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La vie est à nous ! - Le Sarkophage n° 35

Dans La vie est à nous ! - Le sarkophage n° 35, un éditorial sans concessions (" De quoi le parti socialiste est-il le nom ? " ) de Paul Ariès qui explique qu’il faut plus que jamais faire taire les illusions entretenues par le parti socialiste et s’efforcer de voir plus loin :

« Nous n’avons rien à attendre de ce gouvernement. Allons- nous baiser la main qui s’apprête à report de l’âge de la retraite comme le fit déjà Sarkozy ?Allons nous nous aplatir en baissant le ton alors que ce gouvernement multiplie les mauvais coups contre les gens de peu et ceux qui grognent et les cadeaux au Medef, aux puissants et aux riches ? Ce gouvernement et cette majorité resteront aussi dans l’histoire comme ceux qui ont refusé cette semaine de faire bénéficier de la loi d’amnistie sociale les faucheurs d’OGM, les déboulonneurs antipub, les militants du RESF, les enseignants désobéisseurs, bref tous nos partenaires des Forums nationaux de la désobéissance !

Cessez de nous duper avec l’illusion qu’il serait moins pire que les autres, qu’il faudrait bien choisir entre la peste et le choléra ! Ce n’est pas en baissant le ton qu’on gagnera mais en le haussant ! Personne à la gauche du PS n’est dupe même si certains vou- draient défendre leurs strapontins, leurs logiques d’appareil !

Il y a presque un siècle que cette gauche-là nous déçoit et nous trahit : socialistes votant les crédits de guerre en 14-18, socialistes approuvant l’occupation de la Ruhr, socialistes appelant avec Blum à une pause sociale en 1936, socialistes abandonnant les républicains espagnols aux bons soins de Franco, socialistes applaudissant aux Accords de Munich, socialistes prenant le décret de dissolution du PCF en 1939, socialistes accordant en 1940 les pleins pouvoirs à Pétain, socialistes faisant tirer sur les malgaches en 1947 puis réprimant les mineurs grévistes, socialistes organisant les guerres coloniales en Indochine et en Algérie, socialistes approuvant la torture, socialistes imposant la rigueur en 1983, socialistes supprimant des dizaines de milliers d’emplois dans la sidérurgie et ailleurs au nom de la modernisation de l’industrie, socialistes privatisant plus que les gouvernements de droite, socialistes réhabilitant le monde de l’entreprise et les champions du CAC 40, socialistes organisant la casse du service public, socialistes organisant la dérégulation des marchés, socialistes approuvant Maastricht, la guerre du Golfe, les Traités de Lisbonne et de Barcelone, socialistes applaudissant au Pacte de stabilité, socialistes abandonnant en toute bonne conscience les milieux populaires mais faisant les yeux doux au Medef.

Non seulement mieux vaudrait perdre quelques élus ou villes que notre âme mais nos idées sont suffisamment belles pour gagner sans eux, aujourd’hui ou demain. N’insultons pas l’avenir en liant notre sort à cette gauche-là , au moment où le vent de l’éco-socialisme commence à souffler. »

Le même Paul Ariès s’entretient avec Jean-Luc Mélenchon qui assure qu’il n’est pas « un productiviste qui se cache ». le débat entre les deux personnalités est très intéressant. J’ai bien aimé de Mélenchon l’analyse suivante : « Le mode de vie de la majorité des habitants de cette planète est tributaire du système capitaliste. Ce système a mis ses pas dans une structure sociale plus ancienne encore, le productivisme. La nuisance intrinsèque du productivisme n’est pas apparue tout de suite. C’est pourquoi le mythe du développement infini des forces productives a eu la vie si longue. L’esclavagisme, le colonialisme et le néo-impérialisme sont les modalités violentes d’expansion de ce système. »

Dans la foulée de Paul Ariès, l’économiste suisse Michel Ducommun se demande si la social-démocratie est encore de gauche. Il donne l’exemple du dernier numéro d’Alternatives économiques est à 95% Figaro compatible. [Je n’ai pas lu cette revue, mais chaque fois que j’entends son directeur dialoguer à la radio avec un représentant de l’économie libérale, j’ai du mal à savoir qui est qui, BG].

L’économiste Michel Cabannes analyse la place de l’État social dans la trajectoire néolibérale : « La crise permet de passer à une nouvelle étape ; alors que le maintien du système implique un reflux du laisser faire, la crise sert de levier pour un nouveau recul de l’État social … avec le soutien du gouvernement. »

Pour Pierre Zarka, la Sécurité sociale est amputée de son principe. Il explique que « considérer un acquis comme " naturel " sans s’interroger sur la philosophie qui le sous-tend ne permet ni d’en tirer toutes les conclusions, ni d’en assurer la pérennisation. »

Pour Thomas Bourgenot et Khaled Gaigi, dans la publicité, le changement c’est maintenant, à ceci près que le gouvernement a remis cette publicité à la place que les afficheurs souhaitaient. Un Français reçoit en moyenne 700 messages commerciaux par jour. Aurélie Filipetti envisage « bien évidemment » le retour de la publicité à la télévision (d’où elle n’a d’ailleurs jamais disparu.

Les syndicalistes Marie-José Kotlicki et Jean-François Bolzinger demandent comment « définanciariser le travail ». Ils observent que les salariés sont toujours attachés à leur travail mais se désengagent de l’entreprise et que « le choix de la baisse constante du prix du travail ignore l’élévation continue des qualifications et nie leur reconnaissance, ainsi que leur paiement au juste prix. »

Valérie Pascal explique pourquoi la marche des 40 000 zapatistes du 21 décembre n’a connu strictement aucun écho dans nos médias.

Le philosophe Aurélien Berlan estime que « nous sommes toujours plus dépendants de l’exploitation d’ouvriers qui, à l’échelle du monde, n’ont jamais été aussi nombreux. Comme, chez nous, l’industrie au sens classique a perdu de son importance, c’est un pan essentiel du monde industriel qui devient invisible, celui de la classe ouvrière. »

Malgré la crise, les ventes de Rolls-Royce ont augmenté en 2012. Ce paradoxe n’intimide pas du tout le sophiste Laurent Paillard.

Le philosophe Anselm Jappe se demande si l’anticapitalisme est toujours de gauche. En effet, pour ne parler que des indignés, de nombreux contestataires ne tiennent plus compte dans leurs analyses de la propriété privée des moyens de production. Et il ne faut pas sousestimer le faite qu’en France, et plus encore en Grèce, des groupes d’extrême droite s’affirment anticapitalistes.

Le biologiste Jacques Testart se demande si l’on peut « réguler démocratiquement l’innovation » : « On ne peut refuser une plante transgénique acceptée par l’Europe qu’en démontrant un fait scientifique nouveau. » Bon courage !

A lire un article très original d’Olivier Canal sur Hong-Kong, l’île aux mirages qui « appartient à ces villes-monde, vitrines du productivisme échevelé où le système marchand déploie une activité inouïe pour participer à la fascination du peuple. »

Le chemin sera ardu pour que l’écologie puisse être populaire, selon Florent Bussy : « Les besoins humains sont largement mis de côté au profit de fétiches supposés faire disparaître les inégalités, la misère et la menace écologique. »

Jean-Louis Prat nous invite à relire Castoriadis, et donc Marx : « Le capitaliste qui achète une tonne de charbon sait, en fonction de l’état donné de la technique, combien de calories il peut en extraire ; mais lorsqu’il achète une heure de travail, il ne sait pas quel est le rendement qu’il pourra en extraire. »

Enfin, Isaac Joshua se penche sur la question de l’extinction de l’État. Est-ce qu’être antiproductiviste « passe nécessairement par une extinction de l’État qui s’autonomise par rapport au corps social qu’il est censé représenter et qu’il finit parfois par dominer ? ».

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