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Récapitulation hebdomadaire du procès de Bradley Manning – Semaine 2 (dissenter)

Juge Denise Lind, Col. d’Armée (dessin de Clark Stoeckley)

Avec la révélation de l’identité d’Eward Snowden, le lanceur d’alerte derrière la divulgation des programmes de surveillance top secrets de la National Security Agency (NSA), formant une toile de fond qui a dominé les médias, le procès de Bradley Manning est entré dans sa deuxième semaine.

Avec un autre lanceur d’alerte que l’armée a agressivement poursuivi pour avoir transmis des informations du gouvernement à WikiLeaks, le procès a reçu une attention minimale des médias cette semaine. Le nombre de reporters au centre des médias (de Fort Meade, lieu du procès – NDT) est tombé à dix journalistes. Le Guardian et le New York Times manquaient à l’appel.

Voici quelques uns des développements importants survenus dans le procès contre le soldat qui a publié des informations du gouvernement américain à WikiLeaks.

Les soutiens de la défense ont financé collectivement la présence d’un(e) sténographe au procès

« Nous croyons que cela souligne le droit pour Bradley Manning à un procès public, garanti par le Sixième Amendement, et qu’il confirme le droit, garanti par le Premier Amendement, de la presse à garder fidèlement une trace de ce qui se déroule devant la cour martiale », a déclaré l’avocat de la défense David Coombs, le 10 juin.

La fondation de la Liberté de la presse (FPF) a récolté des dizaines de milliers de dollars afin d’envoyer des sténographes au procès pour produire des transcriptions car l’armée américaine refuse d’en fournir. Elle a envoyé une lettre, soutenue par d’importantes organisations médiatiques, à la juge militaire colonelle Denise Lind le premier jour du procès. La lettre demandait des cartes de presse pour permettre l’accès aux sténographes judiciaires professionnels à la salle réservée aux médias pour qu’ils puissent ainsi « transcrire des parties publiques de la cour martiale ».

La juge a déclaré : « Compte-tenu de l’intérêt public dans cette affaire, compte-tenu des circonstances uniques de cette affaire, compte-tenu de la déclaration de Bradley Manning que cette procédure favorisera ses droits garantis par le Sixième Amendement à un procès public et favorisera évidemment le droit, garanti par le Premier Amendement, du public à un procès public, le tribunal a ordonné au gouvernement de parvenir à un certain type de compromis afin de permettre la sténographie des délibérations de ce procès ».

L’analyste militaire supérieure du centre de contre-espionnage témoigne sur le dossier au centre de WikiLeaks

Sheila Glenn, une analyste de haut niveau dans le domaine du cyber contre-espionnage a témoigné sur son rôle dans la production à l’Army Counter Intelligence Center (ACIC) du rapport de 2008 titré « Wikileaks.org - Une référence en ligne aux Services des renseignements étrangers, Insurgés ou Groupes terroristes ? ». Le rapport a été divulgué à WikiLeaks par Manning et fut auto-initié, ce qui signifie que quelques analystes ont pensé qu’il serait bon d’avoir un rapport sur cette « menace » potentielle.

L’accusation a fait lire à Glenn ce qui suit : « Il faut présumer que l’organisation WikiLeaks a ou recevra dans le futur des documents sensibles ou classifiés. Il faut aussi présumer que les ennemis étrangers examineront ou évalueront toute information du DoD (Department of Defense – Ministère de la Défense) ou classifiée sur le site web de WikiLeaks.org ».

Lorsque la défense l’a contre-interrogée, elle a admis que les analystes pouvaient seulement « présumer » mais non « confirmer » que le site web était utilisé par les services de renseignements étrangers, par les services militaires étrangers, par les insurgés étrangers ou par les groupes terroristes pour collecter des informations sensibles ou classifiées de l’armée américaine. Elle joua un jeu sémantique en disant « Pas nécessairement, je ne suis pas sûre. Je ne peux pas confirmer que la source est exacte », mais elle a concédé : « Nous n’avons pas pu confirmer à cette époque qu’ils ont visité WikiLeaks ».

Et, à un moment donné, Glenn a lu pour mémoire que l’impact de la publication de ce rapport serait « un aperçu d’une technique efficace asymétrique de guerre tactique et d’opération de protection contre les forces américaines et les forces de la coalition ».

Aucun lien entre Manning & Jason Katz, qui a été poursuivi par le Grand Jury sur WikiLeaks

David Shaver de l’Unité d’enquête militaire des crimes informatiques (Army Computer Crimes Investigative Unit [CCIU]) a effectué des examens médico-légaux d’un employé du laboratoire national de Brookhaven (Brookhaven National Laboratory), Jason Katz, que les procureurs ont allégué qu’il était en quelque sorte impliqué dans la diffusion d’une vidéo d’une attaque aérienne à Garani. Shaver a effectué les examens médico-légaux, regardé les courriels et fouillé le disque dur de l’ordinateur de Katz pour tout ce touche à Manning. Il n’a trouvé aucun mail ou conversation en ligne.

« En fait votre enquête n’a révélé absolument aucun lien entre Jason Katz et mon client ?? », a demandé le capitaine Joshua Tooman, avocat de la défense. « C’est exact », a répondu Shaver.

Le FBI a enquêté sur Katz qui fut l’objet d’un grand jury constitué à Alexandria, en Virginie. Il est soupçonné d’avoir été impliqué dans le travail de décryptage d’une vidéo pour WikiLeaks. La vidéo sur son ordinateur (l’attaque aérienne à Garani - NdT) est connue pour ne correspondre à aucune vidéo divulguée par Manning.

Shaver a également déclaré qu’aucun des journaux qu’il a examinés ne contenaient aucune preuve que Manning aurait transmis la vidéo Garani en novembre 2009. Le témoignage que Manning n’a aucun lien avec Katz et qu’il n’a pas transmis de vidéo en novembre 2009 porte un coup à l’accusation qui a tenté de faire croire que Manning a immédiatement commencé à travailler pour le compte de WikiLeaks dès qu’il a été déployé en Irak.

Le pilote de l’Apache CWO5 Jon LaRue stipule que “Collateral Murder” a révélé des tactiques, des techniques et des procédures aux adversaires

Un pilote d’hélicoptère Apache, qui a examiné la vidéo de 2007 de l’attaque d’un hélicoptère Apache sur Bagdad que Manning a divulguée et que WikiLeaks a diffusée sous le nom de « Collateral Murder », a stipulé dans son témoignage que la vidéo contenait des tactiques, des techniques et des procédures (TTPs) – « information sensible de l’armée de l’air ».

Il a examiné la vidéo et a trouvé que l’affichage numérique AH-64D ou « écran de pleine action » (“high-action display”) dans la vidéo « montre l’utilisation d’un laser destiné à la télémétrie, l’altitude et la vitesse aérienne. Le laser montre également des angles d’engagement. Les portées et les méthodes d’attaques sont des TTPs. » Et, selon LaRue, « Les forces ennemies qui connaissent les TTPs pourraient être en mesure d’anticiper les opérations des Etats-Unis et les forces ennemies seront capables de planifier en conséquence des attaques plus efficaces. »

« L’affichage en pleine action montre aussi la bande d’en-tête, qui révèle le détecteur et l’acquisition des cibles par le détecteur et d’autres informations », selon son témoignage. « Cet affichage du détecteur en action pourrait être utilisé pour déterminer les limites des capacités du détecteur. Basé sur mon expérience et ma formation, les capacités du détecteur sont des informations sensibles de l’armée de l’air. Le détecteur révèle aussi la position de l’hélicoptère pendant une opération, ce qui pourrait être utilisé pour déterminer plus d’aspects des TTPs. Les TTPs sont secrets et en révéler une partie pourrait faciliter la découverte de leur fonctionnement pour un adversaire ».

C’est la vidéo où les soldats américains ont abattu deux employés de Reuters, un bon samaritain dans une camionnette qui s’arrête pour tenter de sauver les blessés et qui blessent aussi deux enfants à l’intérieur de la camionnette. Et Manning a dit dans sa déclaration au tribunal le 28 février « L’aspect le plus inquiétant de la vidéo pour moi, cependant, était l’apparente soif de sang délectable qu’ils semblaient éprouver ».

Les procureurs face aux objections de la défense quand ils tentent d’utiliser une Politique d’Utilisation Acceptable que Manning n’a pas signé contre lui-même

Lors du contre-interrogatoire du capitaine Thomas Cherepko, un agent de la brigade des automatismes (Brigade Automations Officer) dans l’unité de Manning, les procureurs, lorsqu’ils ont appris par témoignages sur le fait que Manning avait outrepassé son autorisation d’accès autorisé sur son ordinateur, ont tenté d’utiliser une Politique d’Utilisation Acceptable (Acceptable Use Policy - AUP) que Manning n’avait jamais signée. La défense a contesté car trois des accusations portées contre Manning reposent sur une violation ou non de l’AUP.

Manning est accusé d’avoir « sciemment » outrepassé « son accès informatique autorisé au Secret Internet Protocol Router network (SIPRNet) » dans la Spécification 2 et la Spécification 3 pour « obtenir des informations » qui étaient classifiées. Ce sont deux violations alléguées du Computer Fraud and Abuse Act (CFAA). (Note : Les Spécifications sont comme des chefs d’accusation).

Ce fut de loin l’un des moments les plus controversés du procès qui a eu lieu le 12 juin. Pour en savoir plus sur le déroulement du procès en cour martial, cliquer ici.

Kevin Gosztola – 15 juin 2013

Traduction : Romane

Source : http://dissenter.firedoglake.com/2013/06/15/weekly-wrap-up-on-week-2-o...

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