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Un KO pour Belkhadem et un FLN dans le chaos

Aujourd’hui la politique a pris une autre forme. Les politiciens de fortune et les pseudo-héros qui, peut-être, suivaient le déroulement des guerres oublient qu’Abderrezak Bouhara était responsable du commandement de la brigade algérienne en mission en Egypte lors de la guerre israélo-arabe de 1967. L’éducation enseigne aux enfants de bonne graine le respect des hommes historiques. Elle leur apprend à ne pas se mesurer aux grands quand leur maigre Curriculum Vita mentionne qu’ils n’étaient rien et pas du tout lorsqu’Abderrezak Bouhara était compagnon du président Ben Bella et Houari Boumediene en 1962.

Ce qui arrive au FLN, est arrivé parce que ses dirigeants n’ont jamais placé l’intérêt supérieur du pays au-dessus des intérêts personnels. Après Octobre 1988, le FLN s’est transformé en un club où se nouent des formes de relations bien déterminées. Un lieu systématiquement conçu pour le jeu des coups bas et des coups scientifiques pour s’éterniser dans le pouvoir. Pour donner une idée de ce qui se passe au FLN je renvoie le lecteur à l’oeuvre de Charles Perrault « Le Maître chat ». Charles Perrault raconte l’histoire d’un chat qui utilise la ruse, la tromperie, le vol, la menace et la tricherie pour offrir le pouvoir, la fortune et la main d’une princesse à son maître mal-né et sans-le-sou. Ce Chat était le seul héritage d’un jeune homme pauvre. Cet animal n’hésite pas à mentir au roi, à manipuler l’ogre et à corrompre les paysans pour faciliter l’ascension sociale de son maître, afin de pouvoir lui-même vivre oisivement par la suite. Ce Chat est l’incarnation du secrétaire éduqué servant son maître avec dévotion et diligence. Il fait preuve d’une politesse et de manières suffisantes pour émouvoir le roi. En fin, la carrière du maitre de ce chat est couronnée par son titre de « grand seigneur ». Charles Perrault nous enseigne deux morales : la première louant l’importance du travail et du savoir-faire, la seconde vantant l’importance de l’apparence et de la jeunesse pour attirer une princesse.

Les bouffons dans la comédie politique « Moi et les autres contre Belkhadem » rabaissent le niveau politique de notre pays dans le monde. Ils ne reflètent ni la grandeur de la révolution algérienne ni les gens historiques comme Abderrezak Bouhara. Ils nous font penser à l’homme sans qualité de Robert Musil "Un chien de race, s’il cherche sa place sous la table à manger sans se laisser détourner par les coups de pied, ce n’est point par bassesse de chien, mais par attachement et fidélité ; et dans la vie, ceux-là mêmes qui calculent froidement n’ont pas la moitié du succès qu’obtiennent les esprits bien dosés, capables d’éprouver, pour les êtres et les relations qui leur sont profitables, des sentiments vraiment profonds".

En contraste, les grands hommes du FLN compagnons de Bouhara, comme Kadi Ahmed et Mohamed Saleh Yahyaoui et d’autres, se retirent pour éviter l’enfer et le chaos à leur peuple. Ils font partie des sages de ce pays qui ont bien compris le jeu politique. Ils nous disent qu’il n’est ni nécessaire de chanter notre passé lointain ni de pleurer notre présent amère. Leur conclusion était brillante « Il est plus important pour nous de voir dans la direction de notre avenir ». Ces hommes méritent une haute considération et un respect de valeur. Ils ont bien compris qu’il n’est plus nécessaire de chercher les coupables qui ont causé ce que nous avons vécu pour une simple raison. Ils savaient que les condamnables, les victimes et les juges sont parmi nous-mêmes.

Nous sommes en 1994 dans un centre universitaire. Je distribue les feuilles d’examen. C’était un examen de thermodynamique qui parlait de l’énergie de désordre dans un système isolé. Le système isolé était une partie d’un espace qui simulait l’enfer ou le chaos. La question n’était pas facile. Démontez que la température et le désordre dans l’enfer sont en perpétuelle élévation. Les étudiants ont appris dans le cours que le désordre augmente dans un système isolé et provoque son explosion. A cette époque le centre universitaire rayonnait l’enfer du terrorisme et Belkhadem n’était plus président de l’Assemblée Nationale Populaire. Il était tout simplement chez lui ou au siège du FLN dans un environnement de plus en plus isolé.

Après l’examen, un de mes étudiants, médiocre en technologie mais très actif dans le mouvement politique estudiantin, me demande de lui parler du métier de politicien chez nous. Cet étudiant était très fasciné par les combines du Maitre Chat. Il voulait tout simplement suivre son chemin pour percer dans le système isolé. Je lui réponds d’une manière trop simple en disant : d’après Scarron, la vie comique n’est pas si heureuse qu’elle le paraît. Mon expérience avec les politiciens me permet de conclure que la vie politique n’est pas si sérieuse qu’elle le parait. Chez nous, les dits futurs politiciens comme vous ou les instruits comme votre professeur de terminologie, voient les querelles politiques d’une certaine apparence. Une apparence à laquelle je ne voudrais pas rester attaché. Ils commencent toujours par examiner les formes extérieures d’un problème politique et oublient la source qui cause ce problème.

Aujourd’hui la politique a pris une autre forme. Les politiciens de fortune et les pseudo-héros qui, peut-être, suivaient le déroulement des guerres oublient qu’Abderrezak Bouhara était responsable du commandement de la brigade algérienne en mission en Egypte lors de la guerre israélo-arabe de 1967. L’éducation enseigne aux enfants de bonne graine le respect des hommes historiques. Elle leur apprend à ne pas se mesurer aux grands quand leur maigre Curriculum Vita mentionne qu’ils n’étaient rien et pas du tout lorsqu’Abderrezak Bouhara était compagnon du président Ben Bella et Houari Boumediene en 1962.

L’ironie de l’histoire est frappante si l’information diffusée il y a presque deux ans est correcte. La presse nous informe en mars 2010 qu’Abdelaziz Belkhadem a désigné le secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens, Mohamed Alioui à la tête de la commission de préparation des festivités du 56e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale le 1er novembre 1954. Cette décision a surpris de nombreux militants et militantes du parti historique qui pensaient voir l’homme historique Abderrezak Bouhara à la tête de cette commission. Cette décision a affecté M. Bouhara. La franchise du moudjahid oblige ce dernier de dire « Si Alioui était un moudjahid, j’aurais accepté cette décision ». L’adage algérien est bien appliqué au sein du FLN : Le chaton apprend à son père les acrobaties.

En 1969, Abdelaziz m’avait appris comment couper les vers d’une poésie arabe quand j’étais collégien. C’est la seule chose qui me vient à l’esprit quand je le vois gouverner. Maintenant je lui conseille de revoir ses leçons de solfège « Celui qui va de désillusion en désillusion depuis 2003 n’a plus rien à prouver dans un FLN rongé par des opportunistes broyeurs des consciences et assassins de la raison. Puisque le FLN n’est plus le FLN historique, après votre départ, une chose est certaine, les broyeurs vont rebouter leur colère contre votre successeur. Rebouter est un acte politique légal chez nos comédiens. L’historique Bouhara doit bien réfléchir avant d’agir devant une situation qui demande de faire le choix entre la continuation de la politique du maitre Chat ou la fin du FLN dans le chaos.

Inutile de rappeler aux broyeurs les paroles de Cherif M’Saadia a la coupole en 1983 en présence du ministre de l’enseignement supérieur et la recherche scientifique Brarhi. Les absolutistes sous le burnous du FLN ont chassé les jeunes intellectuels de leur patrie. Certains jeunes diplômés ont plié bagages après avoir lu le passage de Balzac « La patrie, comme le visage d’une mère, n’effraie jamais un enfant. ». Les autres ont plié bagages quand ils ont entendu les médiocres dire « Bon débarras ! » à leurs copains qui ont quitté le pays malgré eux.

La comédie politique qui se joue ces jours-ci dans le théâtre FLN est image du sérieux politique chez nous. Au lieu de démontrer leur compétence par des bons points comme les écoliers studieux, certains militants de haut rang dans le parti de Belkhadem utilisent les bons « poings » pour exceller leur bonne éducation. Les boxeurs de ce parti ignorent qu’au Guatemala, non seulement le président de la république sortant ne doit plus jamais se présenter comme candidat à cette fonction, mais qu’en plus à aucun degré de parenté, aucun membre de sa famille ne pourra plus prétendre à cette fonction. Si âge leur permet, je demande aux boxeurs de se diriger vers le Guatemala pour un stage de courte durée pour un recyclage politique afin d’appliquer les ABC du respect et de la politesse chez nous.

Belkhadem doit partir. Quand il part la vérité s’exclamera à haute voix. Elle dit tout simplement, il est parti comme ses prédécesseurs ! Partir c’est beau. Où partir est une devinette. Abdelaziz va deviner cette devinette. Mais l’autre Abdelaziz ne peut plus lui dire comme Honoré de Balzac « Allons, revenez près de moi, je le veux ». Certainement il va dire comme tous les autres acteurs qui jouent la politique « bon débarras ! ». L’Algérie marchera beaucoup mieux sans vous. Le bon débarras politique n’est pas typique au système du FLN puisque G. Thuillier généralise ce principe "Tout système, quel qu’il soit, est cruel : il est obligé de mépriser les individus, les idées, d’établir et maintenir une unité fictive, d’assurer la police des tendances ; la survie est à ce prix, et les dégâts sont souvent considérables : le système broie les individus, les asservit, élimine - pour survivre - les faibles, les inadaptés, les non-conformes, les belles âmes, les doctrinaires, les inutiles". Qui dit mieux que Thuillier ? Certainement pas les huit ministres contre qui sont contre Belkhadem. Des ministres dont la majorité tend vers un clan bien connu par Belkhadem et le commun de la rue.

Un ami, du type FLN ancien modèle, me file une information. Il demande à un vieux routier silencieux "Quel est votre candidat pour le poste de secrétaire général du FLN ? Tous sauf Belkhadem. Pourquoi ? Il pratique le jeu du caméléon politiquement et idéologiquement. Il continue, au lieu de Belkhadem, je préfère un rusé ayant le sens de la réalité algérienne. Qui est ce rusé ? Celui qui se tait quand ça ne va pas dans son parti.

Il continue, Belkhadem est arrivé à la tête du FLN dans un bateau à voile poussé par un vent redresseur mené en 2003 contre Ali Benflis. C’est au huitième congrès en 2003 après sa phrase historique "Aucune légitimité ne peut être acquise si nous ne pouvons faire adhérer à notre démarche le concours de l’élite de ce pays" que ce dernier a été limogé au profit d’Abdelaziz Belkhadem. Dix ans après, les youyous de nos femmes politiciennes obligent Abdelaziz de ramer sa barque dans la direction d’un oued calme ou moins agité. Oued Mourra, non loin d’Aflou, ou Sougueur peuvent-être une bonne rade pour une barque affaiblie par les tempêtes politiques inutiles.

En conclusion : Le peuple se rappelle bien de l’histoire de sa révolution. Il sait comment le FLN est né.Il sait aussi comment Abane Ramdane est arrivé par son génie nationaliste à regrouper et unir au sein du FLN, l’ensemble des courants politiques pour lutter contre l’occupation française. Aujourd’hui les responsables du FLN sont incapables de faire la distinction entre un secrétaire général et un maitre chat. La bataille sale et le jeu politique dégoûtant ne doivent plus exister dans un pays déchiré par les discordes politiques. Un très beau pays, où les jeunes recherchent avec sincérité le chemin de la stabilité et le modernisme dans la paix et la fraternité. Certainement, ils n’exigent ni un redresseur malhonnête ni un maître chat mais un bon débarras politique ! La majorité des jeunes est apolitique et ne fait pas la distinction entre un KO pour Belkhadem et un FLN dans le chaos. Que Dieu protège notre beau pays du Maitre Chat et des opportunistes affamés de pouvoir et causeurs de chaos.

Dr. Omar Chaalal

URL de cet article 19303
   
En finir avec l’eurolibéralisme - Bernard Cassen (dir.) - Mille et Une Nuits, 2008.
Bernard GENSANE
Il s’agit là d’un court ouvrage collectif, très dense, publié suite à un colloque organisé par Mémoire des luttes et la revue Utopie critique à l’université Paris 8 en juin 2008, sous la direction de Bernard Cassen, fondateur et ancien président d’ATTAC, à qui, on s’en souvient, le "non" au référendum de 2005 doit beaucoup. La thèse centrale de cet ouvrage est que l’« Europe » est, et a toujours été, une machine à libéraliser, au-dessus des peuples, contre les peuples. Dans "La fracture (…)
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