Sur la télé parlementaire (LCP),tard dans le soir du samedi 27 avril, dans l’émission "Déshabillons-les" Monsieur Philippe Moreau Defarges, politicologue de l’Institut Internationale des Relations Internationales (IFRI), s’est permis sans aucune précaution de forme de mettre sur le même plan les dits "rebelles syriens" et les "Républicains de la Guerre d’Espagne (1936), ce qui constitue à mes yeux (pas les miens seulement j’espère) inacceptable, révoltant. Je lui ai fait cette réponse que j’aimerais voir publiée par Le Grand soir.
Monsieur,
Tout à fait par hasard, je vous ai écouté intervenir dans l’émission " Déshabillons-les " diffusée par LCP tard dans la nuit du 27 avril, pour relever une similitude dans le comportement jugé flottant du gouvernement socialiste français de Monsieur AYRAULT à l’endroit des supposés "rebelles" syriens, avec celui de Léon Blum en 1936 vis-à-vis des Républicains espagnols. Voici comparé l’incomparable, ça me laisse pantois ! C’est là une injure faite aux faits historiques et aux règles démocratiques dont se réclament pourtant ces mêmes qui piétinent allègrement la démocratie dans les autres pays. N’est-ce pas fort de café de comparer les « rebelles syriens, un amalgame de fractions armées hétérogènes, n’ayant aucune légitimité à part celle des armes, « conseillés » par des spécialistes de la déstabilisation anglais et français – chose reconnue par les intervenants eux-mêmes, des bandes composées de volontaires islamistes et mercenaires qui sont des sortes d’Attila détruisant tout après leur passage, aux Républicains espagnols venus au pouvoir par la voie démocratique et attaqués par Franco qui, comme Pinochet, n’a pas fait de quartier servant de préface à ce que fut le fascisme hitlérien ? Première grossièreté évidemment pas innocente.
La deuxième et non moins importante est celle qui minimise la trahison de Léon Blum et de son gouvernement qui ont refusé de vendre des armes aux Républicains espagnols, sous le prétexte fallacieux que la France se devait de rester neutre. Prétendue neutralité qui fit le jeu des putschistes et qui n’était qu’une ficelle politique pour donner l’avantage à Franco, trahissant ainsi la volonté du peuple espagnol, la démocratie, Garcia Lorca et Hemingway. L’ignominie reste et restera pour toujours une tâche indélébile dans l’histoire de la social-démocratie française qui, faut-il le rappeler, jouit d’une longue tradition dans la trahison des aspirations légitimes du Peuple de France et celui des autres contrées (par exemple en 1956 la guerre au lieu de la paix en Algérie. En ce qui concerne la Syrie, c’est faire preuve d’une étrange naïveté que de croire que les supposés "Insurgés" (extraordinaire et suspect, n’est pas Monsieur Jules Vallès, cet engouement soudain du grand capitalisme pour les révoltes populaires ?) ne reçoivent pas d’armes et autres choses encore (conseillers, stratèges, spécialistes des explosifs) clandestinement de tous les pays sous allégeance américaine : Émirats -spécialement le Qatar, la Turquie, la France,l’Angleterre et j’en passe) Mettre sur le même plan ASSAD et son gouvernement qui, quelles que soient leurs tares, restent le pouvoir légitime et les Attilas armés et dirigés de l’extérieur, est un comble dans l’ignominie et dans le mensonge et l’on atteint le plus haut niveau de cynisme lorsque pour le justificatif on recourt à l’idéal des Droits de l’Homme et à la nécessité de défendre un peuple opprimé. C’est vrai que c’est devenu une règle que d’invoquer les idéaux les plus chers au cœur des hommes lorsque l’on est précisément en train de les piétiner dans les faits et cela de la façon la plus abjecte. « Assad assassine son peuple » ou « nous intervenons par générosité et dans le désintéressement le plus total », on connait ces rengaines reprises H24 par les médias de la désinformation, on connait leurs tragiques et désastreux résultats pour les peuples d’Irak et de Libye qui depuis les interventions étrangères se débattent dans la mort et le malheur. Qu’est ce qui attend les Syriens ?- Sans doute le même sort et sans doute aussi la perte du Golan au profit d’Israël. Il ne faut pas être un politologue de votre trempe pour comprendre que ce plateau stratégique que l’Etat hébreux, bravant toutes les résolutions de l’ONU, veut se l’annexer, constitue un des buts de guerre dans ce conflit. Pauvres pays arabes jouxtant l’Etat sioniste, ils sont voués irrévocablement à une terrible malédiction qui a pour nom le « confort d’Israël ». Monsieur, j’ai honte, oui c’est ça j’ai honte de vous voir se prêter si facilement, avec tant d’aisance, l’œil humide et l’air de la sincérité au visage au jeu de la falsification historique et au mensonge. Mon pauvre Descartes, le rationalisme et la mesure s’égarent dans le pays qui t’a vu naître. J’en pleure parce que c’est là le symptôme le plus implacable de la décrépitude et de la décadence au plan intellectuel et civilisationnel.
Mes salutations républicaines tout de même.
Hassen Bouabdellah