Le Koweït a suivi l’exemple de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis pour devenir le troisième pays octroyant au Caire une aide financière d’urgence de 4 milliards de dollars.
Le total des soutiens à l’économie égyptienne de la part des monarchies du Golfe se chiffre donc aujourd’hui à 12 milliards de dollars. Les experts estiment que ces fonds devraient permettre aux nouvelles autorités égyptiennes de stabiliser la situation et d’éviter un effondrement économique.
Sous la présidence de Mohamed Morsi le sponsor principal de l’Égypte était le Qatar, en compétition agressive avec l’Arabie saoudite pour le leadership dans le monde arabe.
C’est Doha vers qui s’orientaient les Frères musulmans, le parti de Mohamed Morsi. Le volume de l’aide qatarie avait atteint 8 milliards de dollars depuis le début de l’année.
La chute du président Morsi pourrait pourtant forcer Doha à changer d’approche et priver les nouvelles autorités égyptiennes de son soutien.
Le Qatar n’a pas du tout apprécié la destitution de Morsi ni l’arrestation de Frères musulmans. Il a notamment condamné l’utilisation de la force contre les manifestants pro-Morsi, entraînant plusieurs dizaines de morts.
Les médias qataris critiquent les “actions anticonstitutionnelles de l’armée égyptienne” et établissent des parallèles avec l’Algérie où le coup d’État militaire de 1991 s’est soldé par une guerre civile.
Bien que les officiels qataris annoncent diplomatiquement leur volonté de poursuivre leur soutien à l’Égypte, il est peu probable que cette aide garde son envergure actuelle.
Dans ce contexte l’apparition de nouveaux sponsors menés par l’Arabie saoudite a été très bénéfique pour les généraux égyptiens et Adli Mansour, qu’ils ont nommé président.
Les Saoudiens sont prêts à octroyer au Caire 5 milliards de dollars, tandis que les Émirats et le Koweït pourraient dépenser 3 milliards et 4 milliards respectivement.
Ces fonds compenseraient largement la perte éventuelle des milliards qataris. Riyad et ses alliés régionaux ont salué la chute de Mohamed Morsi et des Frères musulmans et le roi saoudien Abdalla a été le premier leader étranger à féliciter Adli Mansour pour sa nomination.
Tout cela laisse entendre que les relations entre l’Égypte et l’Arabie saoudite seront plus étroites que sous Mohamed Morsi et que Riyad sera en mesure de renforcer ses positions géopolitiques au détriment de ses rivaux qataris.
Les États-Unis sont également un sponsor de l’Égypte même s’ils ne sont pas au même niveau que les monarchies du Golfe. Washington octroie annuellement à l’armée égyptienne une subvention de 1,3 milliards de dollars.
Aujourd’hui ce soutien pourrait être en théorie menacé : les lois américaines interdisent toute aide financière aux pays ayant subi un coup d’État militaire.
Washington évite pourtant de qualifier ainsi la destitution de Mohamed Morsi et souligne n’avoir aucune envie de revenir actuellement sur son aide à l’Égypte. C’est aussi ce que demande Israël, allié principal des Américains dans la région.
Selon le quotidien Haaretz, les autorités israéliennes ont fait savoir à l’administration Obama que l’annulation de l’aide américaine à l’armée égyptienne pourrait déstabiliser la situation dans le pays et menacer la sécurité d’Israël : l’affaiblissement des structures de force égyptiennes dans les zones frontalières pourrait permettre aux terroristes de pénétrer plus facilement sur le territoire israélien.
R.N
Algerie1.com le 12/07/2013