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Soutenue par l’Occident, les USA en tête, l’armée égyptienne massacre les dénonciateurs du coup d’état.

L’armée en Egypte, forte de ses soutiens occidentaux, israélien et des tyrans des monarchies du Golfe, a décidé de tuer les dénonciateurs du coup d’état contre le président Morsi renversé le 03 juillet 2013. Depuis cette date, les partisans du président déchu manifestent pacifiquement pour qu’il soit rétabli dans ses fonctions. Le président Morsi fut élu par les Egyptiens en juin 2012 après des élections libres et transparentes. Un an après, accusé de n’avoir pas été capable de résoudre les problèmes du pays (ce qui est tout de même osé comme argument quand on sait ce qu’est devenue l’Egypte depuis Saddate et surtout sous Moubarak, l’enfant chéri des Occidentaux et de leurs agences financières, FMI et Banque Mondiale), il est renversé par un coup d’état militaire suite à trois jours de manifestations d’une partie de la population égyptienne. Capturé, le président Morsi croupit en prison où une nouvelle accusation encore plus étonnante vient l’accabler mis à part son « incapacité de redresser l’Egypte » en un an de règne : la « complicité avec le Hamas », le mouvement islamique qui milite pour la naissance d’un Etat palestinien. Ce matin du 14 août, l’armée a décidé de chasser des rues les partisans de Morsi et elle le fait de manière "propre" comme le disent beaucoup de commentateurs occidentaux ((sites internet du Monde, de Figaro, du Nouvel Observateurs, sur Facebook et sur Twitter, entre autres) pour qui un président même s’il est élu démocratiquement, dès lors qu’il a pour religion l’Islam, et en l’occurrence s’il est Frère Musulman, il mérite un coup d’état sanglant. Il ne s’agirait là que d’un "retour à la démocratie". Le bilan provisoire de ce "nettoyage propre" qui n’est qu’un "retour à la démocratie " est officiellement de 643 morts, alors que le Parti pour le Liberté et la Justice, parti de Morsi a dénombré quant à lui 2600 morts. Sans compter bien évidemment les blessés de tous ordres.

Largement financée, équipée et formée par les USA, l’armée en Egypte fut félicitée il y a quelques jours par John Kerry, le secrétaire d’Etat des Etats-Unis « L’armée n’a pas pris le pouvoir... En fait, elle a rétabli la démocratie. »

Ce qu’on se garde bien de dire dans le fatras médiatique détournant le coup d’état en une traditionnelle question religieuse, c’est que des officiers supérieurs de l’armée égyptienne corrompus jusqu’aux os et rentiers impénitents détiennent au moins 20% de l’économie du pays. Propriétaires des hôtels, des compagnies de transport, des magasins, des agences de tourisme, ces gros pontes de l’armée veulent que leur pays ne soit rien si ce n’est qu’un éternel pays de tourisme. Mais, ce secteur subit un ralentissement lié aux contrecoups de la campagne de diabolisation dont est victime le pouvoir de Morsi. De plus, comme le dit Olivier Guitta, directeur de recherche à The Henry Jackson Society, « Morsi et son équipe avaient en projet de réduire le poids économique considérable de l’Armée, et donc son influence dans la conduite du pays. » Chose inacceptable ! Solution ? Coup d’état avec l’appui de l’Oncle Sam. Christian Mallard, chef du service étranger de la télévision publique France 3 affirmait le 05 juillet sur France 24 : "Al-Sissi fut en contact permanent avec Chuck Hagel, Secrétaire d’Etat américain à la défense". Le journal Le Monde (favorable, il faut le préciser, au coup d’état contre Morsi), tout en prenant soin de masquer le rôle des Etats-Unis qu’il met plutôt comme soutien aux côtés du pouvoir, a écrit le 07 juillet 2013 tout de même que "des sources concordantes provenant des Frères musulmans, de l’armée et des renseignements, ont affirmé à l’agence de presse AP que la destitution du président égyptien avait été décidée par les militaires dès le 23 juin, une semaine avant la manifestation du 30 juin, qui a poussé des dizaines de millions d’Egyptiens dans la rue." Claire Talon, auteure de l’article dans Le Monde ajoute "à l’appui de l’hypothèse d’un coup préparé, des détails troublants ont accompagné la destitution du président. L’armée aurait fait filmer par ses avions les images des manifestations du 30 juin avant de les diffuser aux agences de presse. Les coupures d’électricité et les pénuries de gaz et d’essence ont mystérieusement cessé dès la destitution de M. Morsi, alors que ce problème avait miné sa légitimité depuis des mois." (L’article complet du Monde ici http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/07/06/egypte-un-coup-d-etat-prepare-a-l-avance-par-les-militaires_3443524_3212.html). Dans une interview accordée au Nouvel Observateur, Marc Lavergne, spécialiste de l’Egypte au CNRS précisera le 09 juillet 2013 « l’armée, est à l’origine de toute l’affaire : depuis un an, elle n’accepte pas le pouvoir civil (de Morsi) et l’a donc empêché de travailler. L’armée vit du tourisme, de l’économie, des capitaux étrangers : il n’y a plus de tourisme, l’économie est au point mort… » Que faire ? « Tout simplement, l’armée s’est rendue compte qu’elle s’opposait à des résistances plus fortes qu’elle ne l’avait imaginé, à la fois de la part des manifestants et des Frères musulmans. Elle s’attendait à ce que la coalition de manifestants rentre dans le rang mais ça n’a pas été le cas. Et tirer dans le tas n’a jamais été exclu de la part des militaires », dit Marc Lavergne. Et effectivement, l’armée a choisi de tirer dans le tas.

Malgré tout ceci, le mythe d’une armée qui intervient pour sauver la démocratie en péril en Egypte est maintenu. Les médias, CNN, BBC, RFI et surtout France 24 continuent d’assurer les services avant et après vente. Ils continuent de donner massivement la parole aux justificateurs des massacres qui viennent d’être commis. Exactement dans la même veine qu’un certain John Kerry. "Plusieurs millions d’Egyptiens ont demandé à l’armée d’intervenir craignant que le pays ne sombre dans le chaos et la violence," a ajouté John Kerry à la chaîne de télévision Geo, le 1er août dernier. On voit aujourd’hui que les voeux des Etats-Unis d’Amérique sont exaucés et l’Egypte "ne sombre pas dans le chaos et la violence".

Bien évidemment, les Occidentaux, alias la « Communauté internationale », devant les caméras, « condamnent » et versent des tonnes de larmes de crocodile sur les cadavres des partisans de Morsi. Mais, le plus important est ailleurs. La désignation de l’adversaire étant la chose la plus importante dans un processus conflictuel, les partisans de Morsi sont qualifiés depuis le début de leurs manifestations non pas des Egyptiens, mais des Islamistes, un attribut qui, depuis le 11 septembre 2001, justifie toutes les exactions, sinon qui équivaut à une condamnation à mort sans procès. Depuis 72 heures d’ailleurs sur les plateaux de France 24, on voit défiler des experts et surtout des Egyptiens triés sur le volet en disant à qui veut l’entendre que les assassinés sont des islamistes. Rien d’autre. L’opinion conditionnée ainsi ne que peut voir dans les massacres en Egypte la traduction de l’adage selon lequel "on ne fait pas des omelettes sans casser des oeufs" ou encore "malheureusement il n’y a pas d’autres solutions".

Pour aller plus loin, lire utilement notre texte sur le coup d’Etat du 03 juillet dernier : http://lajuda.blogspot.ch/2013/07/egypte-le-coup-detat-militaro-etats.html

Komla KPOGLI

»» http://lajuda.blogspot.ch/2013/08/soutenue-par-loccident-les-usa-en-tete.html
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Washington contre Cuba.
Salim LAMRANI
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La contribution la plus importante d’Obama a été d’embellir, de vendre à l’opinion publique et de prolonger les guerres, et non de les terminer. Ils l’ont bien vu pour ce que sont réellement les présidents américains : des instruments permettant de créer une marque et une image du rôle des États-Unis dans le monde qui puissent être efficacement colportées à la fois auprès de la population américaine et sur la scène internationale, et plus précisément de prétendre que les guerres barbares sans fin des États-Unis sont en réalité des projets humanitaires conçus avec bienveillance pour aider les gens - le prétexte utilisé pour justifier chaque guerre par chaque pays de l’histoire.

Glenn Greenwald

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