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Retour de l’Egypte sur la scène régionale

Il ne faisait aucun doute vendredi dernier pour le secrétaire d’Etat américain John Kerry que la Ligue arabe, dont les ministres des Affaires étrangères allaient se réunir le mardi suivant au Caire pour décider de sa position concernant une action militaire contre le régime de Damas, suivrait l’exemple de l’Arabie Saoudite et du Qatar qui en soutiennent le principe sans restriction aucune et ont été les implacables avocats auprès de l’administration américaine. Kerry s’était même avancé à la citer comme membre probable de la coalition internationale au nom de laquelle son pays déclencherait les frappes en Syrie.

Au Caire, la seule et couchante organisation panarabe a pourtant créé la surprise en s’affranchissant de la tutelle des deux monarchies du Golfe et refusé de donner son feu vert et sa caution « morale » à l’action militaire américaine annoncée. Elle a de ce fait ôté à Obama le maigre espoir qui lui restait après la défection de la plupart de ses alliés occidentaux de présenter l’action militaire qu’il a décidée comme une opération ayant l’assentiment du monde arabe. A la grande fureur des Saoudiens et de leurs féaux, la Ligue arabe a eu un sursaut de dignité en énoncant que toute intervention militaire en Syrie ne peut se concevoir qu’avec l’aval du Conseil de sécurité de lONU.

L’Egypte dont le poids reste lourd au sein de l’organisation a incontestablement contribué à faire pencher le fléau de la balance en faveur des Etats membres rétifs à l’arrogante tutelle qu’exerçe sur elle le duo saoudo-qatari. Elle a en effet opposé une ferme fin de non-recevoir à sa demande d’approuver son projet de résolution légitimant le principe d’une action militaire contre le régime syrien et accordant la bénédiction de la Ligue à celle qu’entreprendra l’Amérique.

Ce que faisant l’Egypte d’El-Sissi a surpris. Qui pouvait se douter en effet que le général et le gouvernement de la transition oseraient aller à l’encontre de la position de Ryadh et de Doha qui leur ont ouvert grande la bourse et surtout de s’aventurer à mécontenter l’Amérique dans un contexte national où ils ont besoin que celle-ci ne leur manifeste pas une hostilité marquée qui redonnerait de la vigueur aux Frères musulmans dont l’agitation en faveur du retour à l’ordre constitutionnel symbolisé par le président déchu Mohamed Morsi est singulièrement affaiblie mais n’a pas tout à fait cessé. Ils l’ont fait pourtant car sachant que si l’Egypte se mettait dans le camp des partisans de l’action militaire américaine, ils perdaient une grande partie du soutien populaire dont ils disposent dans le pays. Et que dans ces conditions ni le soutien financier des monarchies ni la compréhension de l’Amérique ne leur seront des atouts dans la maîtrise de la gestion du pays.

L’autre pays dont au vu de ses précédentes prises de position sur le conflit syrien l’on ne s’attendait pas qu’il fasse faux bond à Ryadh et Doha, est la Tunisie qui a appuyé les refus égyptien, libanais, irakien et algérien. La solitude américaine sur la question de l’usage de la force en dehors de la légalité internationale est décidément impossible à masquer et les vaines tentatives de Barack Obama et de son administration pour l’en sortir en sont la preuve irréfutable car même la Ligue arabe pourtant si malléable leur a refusé sa caution.

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En finir avec l’eurolibéralisme - Bernard Cassen (dir.) - Mille et Une Nuits, 2008.
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Il s’agit là d’un court ouvrage collectif, très dense, publié suite à un colloque organisé par Mémoire des luttes et la revue Utopie critique à l’université Paris 8 en juin 2008, sous la direction de Bernard Cassen, fondateur et ancien président d’ATTAC, à qui, on s’en souvient, le "non" au référendum de 2005 doit beaucoup. La thèse centrale de cet ouvrage est que l’« Europe » est, et a toujours été, une machine à libéraliser, au-dessus des peuples, contre les peuples. Dans "La fracture (…)
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