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Tunisie : Meurtre à des fins politiques (The Guardian)

De nombreuses critiques peuvent être formulées à l’encontre d’Ennahda qui dirige le pays depuis la révolution, le suicide politique n’en fait pas partie.

Si le qualificatif peut être attribué à n’importe quel meurtre, l’assassinat de Chokri Belaïd a bien été politique. Il a été conçu pour provoquer le chaos social, la fêlure des coalitions, l’arrêt du processus électoral, l’empêchement de l’adoption du projet de constitution. Il y a un certain nombre de groupes - sur les deux extrêmes de la fracture islamiste vs laïque - qui apparemment profiteraient d’un tel résultat en Tunisie. Mais Rached Ghannouchi d’Ennahda n’est pas l’un d’eux.

Tout comme l’incendie des sanctuaires soufis a été conçu pour exposer l’incapacité du parti au pouvoir de faire face à la frange radicale salafiste, cet assassinat politique n’a donc qu’un seul objectif en ligne de mire - la transition vers une démocratie fondée sur le droit. Les proches du défunt aux funérailles de Chokri Belaid ont qualifié Rached Ghannouchi d’assassin. Qu’il devrait être considéré comme dans les intérêts d’Ennahda de laisser cela se produire, qu’ils doivent maintenant être accusés soit de manière active ou en encourageant tacitement de telles attaques de se dérouler, est une mesure de combien partisane cette ligne de front est devenue.

De nombreuses critiques peuvent être formulées à l’encontre de la coalition dominée par les islamistes, qui a dirigé le pays depuis la révolution : gagner les élections n’est pas la même chose que mettre en place des gouvernements compétents, ils se sont concentrés sur l’apaisement de la Banque mondiale mais le rythme de la réforme de la police, du système judiciaire et du ministère de la justice a été trop lent, et il a échoué à enquêter et poursuivre les agressions physiques et les discours offensants. Mais le suicide politique n’en fait pas partie - et il y a peu de doute qu’il serait suicidaire pour un parti tentant de prouver que l’islamisme peut coexister avec la démocratie multipartite de barboter dans les tactiques de terreur de l’assassinat.

La même logique ne s’applique pas aux anciens membres du RCD, le parti qui a dominé le pays sous la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali et qui a été démantelé il y a deux ans de cela. Le jour où Chokri Belaïd a été assassiné, l’assemblée devait débattre d’une mesure visant à interdire aux anciens membres du RCD des fonctions électives pendant cinq ans. L’assassinat a cristallisé l’opposition, qui a présenté une liste de revendications visant à dissoudre l’assemblée et défaire toutes les élections démocratiques depuis les deux dernières années. Mais elle a aussi unifié les parties - les trois partis de la coalition au pouvoir, ainsi que Wafa, et deux groupes indépendants - un total de 160 sièges sur les 217 membres du corps qui soutient la transition.

La réaction du ministre de l’Intérieur français Manuel Valls, qui avant de connaître tous les détails, a lié l’assassinat à une montée de "fascisme islamique", est une leçon des choses à ne pas dire. Il appartient aux Tunisiens de décider - par les urnes - qui ils veulent pour les gouverner, et non pas à un représentant officiel de l’ancienne puissance coloniale qui s’est avéré si utile à la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali.

Editorial - The Guardian

Le 08 février 2013.

Source : Tunisia : killing for political gain

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