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Surveillance : "L’Allemagne est un État policier" (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Le gouvernement s’emploie-t-il à défendre l’État de droit ou à le contourner ? Dans une lettre ouverte à la chancelière, près de quatre-vingts écrivains, artistes et intellectuels demandent des explications sur l’affaire Prism.

Madame la Chancelière,

Depuis les révélations d’Edward Snowden sur l’existence du programme Prism, les médias se sont emparés de ce qui est aujourd’hui le plus grand scandale d’écoutes de l’histoire de la République. Nous, citoyens, apprenons par la presse et les médias que des services de renseignement étrangers dissèquent nos conversations téléphoniques et nos communications électroniques sans la moindre justification concrète. L’enregistrement et l’exploitation de nos métadonnées leur permettent de reconstituer nos contacts, nos relations et nos amitiés. Nos opinions politiques, nos diverses affinités et même nos changements d’humeur quotidiens n’ont plus aucun secret pour les services de sécurité. "L’homme transparent" [surveillé et espionné par les autorités] est devenu réalité.

Nous sommes sans défense. Nous n’avons aucune possibilité d’action et pas le moindre accès aux dossiers. Alors que nos vies privées deviennent de plus en plus transparentes, les services secrets maintiennent un maximum d’opacité sur leurs méthodes. En d’autres termes, nous assistons à une offensive historique contre notre Etat de droit démocratique avec le renversement total du principe de présomption d’innocence en suspicion généralisée contre des millions de personnes.

Madame la chancelière, vous avez déclaré lors de votre conférence de presse cet été que l’Allemagne n’était "pas un État policier". Les révélations d’Edward Snowden nous obligent à répondre aujourd’hui que, malheureusement, si. Dans ce contexte,vous avez résumé votre position face aux demandes d’explications sur cette affaire en déclarant : "Je préfère attendre."

Nous ne voulons pas attendre. Nous avons de plus en plus le sentiment que le gouvernement allemand s’accommode sans difficulté du comportement des services américains et britanniques. Nous posons donc la question : faut-il voir une volonté politique dans le fait que la NSA [National Security Agency] utilise aujourd’hui à l’égard des citoyens allemands des méthodes de surveillance que même les autorités nationales ne peuvent pas employer sans enfreindre la Constitution allemande ? Les services allemands profitent-ils des informations collectées par les agences américaines, et serait-ce là la cause de leur timide réaction ? Comment la direction de la sécurité du territoire et les services de renseignement allemands peuvent-ils utiliser le programme de surveillance de la NSA XKeyScore (qui espionne les moteurs de recherche) sans le moindre fondement légal ?

Le gouvernement allemand est-il là pour défendre l’État de droit ou le contourner ? Nous exigeons que vous disiez toute la vérité sur ces programmes d’écoutes. Et nous voulons savoir comment le gouvernement a l’intention de réagir. Il est de votre devoir constitutionnel de protéger les citoyens allemands. Madame la Chancelière, quelle est votre stratégie ?

Juli Zeh

Cette lettre ouverte a été publiée le 25 juillet dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung (Francfort).

Ilija Trojanow, Carolin Emcke, Friedrich von Borries, Moritz Rinke, Eva Menasse, Tanja Dückers, Norbert Niemann, Sherko Fatah, Angelina Maccarone, Michael Kumpfmüller, Tilman Spengler, Steffen Kopetzky, Sten Nadolny, Markus Orths, Sasa Stanisic, Micha Brumlik, Josef Haslinger, Simon Urban, Kristof Magnusson, Andres Veiel, Feridun Zaimoglu, Ingo Schulze, Falk Richter, Hilal Sezgin, Georg M. Oswald, Ulrike Draesner, Clemens J. Setz, Ulrich Beck, Katja Lange-Müller, Ulrich Peltzer, Thomas von Steinaecker, Peter Kurzeck, Jo Lendle, Jan Christophersen, Angela Krauß, Christiane Neudecker, Kurt Drawert, Michael Augustin, Robert Menasse, Mareike Krügel, Annett Gröschner, Tanja Langer, Ron Winkler, Artur Becker, Cornelia Becker, Antje Ravic Strubel, Ulrike Steglich, Norbert Kron, Benjamin Lauterbach, Anton G. Leitner, Anke Bastrop, Annika Reich, Ditha Brickwell, Marica Bodrozic, Gisela von Wysocki, Kerstin Grether, Nora Bossong, Zora del Buono, Johannes CS Frank, Marius Hulpe, Asta Scheib, Inka Parei, Inge Geiler, Mirko Bonné, Charlotte Roos, Christian Kreis, Priya Basil, Eugen Ruge, Sylvia Geist, Ulrike Almut Sandig, Uljana Wolf, Kenah Cusanit, Bora Cosic, Franziska Gerstenberg, Andreas Stichmann, Roman Graf, Marie T. Martin, Carl-Christian Elze.

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