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La loi d’exclusion politique et les fauteurs de division

La loi dite d’immunisation de la Révolution ou, plus exactement, la loi d’exclusion politique, relève de ce genre de textes législatifs dont seuls prennent l’initiative des politiciens aveuglés par la passion partisane et revancharde. La conséquence immédiate de la loi scélérate en discussion depuis vendredi 28 juin à l’ANC est, sans aucun doute, de semer les ferments de la discorde civile dans le pays et d’allumer les feux de la haine et des divisions intestines dans la société.

On pourrait avancer, sans grands risques d’erreur, que les promoteurs de cette loi seront désignés dans les futurs manuels d’histoire comme les principaux responsables des graves déchirements que connait notre pays. Comme ceux aussi qui ont préféré la précipitation d’une loi inique à la sage pondération de la justice transitionnelle. Comme ceux encore qui auront faussé le jeu démocratique en se substituant à la volonté du peuple et des électeurs en éliminant de la course politique leurs plus sérieux concurrents et cela grâce à un artifice juridique et législatif à la légalité fortement douteuse.

Aussi méritent-ils cette malédiction que Amin Maalouf, écrivain libanais, jette sur tous ceux qui ont préféré les intérêts de leur parti à ceux de la patrie et ont ainsi précipité le Liban dans la terrible tourmente de la guerre civile qui l’a secoué durant une dizaine d’années entre 1975 et 1985 : « Maudits soient à jamais les fauteurs de division ! »

Car, pour immuniser la Révolution, il ne faudrait pas commencer par exclure sans un jugement équitable des catégories de citoyens. Il faudrait, surtout, rassembler l’ensemble de la société autour de notre glorieuse histoire commune contre toutes les formes d’oppression. Autour, également, des valeurs qui sont à l’origine du mémorable soulèvement de la jeunesse de ce pays entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011.

Pour immuniser la Révolution, il faudrait donc inventer immédiatement un projet de société où Liberté, Démocratie, Tolérance, Dignité et Travail auront toute leur place et redonneront espoir et élan à nos jeunes.

Pour immuniser la Révolution, il faudrait immuniser nos jeunes gens contre la tentation du jihad, soit par les armes, soit par cette forme de prostitution vers laquelle sont bizarrement poussées nos jeunes femmes par d’indignes marchands de religion.

Pour immuniser la Révolution, il faudrait immuniser notre scène politique et, particulièrement, nos futures élections contre le fléau de la violence partisane et contre la fascisation rampante que pratiquent aujourd’hui dans une sidérante impunité les prétendues Ligues de protection de la Révolution.

Pour immuniser la Révolution, il faudrait immuniser notre société contre le cancer du terrorisme qui menace notre mont Châambi, nos cités ainsi que notre arrière-pays et nos frontières si vulnérables.

Pour immuniser la Révolution, il faudrait immuniser notre armée et notre police nationales contre leur instrumentalisation, à des fins peu démocratiques, par le parti actuellement dominant.

Pour immuniser la Révolution, il faudrait immuniser notre appareil judiciaire contre le laxisme, voire la complaisance dont il se rend parfois coupable envers les uns et contre la rigueur de la loi qu’il applique à d’autres.

Pour immuniser la Révolution, il faudrait immuniser notre administration contre les tentatives d’infiltration et de noyautage de la part du parti hégémonique au pouvoir et ses satellites.

Pour immuniser la Révolution, il faudrait immuniser nos mosquées, jardins d’enfants et différentes institutions d’enseignement contre les menaces quotidiennes de l’indigne prosélytisme que manifestent des groupes de plus en plus nombreux de fanatiques, d’illuminés et de prétendus détenteurs de la Vérité et véritables ennemis de la concorde civile et du vivre ensemble.

Pour immuniser la Révolution, il faudrait immuniser notre économie ainsi que notre monnaie nationale contre les menées des accapareurs, prévaricateurs et autres dangereux et nuisibles trafiquants.

Pour immuniser la Révolution, il faudrait immuniser notre secteur touristique contre l’irresponsabilité dont font preuve des zélateurs nouvellement apparus parmi nous et qui, sur nos plages et dans nos médinas, pourchassent les touristes et autres baigneuses et baigneurs pour leur tenue qui serait contraire à nos coutumes et pratiques locales.

Pour immuniser la Révolution, il faudrait donc, finalement, l’immuniser contre le viol permanent dont la menacent ceux que l’on pourrait appeler les négationnistes falsificateurs volontaires de notre histoire ainsi que ceux qui ne croient pas au sain jeu démocratique. Ni à l’alternance pacifique au pouvoir. Ni à la neutralité de l’Administration, ni à celle des lieux de culte et des institutions éducatives. Ni à l’égalité de tous devant la loi. Ni à l’intérêt général avant celui particulier.

La classe politique à l’origine de la loi d’exclusion, et actuellement aux commandes, mérite-t-elle donc vraiment qu’on lui accorde la confiance aux prochaines élections ? Par cette loi indigne et non démocratique, Ennahdha et Cie n’ont-ils pas creusé leur propre tombe politique ? N’est-ce pas là la juste rétribution des fauteurs de division qui, par leur aveuglement partisan, ont dangereusement mis en péril la concorde civile ? C’est là toute l’histoire de l’arroseur arrosé ou, pour reprendre un bon proverbe arabe : « Qui tend un piège à son prochain, Dieu l’y précipite incontinent ! »

Mohamed Ridha BOUGUERRA

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Un futur présent, l’après-capitalisme, de Jean Sève
Michel PEYRET
Une façon de dépasser le capitalisme Le livre de référence L’essai de l’historien Jean Sève intitulé Un futur présent, l’après-capitalisme (La Dispute, 2006). Ce livre propose une interprétation du mouvement historique actuel dans le sens du dépassement possible du capitalisme. Il énonce ce qu’il envisage comme des preuves de l’existence actuelle de « futurs présents » qui seraient autant de moyens de ce dépassement du capitalisme déjà à l’oeuvre dans le réel. Sur la question (…)
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Si j’étais le président, je pourrais arrêter le terrorisme contre les Etats-Unis en quelques jours. Définitivement. D’abord je demanderais pardon - très publiquement et très sincèrement - à tous les veuves et orphelins, les victimes de tortures et les pauvres, et les millions et millions d’autres victimes de l’Impérialisme Américain. Puis j’annoncerais la fin des interventions des Etats-Unis à travers le monde et j’informerais Israël qu’il n’est plus le 51ème Etat de l’Union mais - bizarrement - un pays étranger. Je réduirais alors le budget militaire d’au moins 90% et consacrerais les économies réalisées à indemniser nos victimes et à réparer les dégâts provoqués par nos bombardements. Il y aurait suffisamment d’argent. Savez-vous à combien s’élève le budget militaire pour une année ? Une seule année. A plus de 20.000 dollars par heure depuis la naissance de Jésus Christ.

Voilà ce que je ferais au cours de mes trois premiers jours à la Maison Blanche.

Le quatrième jour, je serais assassiné.

William Blum

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