"Toi par contre, je te prendrais bien salope". "Pute, pour moi ce n’est pas une insulte, mais un travail que je consomme". Ce sont quelques unes des apostrophes sexistes qu’on eu à subir deux militantes féministes du NPA le 7 juin dernier à Toulouse. Elles sortaient tout juste d’un restaurant pour fumer une cigarette, lorsqu’elles ont été interpellées par deux hommes qui se sont mis à les agresser verbalement. "Dans un premier temps on les a ignorés, puis on a essayé de se protéger, mais nous avons été mises dans l’incapacité de faire quoique ce soit, tout s’est passé très rapidement", témoigne Hegoa Garay. "Au bout de 3 minutes d’horreurs misogynes, l’un d’entre eux m’a mis un coup de tête, ce qui m’a cassé le nez", raconte-t-elle. "Il y avait une vingtaine de personnes sur la terrasse du restaurant, mais personne n’a eu le temps de réagir", constate-t-elle.
Hegoa Garay et Marine Benjelloun ont décidé de porter plainte. "Cela a été le parcours du combattant, dans le premier commissariat où nous sommes allées, le commissaire nous a conseillé de ne pas porter plainte, il considérait les violences sexistes comme trop légères", s’indigne Hegoa. Pas découragées, elles se sont rendues dans le commissariat de quartier d’Hegoa, où l’accueil a été plus correct. "En tant que féministe, je passe mon temps à dire aux femmes qu’il ne faut pas que les violences restent invisibles, qu’il faut se battre, car des mesures existent contre elles, il fallait que je sois cohérente avec mes idées", explique-t-elle. L’un des deux hommes a été identifié, mais le second, qui a porté le coup, ne l’est pas encore de manière certaine.
« Le climat est nauséabond »
"L’agression était ciblée sur nous, féministes et militantes d’extrême-gauche", affirme Hegoa. En tant que candidate aux dernières législatives, sa photo a été placardée partout à Toulouse, où elles sont connues avec Marine comme militantes très actives. Avec la mobilisation contre le mariage homosexuel et le meurtre de Clément Méric, "le climat est nauséabond", observe Hegoa. L’agression a eu lieu la veille d’une manifestation antifasciste, à la sortie d’une réunion du collectif unitaire qui l’organisait. "L’avancée idéologique de l’extrême-droite avec la mobilisation de la manif pour tous, en prenant la parole et la rue, a décomplexée beaucoup de personnes, organisées mais aussi isolées », constate Hegoa. Pour elle, ces mobilisations ont "donné des cibles : les homosexuels et les féministes".
Les deux agresseurs risquent pour les injures sexistes des peines pouvant aller jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et une amende pouvant monter jusqu’à 22 500 euros. Pour le coup porté au nez, le juge pourra prononcer jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
Une nouvelle agression
Ce regain de violences visant les féministes et les personnes LGBT continue de faire des victimes. Samedi matin, à Paris, une autre militante du NPA, lesbienne, a subi une agression. Un homme, clairement identifié comme militant d’extrême-droite l’a copieusement insultée, avec des propos sexistes et lesbophobes. Il l’a également prise en photo, en la menaçant de la violer et de la tuer. Triste coïncidence, cette agression s’est déroulée à la gare Saint-Lazare, à quelques dizaines de mètres du lieu de l’assassinat de Clément Méric.
Delphine Dauvergne