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Sortir du piège idéologique

La réalité devient de plus en plus insoutenable, l’aspiration au « changement » est de plus en plus répandue. La question du « changement » soulève trois grandes questions : celle du type de « changement » auquel on aspire, celle des structures qu’il faut modifier pour parvenir au changement souhaité, celle de la voie à suivre pour parvenir à ces transformations sociales.

Pour l’instant, c’est bien la contre-révolution capitaliste qui est en marche. Ses projets sont défendus aussi bien par la droite « décomplexée » que par les partis sociaux-démocrates. Démantèlement du droit du travail, démantèlement de la protection sociale, des services publics, budgets nationaux soumis à la règle d’or, démantèlement de toute protection de nos économies… des transformations graves, destructurantes, se mettent en place de façon accélérée et simultanée, bouleversant le monde, et nos vies, en profondeur.

Certains nous ont promis le changement, avant d’être au pouvoir, et ce sans faire de casse. Leur discours était on ne peut plus rassurant, avec des allures de réalisme. La clé de leur succès était de promettre le changement en faisant l’économie de la révolution, c’est-à -dire de modifier les structures sociales. Le discours proposait une version très « confortable » du changement : c’est promis, on va améliorer les choses mais sans toucher à rien, et d’ailleurs on s’occupe de tout.

Or les membres de l’équipe au pouvoir ne sont rien d’autre que des agents actifs de la contre-révolution capitaliste libérale. Les quelques concessions très superficielles pour tenter d’accréditer une étiquette de « gauche » ne doivent pas faire illusion sur le coeur de leur projet : leur portée réelle est très limitée.

Depuis l’acceptation du « Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance », qui induit une austérité aussi injuste qu’économiquement absurde, un recul de la démocratie, jusqu’au projet de traduire en texte de loi l’accord qui sape les fondements du droit du travail, c’est tous les jours, dans tous les domaines que se démolissent nos acquis, notre dignité de citoyens, nos espace de vie. Il n’y a pas eu de réelle annulation des dispositions prises sous le précédent quinquennat, mais leur reprise sous une autre forme, et la poursuite de l’assujettissement aux exigences du capital.

Il n’est pas exagéré de dire que le gouvernement et le PS pratique « l’enfumage » permanent ; on peut leur reconnaître un art consommé des mots et du discours pour retourner totalement la réalité dans l’image qu’ils donnent de l’action du gouvernement. Ils gonflent délibérément l’importance de la moindre « mesurette » et se targuent de leurs engagements même quand ceux-ci sont notoirement insuffisants. Les recrutements d’enseignants, qui servent de support à une campagne de publicité du PS, ne permettent même pas de ramener l’effectif au niveau où il en était en 2011. Pensent-ils nous faire oublier que, pendant ce temps, les coupes claires dans tous les services publics organisant leur asphyxie pour mieux laisser le champ libre au secteur privé lucratif ?

Il ne sert à rien de fustiger la « finance » quand, par ailleurs, on nous explique qu’il ne faut surtout rien faire pour contrarier « les marchés » ; mais « les marchés » dont il est question, ce sont les marchés financiers, c’est-à -dire rigoureusement la même chose que la finance. Comment s’étonner après que la régulation bancaire s’effectue « au pistolet à bouchon » comme l’écrit Frédéric Lordon ?

Pourtant les conséquences de ces mensonges sont de plus en plus visibles. Le nombre de chômeurs dépasse les 5 millions, il a augmenté de 8,7% en un an, plus pour les catégories les plus vulnérables, et il est de plus en plus difficile d’en sortir. Les scandales alimentaires relayent les scandales sanitaires, démontrant que la puissance publique ne se donne pas les moyens de contrôler les intérêts privés. Des faits divers dramatiques - comme l’immolation par le feu à la CAF, à Pôle Emploi, de personnes en attente de leurs moyens de vivre- en disent long sur l’incapacité de notre système social à assurer à tous un filet de sécurité minimal.

Le « changement » implique peut-être tout d’abord de sortir de ce mensonge grossier, permanent, distillé à travers tous les canaux possibles et inimaginables, dans le discours des employeurs, des politiques, des médias, et qui s’est construit pour dissimuler, contre toutes les évidences, la réalité de l’exploitation capitaliste et de sa responsabilité dans les désastres sociaux, économiques et écologiques qui vont en s’amplifiant.

On nous parle du « coût du travail » mais combien celui-ci rapporte-t-il ? Et qui s’empare de cette richesse créée ? On nous parle de « contraintes », mais qui a permis aux capitaux de se jouer des frontières, d’aller toujours vers les salaires les plus bas, vers les réglementations et les fiscalités les plus complaisantes ? On nous parle de « compétitivité », mais qu’est-ce-qui est réellement en jeu, sinon la mise en concurrence des travailleurs ? On nous dit que les caisses sont vides et que nous devons nous serrer la ceinture, mais qui ne voit que la richesse collective qui devrait les alimenter file vers les actionnaires ?

Tous ces mensonges cousus de fil blanc reposent sur la même base : la culpabilisation des citoyens, des travailleurs, qui « coûtent trop cher », dont la moindre revendication est considérée comme exorbitante, dont toute tentative pour arracher quelque amélioration serait un acte irresponsable qui va entraîner la ruine de l’économie… et qui n’auraient d’autre choix que de courber la tête et l’échine, d’accepter avec toute la patience du monde les sacrifices requis, contre une promesse d’embellie sans cesse reportée et de plus en plus cruellement démentie par les faits.

Le changement ne passera pas par une « carte blanche » donnée à des politiques. Il implique de sortir de ces pièges idéologiques et de s’interroger sur les structures du pouvoir qui nous emprisonnent pour pouvoir tous ensemble les déconstruire.

Le libéralisme est un totalitarisme

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