-il apporté au cours des législatures précédentes ?

G. G. Tout d’abord, que les contre-arguments passent dans l’enceinte du Bundestag. Si nous n’y siégions pas, ils n’auraient pas voix au chapitre au Bundestag, et aucune résonance, non plus, dans les médias et dans l’opinion publique. Je ne crois pas non plus que le SPD soit prêt à envoyer la Bundeswehr en guerre, ni à réduire les retraites. Mais le SPD doit maintenant prendre des décisions claires. S’il veut poursuivre dans cette voie, il doit s’allier à la CDU. S’il veut se corriger, s’il veut, au moins, redevenir social-démocrate, alors, nous pouvons discuter.

Entretien réalisé par Fabien Perrier

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Michael PARENTI
Analyste politique progressiste de tout premier plan aux États-Unis, Michael PARENTI, docteur en Sciences Politiques de l’Université de Yale, est un auteur et conférencier de renommée internationale. Il a publié plus de 250 articles et 17 livres. Ses écrits sont diffusés dans des périodiques populaires aussi bien que dans des revues savantes, et ses textes engagés l’ont été dans des journaux tels que le New York Times et le Los Angeles Times. Ses livres et ses conférences, informatives et (…)
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Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État - et c’est pareil dans les autres pays européens - s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à -dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année. Ce sujet devrait être au coeur de tout. Au lieu de cela, personne n’en parle.

Etienne Chouard

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