La lâche agression d’une femme musulmane voilée par deux racistes mulhousiens ne suscite que des réactions convenues. Que n’entendrait-on pas si la femme avait été juive...
COMMUNIQUE DE PRESSE
Comme c’était malheureusement prévisible, la loi du 15 mars 2004, interdisant, en Alsace, où les religions, sauf l’Islam, ont pignon sur rue et sont présentes à l’école publique, les « signes religieux ostensibles », après avoir conduit à l’exclusion inadmissible de 17 jeunes filles musulmanes des établissements scolaires publics, renforce la lepénisation des esprits déjà gravement avancée dans notre région si on se réfère aux scores électoraux. Et aux actes criminels répétés.
Après les profanations de cimetières, après les contrôles abusifs au faciès, comme dans le train Colmar Strasbourg, cette fois, deux racistes mulhousiens sont passés à l’étape ultérieure en agressant une femme dont le seul tort, à leurs yeux, était d’être voilée.
Le fait que l’auteur présumé de la profanation de Herrlisheim soit membre du Front National et même de sa milice, le « Département Protection Sécurité », n’ étonnera personne : à force de semer la haine en paroles, comme Le Pen l’a encore fait récemment devant le Parlement européen dans une diatribe xénophobe, raciste, islamophobe antiturque, les fascistes produisent ces actes criminels.
Faut-il attendre des morts pour que la classe politique alsacienne réagisse enfin à la hauteur de la gravité de la situation, autrement que par de sempiternels discours ? On peut se réjouir qu’un des auteurs présumés des profanations ait été inculpé, mais il reste beaucoup à faire pour trouver tous les autres, et surtout pour, au-delà des leçons de morale et de tolérance, certes toujours utiles, s’attaquer aux vraies causes de la montée européenne du racisme, de l’antisémitisme, de la xénophobie et de l’islamophobie. Tant qu’on ne fait pas le lien entre l’ultralibéralisme politico-économique, mis en oeuvre par les classes dirigeantes, ses dégâts, et les diverses formes de racisme proposées aux populations pour les détourner de la lutte antilibérale, anticapitaliste, on s’expose à la répétition et à l’aggravation d’actes barbares.
« VIVRE ENSEMBLE EN ALSACE (ET AILLEURS)
Jean Claude Meyer
19 12 2004
