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Collusion entre élus et milieux des affaires : ça suffit !

Le Sud-est de la France attire les touristes du monde entier. Région qui brasse des milliards d’argent public, elle attire aussi des personnes nettement moins recommandables qui semblent profiter d’un certain laxisme des représentants de l’Etat sur place.

Des marchés publics attribués de manière opaque

Bien avant que l’affaire Guérini ne fasse les gros titres de la presse nationale, mais sans forcément remonter jusqu’aux affaires Tapie, le monde politique du Sud de la France a toujours été vu comme associé de près ou de loin au milieu des affaires. Réalité ou fiction, les multiples condamnations d’élus sont là pour rappeler que toutes les affirmations sur ces liens supposés ne furent pas que pure diffamation. De François Léotard, maire de Fréjus et ancien Ministre, condamné à dix mois de prison avec sursis en 2004 [1], à Jean-Noël Guérini, sénateur des Bouches du Rhône, entendu actuellement avec son frère pour « association de malfaiteurs en vue de trafic d’influence et recel de trafic », le Sud de la France ne manque pas de célébrités politiques dans ses tribunaux.

Celle qui deviendra très vite « l’affaire Guérini » concerne des attributions de marchés publics, et donc des sommes induites, à des acteurs pour le moins douteux dans le cadre d’appels d’offre qui ne le sont pas moins. Les secteurs d’activité englobent aussi bien les travaux publics que les maisons de retraite, les décharges publiques ou les dépenses de santé [2] En lien avec les milieux des affaires en Corse et en Espagne, des marchés ont été truqués au seul bénéfice de quelques entreprises « proches » des décideurs, qui ont pris soin d’empocher l’argent public, sans toujours réaliser les travaux prévus [3]. Le sénateur Guérini dont la levée de l’immunité parlementaire a été effective en décembre 2012 est soupçonné, notamment avec Bernard Barresi, figure du grand banditisme marseillais, d’avoir eu massivement recours à des dessous de tables dans les attributions de marchés publics [4] et [5].

Le lucratif filon des ordures ménagères

Plus à l’Est, le Var n’est pas épargné par les petits arrangements, surtout sur les questions environnementales. Préserver la nature coûte cher, mais ça rapporte bien plus encore, pour peu que l’on prenne quelques libertés avec une réglementation jugée trop tatillonne. Mais lorsque l’on est à la fois l’émetteur des appels d’offre et responsable des organismes de contrôle, comme c’est le cas à la municipalité de Toulon, l’opportunité l’emporte vite sur les risques encourus. Le second tunnel de Toulon semble s’être ainsi creusé sans que soit posée la question des déchets de fouille. Mais une solution a vite été trouvée en éparpillant les déchets sur des sites privés, des vignes, des oliveraies et même au sein du site protégé Natura 2000 [6] et [7]. Ayant longtemps siégé à la fois comme sénateur, maire et Président de Toulon-Provence-Méditerranée (TPM), une communauté d’agglomération regroupant onze communes et 400 000 habitants [8], le maire de Toulon occupe pourtant une position privilégiée pour observer le manège des marchés publics.

Mais la faute de goût survient lorsque dans l’attribution des marchés publics en question, M. le maire s’affiche avec quelques amis pas forcément recommandables. Le contribuable toulonnais pourrait être amené à s’interroger par exemple sur l’attribution de la rénovation et de l’extension de l’incinérateur de Toulon à la société Pizzorno [9]. Mise en cause et condamné à plusieurs reprises pour ses pratiques illicites sur les sites de retraitement d’ordures ménagères dont elle a la charge, son nom est aussi revenu sur la table à plusieurs reprises lors d’une vaste affaire de corruption dans l’attribution des marchés publics sur Lyon en 2010 [10] et [11]. Plus récemment, outre la gestion problématique de sites du Balançan au Cannet et à Bagnols-en-Forêts, pour lesquels le groupe Pizzorno a été condamné à de lourdes amendes en correctionnel (y compris son PDG Francis Pizzorno) et à la mise en conformité, l’entreprise a également été mise en cause à Roumagayrol, Saint-Beauzire et jusqu’en Afrique pour, à nouveau, des faits de corruption (au moins ici et ici). Tout cela n’empêche pas la société de recevoir récompense sur récompense pour ses bonnes pratiques RSE [12], [13] et [14]

La préfecture du Var a bien diligenté une commission de suivi de sites administrés par Pizzorno, mais on pourra s’étonner que le principe de précaution le plus élémentaire n’ait pas prévalu dans l’étude de certains dossiers d’attribution de marchés publics. Par contre on ne sera pas surpris de découvrir M. le maire de Toulon en compagnie du propriétaire de cette société, lors de la mise en service de nouveaux matériels de nettoyage pour la ville [15]. Il est vrai que Francis Pizzorno est un généreux mécène du département, et l’entreprise compte des personnalités influentes en son sein : « Pizzorno est puissant dans le Var. Il finance de nombreux clubs sportifs, entretient d’excellentes relations avec les élus, compte à son conseil d’administration l’ex-maire de Fréjus François Léotard » lit-on ainsi dans Libération. Le monde politique est un village, mais bien peu de choses semblent devoir être portées en place publique, dans le petit microcosme du Sud de la France.

Laure Remonnier


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La Chine sans œillères
Journaliste, écrivain, professeur d’université, médecin, essayiste, économiste, énarque, chercheur en philosophie, membre du CNRS, ancien ambassadeur, collaborateur de l’ONU, ex-responsable du département international de la CGT, ancien référent littéraire d’ATTAC, directeur adjoint d’un Institut de recherche sur le développement mondial, attaché à un ministère des Affaires étrangères, animateur d’une émission de radio, animateur d’une chaîne de télévision, ils sont dix-sept intellectuels, (…)
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Il faut beaucoup d’éducation pour nous rendre aussi stupides.

Caitlin Johnstone

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