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L’Amérique latine sous l’oeil de Big Brother

Alors que les programmes de surveillance de l’Agence Nationale de Sécurité (NSA) des Etats-Unis font l’objet de nouvelles révélations, des gouvernements et des citoyens se sont élevés [anglais] contre cette violation de la vie privée des internautes.

La réaction des pays d’Amérique Latine a été particulièrement vigoureuse, et s’est durcie après que des fuites [anglais] montrant que la NSA avait visé les “secrets commerciaux” [portugais] de ses partenaires latino-américains et avait intercepté de multiples réseaux de télécommunication au Brésil [portugais]. Dans une déclaration lors du Sommet du Mercosur 2013, l’organisation de coopération a fustigé le comportement du gouvernement des Etats-Unis : “[nous] rejetons catégoriquement l’interception des télécommunications et les activités d’espionnage dans nos pays, car elles constituent une violation des droits de la personne, du droit à la vie privée et du droit à l’information de nos citoyens…”

S’appuyant sur cette déclaration, les défenseurs de la société civile en Amérique Latine ont répliqué par une lettre ouverte [espagnol] aux pays du MERCOSUR et à leurs partenaires, leur rappelant leurs propres engagements auprès de leurs citoyens, et appelant à élaborer des politiques de collaboration dans la région.

« Nous souhaitons nous associer à cet effort pour que la région Amérique Latine puisse proposer un modèle de régulation respectant et améliorant l’exercice des droits humains. La problématique d’espionnage à laquelle nous sommes confrontés nous offre également l’opportunité d’élaborer ensemble, société civile et Etats, une politique régionale à même de développer au maximum le potentiel des nouvelles technologies tout en protégeant les personnes. »

En effet, si les regards se tournent aujourd’hui vers les Etats-Unis et leurs activités de surveillance, les citoyens de toute l’Amérique Latine sont exposés aux abus potentiels de leurs propres gouvernements. Les programmes en vigueur en Colombie, au Mexique et au Panama n’en sont que quelques exemples.

La Colombie, cible majeure [anglais] présumée de l’espionnage américain tant comme partenaire économique qu’en raison des problèmes de sécurité liés à la drogue, a accru ses efforts de surveillance électronique ces dernières années. En 2012, le gouvernement fédéral a publié un décret imposant aux opérateurs de télécommunications de créer des trappes au sein de leurs systèmes [anglais] afin de faciliter l’espionnage des Colombiens par les services de sécurité. Ce décret demande en outre aux fournisseurs d’accès internet de collecter les données en ligne sur la localisation de tous leurs clients et de les stocker pendant cinq ans en vue de faciliter les enquêtes policières.

En 2009 on a appris que le gouvernement colombien avait pendant des années surveillé illégalement [espagnol] des organisations de défense des droits humains, des journalistes célèbres, des politiques, des juges du Tribunal Suprême, des membres du clergé et d’autres citoyens. Les services de renseignement colombiens (Département administratif de Sécurité ou DAS), qui dépendent directement du président, ont espionné ces personnes mais aussi leur famille [anglais], “photographiant les enfants, localisant leurs écoles et mettant sur écoute téléphoniques parents, frères et enfants”. Les abus se sont poursuivis même après que la révélation du programme : il a été prouvé par la suite que les fonctionnaires qui enquêtaient sur le DAS faisaient toujours l’objet d’une étroite surveillance.

Plus récemment, le gouvernement colombien a développé un programme baptisé PUMA (Plataforma Única de Monitoreo y Análisis, Plateforme Unique de Surveillance et d’Analyse). Cousin de PRISM, ce nouveau programme dont le lancement est prévu pour 2014 assisterait les services de sécurité dans le contrôle d’une large gamme de communications, dont les réseaux sociaux et les communications en ligne. A travers le programme PUMA le gouvernement colombien prétend suivre 20000 types de supports de télécommunications grâce à 700 serveurs qui analyseront les données collectées.

Au Mexique, le gouvernement fédéral a approuvé en 2012 à la quasi unanimité une loi donnant à la police l’accès [anglais], sans décision judiciaire, aux données de localisation en temps réel d’un usager. Cette loi permet à la police de pister presque n’importe quel utilisateur de téléphone mobile dans le pays. En juin 2013 on a découvert que le gouvernement aurait utilisé un logiciel malveillant connu sous le nom de FinFisher [espagnol], capable [anglais] de capter l’écran, les mouvements sur le clavier, la caméra et le micro des ordinateurs infectés par ce virus. L’escalade de violence liée à la guerre contre la drogue ces sept dernières années a motivé la plupart de ces programmes. Mais nombreux sont ceux qui pensent que le législateur n’a pas su préserver l’équilibre entre la légitime et urgente nécessité de protéger les citoyens et le droit fondamental à la vie privée ainsi que le respect de la légalité.

En 2010, la diffusion de câbles diplomatiques a révélé que Panama collaborait avec les Etats-Unis pour mettre en place un système d’écoute téléphonique connu sous le nom de “Matador” [anglais]. Depuis, le centre de recherche Citizen Lab de l’Université de Toronto a fait savoir que FinFisher avait aussi été repéré au Panama, même si l’on ignore encore à quel degré il a été utilisé.

Au moins quatre pays latino-américains [anglais] ont reçu une aide significative des Etats-Unis pour mettre en place leurs programmes de surveillance, les trois mentionnés plus haut, ainsi que le Paraguay.

Ces activités et ces exemples latino-américains de surveillance gouvernementale des citoyens ne rendent pas moins alarmant le vaste réseau mondial de pistage de la NSA, cependant ils montrent que les citoyens d’Amérique Latine doivent être conscients tant de la surveillance opérée par des gouvernements étrangers que par le leur.

»» http://fr.globalvoicesonline.org/2013/09/06/152933/
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