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Faut-il interdire le "foulard" islamique à l’université ?

S’agit-il d’un foulard, c’est-à-dire d’un bout de tissu carré que les femmes (ou les hommes : le bandana) se mettent sur la tête, comme les ouvrières du textile quand il y avait encore du textile en France ? S’agit-il de la tente de camping noire à l’iranienne qui ne laisse apparaître – et encore pas toujours – que les yeux de la personne ? Ce n’est pas tout à fait la même chose.

Ne pas admettre qu’il existe, parmi les musulmans du monde entier, des activistes au sens propre du terme, c’est se … voiler la face. Nous en sommes au point où les pratiques et le discours religieux (pas seulement musulman, bien entendu) sont en train de devenir la norme, les pratiques et le discours laïcs tendant à apparaître comme une gêne, une aberration, quelque chose à combattre séance tenante. Le pire étant l’intériorisation acceptée de cette évolution.

Pour certains penseurs de l’islam comme Tarik Ramadan, la laïcité, donc la République, sont des moments de l’histoire, pour ne pas dire des accidents. Dans l’absolu, ils n’ont pas tort. À l’époque d’Hugues Capet, la France n’était pas une république laïque. Peut-être qu’un jour elle aura cessé de l’être. D’ici là, toute avancée est bonne à prendre.

Un vieil ami me disait récemment qu’il y a une quarantaine d’années il allait donner régulièrement des cours dans une université marocaine. Les amphis étaient mixtes et les cheveux des étudiantes globalement visibles. En deux ans, la gent féminine fut réduite à une portion congrue d’environ 10%, le voile devenant obligatoire (mais pas statutaire), les étudiants étant pour la plupart barbus. Concomitamment, mon collègue ressentit que l’hostilité diffuse vis-à-vis du système monarchique en milieu estudiantin avait fortement diminué.

J’ai résidé pendant dix ans dans des pays d’Afrique noire plus ou moins islamisés. Je n’y ai jamais vu un voile intégral à l’iranienne. Il a fallu que j’habite près de l’université du Mirail à Toulouse pour en croiser quotidiennement. Qu’il soit l’apanage de récents convertis ou pas, l’islam extrémiste en France est un combat d’adultes généralement jeunes qui n’ont pas pu ou pas voulu trouver, leur place dans la République. Achille Mbembe l’a remarquablement formulé : « La proclamation de la différence est le langage renversé du désir de reconnaissance et d’inclusion. » De même que les anciennes gauchistes californiennes qui se font appeler « Ms » et non « Mrs » amusent beaucoup Wall Street (tout comme celles qui refusent de parler de leur « husband », « fiancé », voire « partner » et préfèrent « significant « other »), les activistes musulmans qui choisissent l’éclatement cautionnent la désintégration de la République laïque, donc du social et du politique.

Sur l’autre rive de la Méditerranée, on rencontre des marques de résistance à l’emprise de la religion sur la société. Après tout, la dénomination officielle de l’Algérie est « République algérienne démocratique et populaire ». Pas islamique. Récemment, à Tizi-Ouzou, plusieurs centaines de personnes ont mangé, bu et fumé de concert et en public pour protester contre l’islamisation du pays. Ils militaient de la sorte pour que le religieux reste du domaine privé. Certains ont même rappelé que, dans les années 1980, les restaurants restaient ouverts pendant le ramadan pour ceux qui ne souhaitaient pas l’observer. Heureusement, lutte des classes oblige, seuls les établissements de luxe demeurent aujourd’hui ouverts.

Pendant ce temps, dans nos universités – où il n’y a pas de problèmes, n’est-ce pas ? – un étudiant musulman refuse de travailler en binôme avec une étudiante non musulmane, ce que l’enseignant finit par accepter. Fort bien, mais il lui faudra alors admettre la requête de tel étudiant adventiste du Septième jour qui refuse de composer le samedi. C’est un exemple parmi des dizaines d’autres de la reculade de la laïcité là où elle devrait être en pointe.

En France, la laïcité n’est pas “ imposée ”. Elle est la loi républicaine, comme la conduite à droite. Encore une fois, elle est la cause, le moyen et la conséquence de l’intégration républicaine. La laïcité n’est nullement responsable de la “ désintégration ” de nombreux jeunes musulmans français. Le modèle économique, oui. Avec son chômage structurel obligatoire et tellement évident, avec le pouvoir exclusif donné aux actionnaires dans l’entreprise, avec la soumission du politique à la finance.

Toutes les guerres sont de religion parce qu’aucune guerre n’est de religion. À commencer par le conflit israélo-palestinien, qui n’est qu’une histoire d’eau.…

Un correspondant qui résida en Côte d’Ivoire avant moi (de 1965 à 1968) m’écrit ceci :

"J’étais coopérant en Côte d’Ivoire de 65 à 68 ’à Dimbokro et Toumodi) et chaque année la fin du ramadan était un grand moment : en effet les femmes dioulas sortaient en cortège dans les rues et dansaient torses nus accompagnés de leurs hommes.
Le cortège aboutissait toujours dans le quartier européen, où par un hasard miraculeux c’était les plus jolies filles qui se trouvaient en tête pour ... les photos, photos et films qui évidemment étaient l’objet de tractations financières menées par les hommes.
Un monde a disparu...."

Photo prise en Guinée, une république officiellement laïque mais économiquement en deshérence.

http://bernard-gensane.over-blog.com

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