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Djabhat al-Nosra, quand Washington feint d’être inquiet

Cette branche syrienne de la Qaïda est aujourd’hui la principale force armée contre le régime de Bachar al-Assad. Grâce au soutien des Saoudiens et des Qataris et à la complicité de la Turquie qui ferme les yeux sur le passage par son territoire d’armes et de djihaddistes venant des pays arabes, d’Asie centrale et même d’Europe, Djbahat al-Nosra a réussi en moins d’une année à s’imposer sur le terrain, reléguant l’Armée syrienne libre (ASL) à un rôle secondaire.

C’est en tout cas la réalité dans le nord de la Syrie, à Alep où elle contrôle quasiment la plupart des quartiers, à Hama où ses combattants ont failli prendre la ville et autour de Damas où elle harcèle quotidiennement les forces du régime. Plus encore, cette organisation, dirigée par Abou Mohammed al-Joulani, a revendiqué plusieurs dizaines d’attentats suicide dont celui de lundi dernier qui a causé plusieurs dizaines de morts en plein coeur de Damas, et ses objectifs sont clairs : l’Etat salafiste, non la démocratie pluraliste !

L’opposition syrienne, plus précisément sa branche non islamique, dite de gauche et laïque, a vainement tenté de minimiser le poids des islamistes radicaux au sein de la « résistance armée » au régime de Damas. Elle affirmait qu’ils représentaient moins de 10% des combattants, feignant d’oublier que là où Djbahat al-Nosra n’était pas en mesure d’agir de manière autonome, elle le faisait sous le couvert de l’ASL, comme en témoignent ces vidéos postées sur le Net par l’opposition syrienne où l’on voit des unités de l’ASL, brandissant des emblèmes noirs de djihadistes et scandant des mots d’ordre à connotation salafiste. J’ai d’ailleurs déjà signalé dans une de mes chroniques du Soir que l’on assistait de plus en plus à un glissement de vocabulaire dans le discours. Dans les slogans scandés par les manifestants syriens, les mots d’ordre à connotation politico-religieuse ont fini par prendre le dessus sur les mots d’ordre politico-démocratiques scandés au tout début de la révolte.

Cette évolution de la situation, voulue aussi bien par le régime de Bachar al-Assad qui s’entête à vouloir régler la crise à coups de canons et de mitraille après avoir échoué à mettre au pas ses opposants au moyen de la répression policière, que par les islamistes qui dominent l’opposition syrienne, soutenus par les monarchies du Golfe.

Souvenons-nous de la médiation de Koffi Annan en 2012. Avant même qu’elle ait débuté, l’émir du Qatar avait proclamé son échec. Il s’était employé à la faire capoter, et ce, avant que le dernier sommet de la Ligue arabe qui a attribué le siège du régime de Bachar à l’opposition syrienne n’enterre par cette décision la mission de Lakhdar Brahimi !

Dans cette tragique comédie arabo-syrienne, Washington feint de découvrir que Djabhat al-Nosra est une organisation « terroriste » et s’inquiète de sa montée en puissance. Pourtant, l’organisation djihadiste figure bien sur la liste américaine des organisations terroristes étrangères aux côtés de l’Aqmi, de l’Etat islamique d’Irak (la branche irakienne de la Qaïda) ! Mais alors pourquoi les Etats-Unis, dont le chef de la diplomatie John Kerry était en visite en Turquie, n’a-t-il pas exigé de son allié turc qu’il mette le holà au fait que les djihadistes utilisent le territoire turc comme base arrière, à l’ombre des canons de l’armée turque ! Pourquoi John Kerry n’exige-t-il pas de ses dociles alliés saoudiens et qataris, qui sont dans une position plus faible que la Turquie vis-à -vis des Etats-Unis, qu’ils cessent de soutenir financièrement et militairement les djihadistes ? Car si l’on veut contraindre le régime de Bachar al-Assad à la négociation, ce n’est pas en armant les pires ennemis de la démocratie.
En vérité, ce qui soucie Washington, c’est qu’Ankara mette la pression sur le Hamas palestinien afin qu’il rentre dans le rang. Ce que souhaitent les Etats-Unis, c’est que la Turquie et Israël, ses deux alliés dans la région, normalisent leurs relations ! Enfin, ce qui préoccupe Washington - et c’est cela qui explique la position US à l’endroit de la Syrie - c’est l’Iran, allié de Damas, considéré comme la principale menace pour les intérêts stratégiques des USA au Proche et Moyen-Orient !

Hassane Zerrouky

http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2013/04/11/8-147686.php

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Daniel Dupuis
La pratique des arrestations illégales, des tortures et des exécutions en dehors de tout procès régulier puis de la dissimulation des dépouilles (d’où le terme de « disparus ») est tristement célèbre en Amérique latine où les dictatures ( l’Argentine de la junte militaire, le Paraguay dirigé par le général Alfredo Stroessner, le Chili tenu par Augusto Pinochet...) y ont eu recours. De 1980 à 2000, sous un régime pourtant démocratique, l’armée du Pérou n’a pas hésité à recourir à la terreur (…)
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