RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Poésie et exil (18)

D’origine anversoise, Pierre Seghers est né à Paris en 1906. Il compte parmi ses ancêtres trois grands peintres flamands du XVIIe siècle. Il se définissait comme éditeur, poète et résistant (dès 1940). Il est mort en 1987.

En tant qu’écrivain, il est l’auteur de trois œuvres de référence : Le Livre d’or de la poésie française, La Résistance et ses poètes, Le Livre d’or de la poésie française contemporaine. Une bonne partie de son œuvre poétique personnelle a été rassemblée dans Le Temps des merveilles, d’où est tiré le texte qui suit, où il évoque l’antifasciste allemand Jean Bauer :

FIDÉLITÉ

Mon ami loin de son pays, avec sa femme
– C’est dans les fermes qu’elle va, pour des journées. Chacun
la croit couturière. Mais elle a traversé l’Amérique
Quand l’Allemagne l’avait chassée ; on sait là-bas
Son nom, le vrai ; on la connaît, dix mille têtes
Criaient vers eux au meeting de Minnesota.

Mon ami seul dans la montagne vit avec elle.
– Il fait son bois et son tabac et des travaux
De paysan. Tous les fermiers des hautes terres
L’ont adopté pour l’un des leurs. Il est savant
Pour les brebis et les canards et pour les fièvres…

Il est savant : il a des mains comme leurs mains.
Il a bêché, semé, sarclé, taillé les arbres,
Construit son lit, refait son toit… est-ce bien lui
Qui labourait un autre sol, la Caroline,
Qui écrivait pour l’avenir un chant sacré,
Lui qui semait dans chaque tête un blé vivace,
Lui qui faisait gronder la foule avec l’espoir ?

Ici traqués, ils ont repris de longue haleine
Le beau travail avec les mots qui germeront.
Ils sont tous deux des inconnus qui recommencent.
Partout, toujours, ils pétriront le nouveau pain.

URL de cet article 22172
   
Même Auteur
Philippe Bordas. Forcenés. Paris, Fayard 2008.
Bernard GENSANE
Ce très beau livre, qui montre à quel point le cyclisme relève du génie populaire et comment il a pu devenir une « province naturelle de la littérature française », me donne l’occasion d’évoquer des ouvrages qui m’ont, ces dernières années, aidé à réfléchir sur la pratique du vélo, sur le cyclisme professionnel et la place du sport dans notre société. Ce n’est pas l’argent qui pourrit le sport (l’argent, en soi, n’est rien), c’est le sport qui pourrit l’argent. La première étape du premier (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Si le Président se présente devant le Peuple drapé dans la bannière étoilée, il gagnera... surtout si l’opposition donne l’impression de brandir le drapeau blanc de la défaite. Le peuple américain ne savait même pas où se trouvait l’île de la Grenade - ce n’avait aucune importance. La raison que nous avons avancée pour l’invasion - protéger les citoyens américains se trouvant sur l’île - était complètement bidon. Mais la réaction du peuple Américain a été comme prévue. Ils n’avaient pas la moindre idée de ce qui se passait, mais ils ont suivi aveuglement le Président et le Drapeau. Ils le font toujours ! ».

Irving Kristol, conseiller présidentiel, en 1986 devant l’American Enterprise Institute

Le 25 octobre 1983, alors que les États-Unis sont encore sous le choc de l’attentat de Beyrouth, Ronald Reagan ordonne l’invasion de la Grenade dans les Caraïbes où le gouvernement de Maurice Bishop a noué des liens avec Cuba. Les États-Unis, qui sont parvenus à faire croire à la communauté internationale que l’île est devenue une base soviétique abritant plus de 200 avions de combat, débarquent sans rencontrer de résistance militaire et installent un protectorat. La manoeuvre permet de redorer le blason de la Maison-Blanche.

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.