RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Pour Abdel-Fatah al-Sisi, les intérêts d’Israël valent bien un coup d’état (The Independent)

Ce qui se passe en Égypte, c’est un vulgaire massacre, et cela n’a rien à voir avec une quelconque « transition révolutionnaire », écrit Robert Fisk.

u’est-il arrivé à l’Égypte ? Les morts sont appelés des « terroristes », le mot que les Israéliens utilisent pour leurs ennemis. Le mot que les Américains utilisent. La presse égyptienne parle « d’affrontements », comme si des Frères musulmans en armes avaient combattu la police. Hier matin, j’ai rencontré un vieil ami égyptien qui m’a dit qu’il avoir regardé le drapeau de son pays pui s’être mis à pleurer.

Je peux comprendre pourquoi. Pourquoi tant de morts ? Qui les a tués ? Il y a beaucoup d’Égyptiens aujourd’hui, des personnes anti-Morsi, bien sûr, qui m’ont dit hier ne pas croire que les partisans des Frères étaient tous avec des fusils, comme celui de la veille, tenant une kalachnikov près de l’hôpital - un homme que j’ai aperçu - car la vérité est que la police a abattu des hommes désarmés et pas un seul policier n’a été tué. Ce fut un massacre. Ce fut un véritable massacre. Il n’y a pas d’autre mot.

Et nous entendons les paroles de nos ministres bien-aimés. Prenez William Hague, qui a demandé aux autorités égyptiennes de s’abstenir de toute violence, car « est venu maintenant le temps pour le dialogue et non la confrontation ».

Oh mon cher ! Certainement pas les mots qu’il allait utiliser pour le gouvernement syrien, bien sûr.N’allons pas plus loin quand nos amis égyptiens utilisent une telle puissance de feu contre leurs adversaires.

Si c’étaient des copains de Bachar al-Assad qui tuaient tant de manifestants dans les rues de Damas, l’ONU ferait part de son horreur, de notre fureur sans limites, de notre dégoût. Mais bien sûr, c’est Le Caire, et pas Damas, et nos paroles doivent être tempérées quand nous nous adressons à nos amis, surtout à ce général qui dirige le pays. Et attention ! Le ministre égyptien de l’Intérieur égyptien a dit à son peuple que le sit-in de la Fraternité à la mosquée Rabaa « si Dieu le permet, doit cesser. Nous espérons qu’ils reviennent à la raison et rejoignent le processus politique. » Mais n’était-ce pas ce qu’ils avaient fait quand ils ont gagné les élections ? Le général Mohamed Ibrahim, le ministre de l’Intérieur, a déclaré que 21 membres des Frères musulmans avaient été tués. Alors, pourquoi ai-je compté 37 corps sur le sol de l’hôpital hier matin ?

Mais quel est le « processus politique » en Égypte ? Si vous pouvez participer à une élection et gagner - et ensuite être déposé par un général (par exemple un type du nom d’Abdel-Fatah al-Sisi) - quel est l’avenir de la politique en Égypte ? L’Occident peut vouloir aimer l’Egypte, mais elle est maintenant dirigé par un général très difficile qui ne semble pas se soucier beaucoup ce que nous pensons. Il se rend compte que les relations de l’Égypte avec Israël sont beaucoup plus importantes que n’importe quel coup d’État au Caire, et que la préservation du traité de paix entre l’Égypte et Israël vaut bien plus que toute prétention à la démocratie au Caire.

Et nous - en Occident - allons marcher de concert avec cela. M. Obama a dit aux Égyptiens que les aux États-Unis « seront toujours un partenaire solide pour le peuple égyptien car ils tracent leur voie vers l’avenir ». Et le peuple égyptien - tenez-vous bien - s’était vu « donné une chance de mettre sur les rails la transition post-révolution dans le pays." Donc là vous l’avez ! Le coup d’État militaire était une « transition post-révolution ». Oubliés les 37 morts que j’ai vu à l’hôpital ce samedi. Oublié le discours que Barack Obama a fait dans le bâtiment de l’Université du Caire il y a quatre ans. Nous sommes dans une transition post-révolutionnaire. Appelez Lénine.

Robert Fisk

Robert Fisk est le correspondant du journal The Independent pour le Moyen Orient. Il a écrit de nombreux livres sur cette région dont : La grande guerre pour la civilisation : L’Occident à la conquête du Moyen-Orient.

SOURCE : http://www.independent.co.uk/voices/commentators/fisk/egyptian-violence-was-a-massacre-not-a-postrevolution-transition-8735647.html

TRADUCTION : http://www.info-palestine.net/spip.php?article13800

URL de cet article 21636
   
Le choix de la défaite - Les élites françaises dans les années 1930
Annie LACROIX-RIZ
Comment, pour préserver leur domination sociale, les élites économiques et politiques françaises firent le choix de la défaite. Un grand livre d’histoire se définit premièrement par la découverte et l’exploitation méthodique de documents assez nombreux pour permettre des recoupements, deuxièmement, par un point de vue qui structure l’enquête sur le passé (Annie Lacroix-Riz répond à Marc Bloch qui, avant d’être fusillé en 1944, s’interrogeait sur les intrigues menées entre 1933 et 1939 qui (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

C’est très dur d’être libre lorsqu’on est acheté et vendu sur le marché. Bien sûr, ne leur dites jamais qu’ils ne sont pas libres, parce qu’alors ils vont se mettre à tuer et estropier pour prouver qu’ils le sont. Pour sûr, ils vont vous parler, et parler, et parler encore de droits individuels. Mais lorsqu’ils voient un individu libre, ça leur fout les jetons.

Jack Nicholson, dans le film "Easy Rider"

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.