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Encore une réforme courageuse

Selon J-M Ayrault, cette réforme du quotient familial "est la preuve qu’on peut sauver le modèle social français en le réformant, en réduisant les injustices, en répondant à des besoins nouveaux et en apportant plus de solidarité".

Question de point de vue. Pour Michel Canet, président de l’Union des familles laïques (UFAL), ces mesures vont dans le sens d’"une semi-privatisation de la politique sociale".

Le plafonnement du quotient familial va concerner nombre de couples de cadres et « l’aménagement », comme il est dit élégamment, de la prestation jeune enfant touchera des couples avec un revenu de 3250 euros par mois, qui perdront tout de même plus de 900 euros par an !

Certes, le gouvernement, en renonçant à moduler les allocations familiales en fonction des revenus, semble avoir renoncé à porter atteinte à l’universalisme de la politique familiale hérité de la période de la Libération.

Il reste cependant qu’avec la modulation du quotient familial, c’est la famille en tant que telle qui va devoir ouvrir sa bourse. Par le biais de l’impôt, certes, et cela fait indiscutablement une différence, mais il s’agit bien tout de même d’installer le fait comme l’idée que c’est au fond aux familles de supporter l’effort.

Si les mesures fiscales sont datées, les annonces sociales : la scolarisation de 75 000 enfants de deux à trois ans supplémentaires, la création de 100 000 solutions d’accueil auprès d’assistantes maternelles, des mesures pour les familles monoparentales et celles sous le seuil de pauvreté, celles-ci ne le sont pas datées et surtout qui va payer ? Les collectivités locales ? Avec pour effet de reporter sur l’impôt ces efforts supplémentaires ?

Il y a en plus, dans ce choix de faire payer les familles, fussent-elles « aisées », ou supposées telles, une opération idéologique, amenant en quelque sorte à les rendre responsables du déficit de la branche famille, quitte à leur serrer un peu la ceinture pour aider les familles les plus démunies. Tout le social du socialisme est là.

Outre le fait que ce déficit provient de ce que la branche famille supporte des charges indues, l’ensemble de ces mesures fait entendre un silence assourdissant sur une vraie progressivité de l’impôt sur le revenu comme sur les cotisations des entreprises, dont Jean-Marc Ayrault dit pourtant qu’elles sont aussi la Nation.

Il s’agit donc plutôt pour les protagonistes d’une appartenance du style : Je te tiens, tu me tiens par la barbichette...

Tant il est vrai que le Medef estime que les entreprises n’ont rien à voir avec la famille et ne devraient pas payer du tout.

Dwaabala

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